Mistral : Paris propose à Moscou de résilier le contrat, la Russie refuse

Par latribune.fr  |   |  645  mots
La livraison à la Russie de deux navires de guerre construits à Saint-Nazare est suspendue depuis novembre en raison de la crise ukrainienne.
La France serait prête à rembourser près de 785 millions d'euros à la Russie, à condition de pouvoir revendre les navires à une tierce partie. Mais cette proposition ne convient pas au Kremlin, révèle vendredi la presse russe.

Paris se serait enfin décidé sur les Mistral, sans pour autant avoir encore trouvé un accord avec Moscou. Selon le journal russe Kommersant, la France aurait proposé à la Russie de résilier officiellement le contrat portant sur la livraison des navires de guerre en remboursant les sommes déjà versées, à condition de pouvoir les réexporter. Ce que Moscou refuserait, rapporte le quotidien économique vendredi 15 mai, citant des sources au sein du complexe militaire russe.

1,163 milliard d'euro de préjudices selon Moscou

Kommersant précise que Paris serait prêt à rembourser à Moscou près de 785 millions d'euros d'avances perçues. Les autorités russes devraient au préalable accepter par écrit que les deux Mistral, dont la livraison est suspendue depuis novembre en raison de la crise ukrainienne, puissent être revendus par la France à une tierce partie.

Le Kremlin, qui estime le préjudice subi par la Russie à près de 1,163 milliard d'euro, juge toutefois ce montant insuffisant, et refuse tout accord pour une réexportation des navires avant que l'argent ne soit rendu. Moscou met notamment en avant les sommes dépensées pour la formation des 400 marins qui devaient constituer l'équipage, la construction des infrastructures à Vladivostok, où devait être basé le premier Mistral, et la fabrication de quatre hélicoptères de combat.

L'espoir d'un accord avant la fin mai

"Les projets de documents sont actuellement étudiés par le gouvernement russe, le ministère de la Défense et tous ceux engagés dans le contrat des Mistral", explique au journal une source proche du dossier.

"La proposition de remboursement formulée par la France ne nous convient catégoriquement pas, ce dont le vice-premier ministre Dmitri Rogozine a informé" la partie française, a indiqué une autre source.

Selon un vice-directeur du service russe de coopération militaire et technique, les deux pays mènent actuellement des consultations et s'attendent à aboutir à un accord avant la fin mai. "Des discussions amiables sont en cours sur les conditions et l'avenir du contrat", a indiqué pour sa part une source diplomatique française à l'AFP, tandis que l'Elysée renvoie simplement aux récentes déclarations du chef de l'Etat français François Hollande.

Le porte-parole du Kremlin Dmitri Peskov a refusé vendredi de commenter la bataille de chiffres entre Paris et Moscou, réitérant les déclarations de Vladimir Poutine: la Russie est prête à recevoir soit les navires, soit l'argent engagé dans le contrat. Le ministre russe des Affaires étrangères a de son côté affirmé que la question des Mistral ne relevait plus de la diplomatie ou la politique, mais de la "sphère juridique et commerciale".

Le "Vladivostok" et le "Sébastopol" toujours à Saint-Nazare

La France et la Russie ont conclu en juin 2011, sous la présidence de Nicolas Sarkozy, un contrat évalué à près d'1,2 milliard d'euros portant sur la livraison de deux porte-hélicoptères de classe Mistral. Mais Paris avait annoncé fin novembre le report "jusqu'à nouvel ordre" de la livraison du premier de ces bâtiments de projection et de commandement (BPC) construits à Saint-Nazaire, en raison de l'implication présumée de Moscou dans le conflit ukrainien.

Le premier de ces navires, le "Vladivostok", qui devait être initialement remis à Moscou à la mi-novembre 2014, est ainsi toujours au port de Saint-Nazaire, tout comme le deuxième navire, le "Sébastopol", du nom du port abritant la flotte russe en Crimée, péninsule ukrainienne annexée en mars 2014 par la Russie.

Le président français François Hollande a admis en avril que la France pourrait être amenée à "rembourser" les sommes déjà versées par la Russie pour l'acquisition des deux navires Mistral. Le président russe Vladimir Poutine a pour sa part clairement déclaré que Moscou s'attendait à ce que les sommes engagées soient retournées.

(Avec AFP)