Mistral russes, des navires qui séduisent les marines étrangères

Par Michel Cabirol  |   |  734  mots
Où vont accoster les deux Mistral russes ?
Arabie Saoudite, Emirats Arabes Unis, Egypte, Afrique du Sud, Brésil, Canada, Inde, Malaisie, Singapour... Une dizaine de pays sont intéressés par les deux Mistral initialement destinés à la Russie.

Les deux Bâtiments de projection et de commandement (BPC), de type Mistral, destinés initialement à la Russie, intéressent une dizaine de pays, qui veulent acquérir ce type de navire de guerre. Parmi les pays cités régulièrement dans la presse figurent Singapour, l'Inde, le Brésil, l'Egypte, l'Arabie Saoudite,le Canada et le Brésil... A cette liste, il faut rajouter désormais la Malaisie, qui souhaite depuis une dizaine d'années s'offrir un tel bâtiment. Deux autres pays ont également exprimé un intérêt, selon nos informations, pour les Mistral russes : les Emirats Arabes Unis et l'Afrique du Sud. Selon un responsable français s'exprimant sous couvert d'anonymat et cité par les agences Reuters et AFP, les discussions sont "assez avancées".

Mandaté par Bercy, le groupe naval DCNS est chargé de la vente des Mistral. D'autant que la France va récupérer la propriété des deux navires de guerre une fois réalisé le remboursement à la Russie. Le projet de loi entérinant l'accord intervenu début août entre Paris et Moscou après la décision de la France de ne pas livrer deux navires de guerre Mistral à la Russie a été présenté ce mercredi en conseil des ministres. Le porte-parole du gouvernement Stéphane Le Foll a précisé à l'issue du conseil le remboursement des deux bâtiments sera "inférieur à un milliard d'euros".

"Ce sera présenté de manière précise devant les parlementaires et ça comprend le remboursement de toutes les avances qui avaient été faites par les Russes", a-t-il déclaré devant la presse lors de son compte-rendu du Conseil des ministres. Ce projet de loi était "nécessaire parce qu'il y avait un traité international avec des conséquences budgétaires", a relevé Stéphane Le Foll, réaffirmant que "le coût pour la France est inférieur à un milliard d'euros" et que "le chiffre précis sera présenté devant les parlementaires".

Deux à trois propositions sérieuses

Sur la dizaine d'acquéreurs potentiels, "deux à trois pays sont sérieux", explique un proche du dossier. Pour autant, chaque pays a des besoins opérationnels nécessitant l'acquisition de ces bâtiments. Par exemple, le Canada, lequel a un intérêt pour un navire conçu pour les froids arctiques, se montre donc relativement pressant pour obtenir la vente des deux Mistral. Ottawa est prêt à les mettre aux normes canadiennes dans un chantier naval local. C'est le cas également de Singapour, qui a déjà envoyé une mission en France pour examiner l'intérêt d'une telle acquisition.

L'Inde et la Malaisie sont également des pays intéressés par de tels bâtiments. Notamment New Delhi. Pour l'Inde, très proche en matière d'achats d'armes avec Moscou, l'achat de ces deux bâtiments modernes et russifiés permettrait de monter en gamme face à la puissance de feu de la marine chinoise. Pour Kuala Lumpur, les tensions en Mer de Chine sont aussi un puissant moteur pour en acquérir au moins un exemplaire. En revanche, le Brésil, qui est intéressé, devrait passer son tour compte tenu du marasme économique et budgétaire dans lequel il se trouve. Tout comme en Afrique du Sud où le projet Millenium ne semble pas encore mur.

Quels besoins pour les pays du Golfe?

Enfin, l'intérêt opérationnel des deux pays du Golfe (Arabie Saoudite, Emirats Arabes Unis) est limité pour ces navires de projection. D'autant que ces deux marines plutôt côtières ne sont pas du tout habituées à disposer de tels navires de guerre. Ce qui est aussi le cas de l'Egypte. Mais la différence majeure réside dans la bonne formation des marins égyptiens, considérés comme très professionnels.

L'acquisition d'un ou de deux bâtiments pourrait se réaliser dans le cadre d'une force pan-arabe, qui pourrait notamment intervenir en Libye et au Yémen. L'Egypte et l'Arabie Saoudite se sont notamment engagées lors de la déclaration du Caire du 30 juillet à développer la coopération militaire et à oeuvrer à la création d'une force arabe conjointe. . "Normalement, c'est l'Égypte" avec "une partie du financement (qui) viendra de pays du Golfe", a précisé ce responsable français s'exprimant sous couvert d'anonymat et cité par les agences Reuters et AFP.