Nexter gonfle ses muscles avant son rapprochement avec Krauss-Maffei

Par Michel Cabirol  |   |  566  mots
Le fabricant du char Leclerc affiche de très bons résultats 2014 avec une marge opérationnelle supérieure à 13%
Tous les résultats économiques et financiers de Nexter sont en hausse en 2014. Ce qui n'est pas le cas de sa maison mère Giat-Industries plombé par Eurenco.

En pleine forme Nexter ! Avant son rapprochement avec le groupe allemand Krauss-Maffei Wegmann (KMW), dont le calendrier de l'opération va très probablement glisser avec une conclusion prévue à la fin de l'été, le groupe public d'armements terrestres a annoncé ce mardi "pour la 9ème année sans discontinuité" être très profitable. Nexter a enregistré "une marge opérationnelle supérieure à 13% de son chiffre d'affaires" (13,5% selon nos informations, contre 14% en 2013). Le résultat net est en forte progression (60%), à 118 millions d'euros (74 millions en 2013). Des résultats qui ne vont pas manquer de soulever à nouveau la question de la parité du contrôle de la future entité qui sera créée à l'issue du processus de rapprochement entre les deux groupes.

Le chiffre d'affaires de Nexter s'est élevé en 2014 à 1,048 milliard d'euros, également en nette augmentation (33%) par rapport à l'exercice précédent (787 millions d'euros en 2013). De son côté, KMW n'a réalisé que 750 millions d'euros de ventes. A l''international, le chiffre d'affaire de Nexter a progressé "sensiblement" et contribue à hauteur de 53% du chiffre d'affaires total. A périmètre équivalent et hors croissance externe, l'augmentation du chiffre d'affaires est de l'ordre de 25%, a expliqué dans son communiqué le groupe public. L'année dernière, le groupe a renforcé son pôle munitionnaire en acquérant les sociétés Mecar en Belgique et Simmel Difesa en Italie auprès du groupe britannique Chemring.

Des prises de commandes en hausse

S'agissant des prises de commandes, le contrat Scorpion a boosté Nexter, qui a engrangé 1,2 milliard d'euros de contrats (contre 612 millions en 2013). "L'innovation et l'activité commerciale soutenues placées au cœur du développement organique, associées à une stratégie de croissance externe ciblée, (...) ont permis au Groupe de doubler ses prises de commandes sur l'exercice", a expliqué Nexter. L'international y a contribué pour 56%. Soit un "book to bill" (ration chiffre d'affaires/prises de commandes) de 1,2.

Au final, le carnet de commandes s'est établi à 5 milliards d'euros à fin décembre 2014 (2,6 milliards d'euros en 2013), "dont 2,8 milliards d'euros d'intentions de commandes liées aux tranches conditionnelles attachées aux marchés déjà affermis au 31 décembre 2014". Soit plus de deux ans d'activité, avec une part relative de l'export qui totalise désormais 53,2% du carnet de commandes fermes. Enfin, conséquence de la croissance externe, la part du secteur munitionnaire atteint 883 millions d'euros, plaçant le pôle munitionnaire du groupe parmi les trois leaders munitionnaires en Europe.

Giat Industries plombé par Eurenco

Si Nexter est en forme, ce n'est pas le cas d'Eurenco. La filiale spécialisée dans la fabrication des poudres et explosifs pour munitions, obus et petits missiles plombe carrément la marge de la maison mère Giat Industries (autour de 8%). Les pertes "abyssales" ,selon les termes employés, de la société rachetée trois millions d'euros à l'État, se sont élevées à plusieurs dizaines de millions d'euros et font perdre plus de cinq points de marge à Giat Industries.

La modernisation du site de Sorgues (projet Phénix) est arrêtée. Le montant de cette opération devait s'élever à 120 millions d'euros au total, dont 100 millions pour la seule production d'hexogène, un composé chimique considéré comme l'un des explosifs militaires les plus puissants. Selon un observateur, le besoin actuel en hexogène s'élèverait à 30 tonnes alors que la capacité de la nouvelle usine prévoyait une production de 1.000 tonnes.