
Lors de leur audition le 14 janvier dernier à l'Assemblée nationale, les PDG de Nexter et de Krauss-Maffei Wegmann (KMW) en cours de rapprochement, Philippe Burtin et Frank Haun, ont qualifié le versement par KMW d'une soulte de 500 millions d'euros pour obtenir le co-contrôle de la future société commune (50-50) d'une "rumeur qui ne se fonde sur rien de concret". Pour autant, "La Tribune" confirme que l'Agence des participations de l'Etat (APE) a été tentée en fin d'année dernière de demander aux 27 actionnaires familiaux de KMW de verser une telle soulte en raison d'une nette différence de valorisation entre les deux entreprises : 1,5 milliard pour KMW et 2 milliards pour Nexter.
Une volonté politique de diminuer le montant de la soulte
Aujourd'hui tout est mis en oeuvre en France pour diminuer, selon des sources concordantes, le montant de la soulte qui devra être versée par KMW à l'Etat français. Très créatives, les banques d'affaires y travaillent sous l'oeil bienveillant de Paris, qui ne veut toutefois pas altérer la valeur de Nexter. D'autant que le groupe public a réalisé en 2014 une bonne année avec un chiffre d'affaire en nette hausse à 1,04 milliard d'euros (contre 787 millions en 2013), dont 53 % à l'exportation, et 1,2 milliard de prises de commandes, selon les chiffres évoqués par Philippe Burtin. De son côté, KMW a réalisé un chiffre d'affaires de 750 millions d'euros et a engrangé plus de 1 milliard de prises de commandes.
En outre, le groupe d'armement public a profité dans le passé sur des programmes nationaux de marges allant jusqu'à 20 % et surtout a été recapitalisé à hauteur de 4,6 milliards d'euros au début des années 2000. Mais depuis 2006, Nexter a versé un milliard d'euros de dividendes à l'Etat, comme l'a rappelé Philippe Burtin lors de l'audition.
Une source proche du dossier confirme que KMW devra verser une soulte pouvant se monter à "plusieurs dizaines de millions" et que les Allemands en seraient d'accord. "Le dossier avance", a-t-elle même expliqué à La Tribune.
Ce qu'a confirmé Philippe Burtin : "Si les méthodes retenues par chaque société pour ce travail de prospective ont pu différer un temps, nous travaillons à leur rapprochement, et un échange de lettres datant du début du mois de décembre 2014 a marqué une convergence en ce sens".
La question des exportations préoccupe
Au-delà de la soulte, Frank Haun s'est attaché à rassurer les députés sur la question de l'exportation en Allemagne. "Les choses commencent à bouger en Allemagne, a-t-il affirmé. Ainsi, lorsque KMW a entamé des discussions avec le nouveau gouvernement allemand, il apparaissait qu'il y avait des réserves sur le projet KANT et sur les exportations. (...) En ce qui concerne la réglementation applicable aux exportations d'armements, je suis confiant dans nos chances d'aboutir à un accord, même si le compromis qui sera trouvé ne sera pas nécessairement à la hauteur de nos espérances de départ". Un compromis qui devrait intervenir avant la fin des négociations sur KANT prévues en avril.
Il a toutefois précisé que "si, dans le futur, l'on arrive à une solution aux termes de laquelle le contrôle de l'exportation d'un matériel conçu en commun relèvera du gouvernement français dès lors que la part allemande dans leur développement n'excédera pas 20%, cela signifie que la probabilité est forte que nous développions nos produits à 80% en France, alors que je souhaite rester à parité". Une solution qui devrait faire bondir outre-Rhin, politique et syndicats.
D'autant que Frank Haun a rappelé que le Qatar et Singapour sont actuellement les principaux clients export de KMW. Toutefois, il s'agit de contrats signés avant la mise en place de la coalition en Allemagne en novembre 2013 et non après...C'est ce qui fait toute la différence entre le contrat qatari qui est exécuté et le prospect saoudien (800 chars Leopard 2A7), qui est lui bloqué. Selon le PDG de KMW, la part d'exportation se situe depuis 15 ans entre 40% et 80% de son activité.
Un futur char lourd franco-allemand en commun
Pour l'heure, et en dépit des négociations pour se rapprocher, Nexter et KMW se livrent à une féroce concurrence sur les marchés export. Frank Haun en convient : "vous vous demandez peut-être pourquoi KMW n'achète pas d'ores et déjà des armes et des munitions à Nexter. La réponse est simple : parce que pour l'heure, nous sommes concurrents. Or, on ne se fournit pas auprès d'un concurrent. Mais dès lors que nous ne serons plus concurrents mais partenaires, KMW se fournira auprès de Nexter".
Les deux entreprises préparent plusieurs projets en commun de nouveaux matériels. "Le plus important, c'est la prochaine génération de chars lourds, a expliqué Frank Haun. Dans cinq ans, nous aurons avancé dans le processus de développement d'un nouveau char lourd - qu'il s'appelle Léopard 3, Leléo ou Léoclerc, peu importe : il sera développé en commun, et pourra commencer à équiper nos forces à l'horizon 2025-2030 pour remplacer les chars Leclerc et Léopard 2 dont la base technologique commence à dater. Renouveler ces matériels est indispensable : d'ailleurs, les Russes ne s'y trompent pas, et leurs travaux de développement en la matière avancent à plein régime. Pour ce faire, Nexter possède des technologies très intéressantes pour KMW, et vice-versa".
Pour l'heure, Nexter a laissé le champ libre à KMW sur le marché des chars lourds. Aujourd'hui le constructeur allemand est le seul producteur dans le monde occidental de chars lourds de combat modernes. Ainsi, 18 États ont acheté le Léopard 2. En outre, KMW développe et fabrique actuellement avec son partenaire allemand Rheinmetall "son petit frère, le Puma, que nous sommes en train de livrer à l'armée allemande, a expliqué Frank Haun. Cet engin est à la pointe de la technologie, en matière de protection, de mobilité et de résistance au feu".
De nouveaux produits en commun
Au-delà d'un char lourd, Frank Haun est "convaincu" que si le projet KANT se réalise, "nous aurons des véhicules communs, ce qui renforcera l'efficacité de nos forces armées, lorsqu'elles interviendront ensembles sur des théâtres d'opérations, et cela permettra d'économiser l'argent du contribuable". Au-delà du char lourd, Frank Haun souhaite se développer dans trois secteurs qui lui "semblent particulièrement prometteurs" : l'artillerie entièrement automatisée, les munitions intelligentes et les armements lasers. "Autant de domaines dans lesquels les Américains ont du souci à se faire !".
Ce qui n'est pas le cas aujourd'hui où les deux entreprises ont une gamme de véhicules en concurrence. Le véhicule à roues, le Dingo, qui est produit à plus de 1.000 exemplaires et est désormais utilisé par six pays, concurrence l'Aravis. Enfin, le véhicule Boxer à huit roues, le rival du VBCI est, selon le PDG de KMW, "aujourd'hui un véhicule très performant". Enfin, KMW est fabrique aussi des systèmes d'artillerie, comme l'obusier, le PZH 2000, "dont la performance dépasse largement celle de la concurrence, y compris américaine". Selon Philippe Burtin, "le VCBI a peut-être un avantage sur le Boxer, comme, à l'inverse, le Dingo en a peut-être un sur l'Aravis". En revanche, Frank Haun s'est bien gardé de juger les produits en question.
Je suis d'autant plus abasourdi de voir combien aujourd'hui il parait naturel que les armes seraient devenues des marchandises comme les autres et que personne ne pose la question des conséquences de cette marchandisation, notamment vers des pays dont les relations étroites avec des groupes terroristes sont bien connus.
Quel bilan tire t'on de cette prolifération des armes ? Comment lutter contre le terrorisme si on continue de fermer les yeux sur leur destination finale ? L'implantation de la future société, outre le fait qu'elle se fait dans un but d'optimisation fiscale a aussi pour conséquence de contourner les règles d'exportation françaises et allemandes. Alors oui, la question se pose vraiment. Un rapprochement à n'importe quel prix ? L'armement parce qu'il relève des missions régaliennes de l'Etat doit échapper aux lois du profit et doit rester sous un contrôle renforcé de l'Etat. La politique de défense nationale doit pouvoir d'appuyer sur une industrie nationale de défense, faute de quoi elle perd son indépendance. Certes, cela a un coût, mais c'est le coût de la sécurité du territoire et des citoyens. Et les emplois que crée cette industrie en France (+ de 165 000 directs) rapportent plus qu'ils ne coûtent car ce sont autant de salaires pour consommer, autant de recettes pour la protection sociale, etc... Aujourd'hui le Budget de la défense est grevé par les coûts exorbitants des externalisations, et cela risque d'être encore pire demain avec les sociétés de projet (matériels en leasing) que voudraient mettre en place le ministre de la défense. Alors oui, il y a d'autres choix possibles que la fuite en avant vers ces opérations capitalistiques. Des choix plus conforme à notre indépendance et permettant de regagner de l'emploi industriel en France.
De leader dans l'armement nous sommes passés à moins que rien, qui devons ramper pour exporter (rafale) et remplacer notre matériel (famas, munitions ...), c'est aberrant !
L'Europe c'est aussi des budgets défense en chute, de nouveaux matériel couteux (embêtant lorsque l'on sait qu'on les envoi en zone de guerre où ils peuvent être bien abimés. Par ex. un A400M qui se prend un simple coup de RPG...), une difficulté à maintenir en état ce que l'on a déjà...
Et une pensée militaire qui s'est mise a jour avec les nouveaux conflits asymétriques (fini les rêves de batailles géantes avec des colonnes de chars russes). Et cela se concrétise chez nous avec le programme Scorpion (le Jaguar n'a qu'un canon de 40mm hautes performances... appuyé au cas où par des missiles antichars). Le Leclerc ne peut évoluer qu'avec un changement de tourelle (cf. les travaux préliminaires sur ce sujet) pour le rendre plus utile en combat urbain et/ou pour l’infanterie.
Ceux que nous affrontons aujourd'hui n'ont que des ... pick up toyota (ou alors des BTR & Co à bout de souffle).
Ok c'est fini on est passé de plusieurs centaines de millions à plusieurs dizaines plus des gammes en doublon sur lesquels personne ne voudra lacher du lest. Les allemands peuvent etre fier de leur fabrication nationale et de leur succès à l'export (bien aidé par le changement de politique de Merkhel).
Mais il y a une chose qui est bien là: le matériel de Nexter est acheté par la France qui l'utilise à longueur d'année sur tout les terrains imaginables. Et dans toutes ses zones de guerre...
Bref pas du matériel utilisé pour la parade.
La volonté politique française d'avoir une stratégie européenne va recréer la situation d'Airbus. On donne beaucoup, les Allemands recoivent beaucoup.
Décidément certains refusent d'apprendre.
je ne comprends pas sommes nous si stupides ou maso pour nous laisser berner de la sorte?
Par ex FN Herstal: acheté par la France, le truc s'enfonce, on le vend: le truc décolle.
Par ex. le fait que l'on ait plus une seule cartoucherie en France nous obligeant à acheter des balles de mauvaise qualité à l'étranger (... et même pas en Europe, le comble). Pourtant avec toutes les opérations que l'on fait à l'extérieur ce n'est pas comme si c'etait quelque chose d'usage ponctuel...
le variante QZX -7917 a été introduite, avec une longueur augmentée d'un mètre et agrémenté d'une cabine semblable à celle du QZXY -7916.
Sinon sur le dossier, il vaut mieux agir vite dans l'interet des parties sinon les cartes pourraient etre à nouveau rebattu et Nexter se retrouverait à continuer à avoir KMW en concurrent, pire à l'avoir en concurrent encore plus puissant car renforcé.
Puis comment Nexter pourrait developper des armes du futur sans les crédits qui vont bien de l'Etat français et allemand ?
Idem pour KMW qui a besoin des crédits des deux Etats pour se lancer dans des projets d'avant-garde sur les tanks nouvelle génération, arme laser et arme intelligente et automatisée.
Les entreprises américaines de l'armement bénéficient d'un budget qui est 3 fois celui de toute l'union européenne alors ne serait-ce qu'avoir un budget armement terrestre de l'Allemagne et de la France réuni pour cette nouvelle alliance, ca serait déjà un pas minimum dans la bonne direction sinon à terme les entreprises américaines avec leur budget de develloppement grace aux crédits énormes des USA écraseront technologiquement toutes les entreprises européennes et de tres loin
A quel jeu maso joue notre gouvernement?!
Ca commence mal, si la fusion ce fait ce sera une Ste de droit Hollandais !! Optimisation fiscal oblige
Si, quand on est politicien de gauche. On donne des leçons à tout le monde mais on a aucun sens des affaires . De la politique politicienne , oui.