Plus de 10 milliards d'euros pour des programmes spatiaux européens

Par Michel Cabirol  |   |  628  mots
L'Allemagne a convaincu les Etats membres de l'ESA a mettre 1 milliard d'euros pour la poursuite de l'exploitation de la station spatiale internationale (ISS)
Les ministres en charge de l'espace des pays membres de l'Agence spatiale européenne ont affecté 10,3 milliards d'euros à des nouveaux programmes spatiaux.

Réunis pendant deux jours à Lucerne (Suisse), les ministres en charge de l'espace des 22 pays membres de l'Agence spatiale européenne (ESA), de la Slovénie et du Canada, ont affecté 10,3 milliards d'euros "à des activités et programmes spatiaux reposant sur la vision d'un 'espace uni européen' à l'ère 4.0", selon l'ESA. Dans ce cadre-là, l'Europe va notamment allouer une enveloppe de 1,4 milliard d'euros à la poursuite de l'exploitation de la station spatiale internationale (ISS) et à la mission ExoMars 2020, le projet d'exploration de la planète rouge, a précisé vendredi l'ESA.

L'ISS et ExoMars les grands gagnants de Lucerne

Pour ces deux projets emblématiques, la station spatiale internationale (ISS) et l'exploration de Mars, "cela fait un budget d'environ 1,444 milliard" d'euros, a indiqué le directeur général de l'ESA, Jan Woerner. L'ESA allouera plus de 400 millions d'euros pour ExoMars 2020 et environ 1 milliard d'euros pour l'ISS, un dossier soutenu par l'Allemagne. Les ministres ont donc finalement décidé de poursuivre l'exploitation de l'ISS, un laboratoire de la taille d'un terrain de football où l'astronaute français Thomas Pesquet vient de prendre ses quartiers pour les six prochains mois. L'Europe rejoint ainsi les États-Unis, la Russie, le Japon et le Canada qui avaient déjà décidé de prolonger l'utilisation de la station jusqu'en 2024.

Pour sa part, la mission ExoMars 2020 prévoit l'envoi d'un robot mobile sur la planète rouge, à charge pour lui de forer le sol martien pour tenter de trouver des traces de vie passée. Elle a été précédée par la mission ExoMars 2016, qui s'est soldée le 19 octobre par la mise en orbite réussie de la sonde TGO mais aussi par le crash, provoqué par un problème de logiciel de navigation, de l'atterrisseur test Schiaparelli à la surface de Mars.

Soutien financier à l'exploitation des lanceurs à Kourou

La filière lanceurs n'a pas non plus été oubliée. Les ministres ont à nouveau validé un soutien financier à l'exploitation d'Ariane 5 dans la période de transition avant l'arrivée d'Ariane 6. "Dans le cadre du soutien à l'exploitation des lanceurs européens, les États ont réaffirmé que le Centre Spatial Guyanais (CSG) est le port spatial de l'Europe, en couvrant ses frais fixes", a précisé le CNES dans un communiqué publié vendredi. Ainsi, l'ESA va contribuer à l'exploitation du CSG durant la période 2017-2021 à hauteur de 437,9 millions d'euros (soit entre 85,4 millions et 90,9 millions par an).

En outre, les ministres ont approuvé le programme Ariane 6. Mais son développement avait déjà été confirmé le 3 novembre en amont de la conférence ministérielle de Lucerne. Lors de cette conférence, les gouvernements italien, allemand et français en ont profité pour signer un accord afin de renforcer les modalités de collaboration entre les États et les industriels sur le programme Ariane 6 sous l'égide de l'Esa. Par ailleurs, la préparation de l'avenir au-delà d'Ariane 6 et de Vega-C est assurée avec le développement du moteur oxygène-méthane à très bas coût, Prometheus.

Enfin, l'innovation, le développement des applications et la compétitivité de l'industrie, ont fait l'objet de financements pour préparer l'avenir des télécoms spatiales (lignes ARTES) et de l'observation de la Terre (programme enveloppe EOEP). En outre, sont financés, les satellites dédiés au climat, la préparation des nouvelles générations de satellites Sentinel pour le programme Copernicus, les technologies de pointe, les nouvelles applications et les nouveaux usages du spatial.

"L'Europe se donne les moyens d'être vraiment à la pointe (...) pour les années qui viennent au moment où émergent de nouveaux concurrents et des incertitudes", a commenté à l'AFP le secrétaire d'État français en charge de l'Enseignement supérieur et de la Recherche, Thierry Mandon.