Polémique autour du parachute doré de Tom Enders

Par AFP  |   |  947  mots
Tom Ender partira avec "un parachute doré" estimé à 36,8 millions d'euros.
Le président exécutif d'Airbus Tom Enders va toucher une enveloppe globale pouvant atteindre 36,8 millions d'euros à compter de son départ à la retraite de l'avionneur européen le 10 avril, selon une estimation réalisée par le cabinet d'étude Proxinvest.

Tom Enders pourrait toucher 26,3 millions d'euros, somme provisionnée par Airbus pour ses années de retraite, des actions gratuites de performances évaluées à 7,3 millions d'euros et 3,2 millions pour une indemnité de non-concurrence d'un an. Airbus a confirmé à l'AFP la "cohérence" des "calculs théoriques" concernant la retraite, calculée sur 20 ans. Cela correspond à une rente annuelle de 1,31 million d'euros, selon des calculs du cabinet qu'avait dévoilés Le Monde ce mardi.

"Ça fait cher la prime de non-concurrence, 12 mois c'est vite passé...Si dans un an et demi il a envie de faire du conseil pour une autre compagnie, il aura le droit", souligne à l'AFP Loic Dessaint, directeur de Proxinvest, qui conseille les actionnaires.

Les actions de performances sont héritées de plans passés de 2015 à 2017, puisque Enders n'en a pas reçu en 2018, précise-t-il. Ces rémunérations ne seront pas soumises au vote des actionnaires, comme l'impose la loi française, car Airbus est une entreprise de droit néerlandais.

Tom Enders passera la main le 10 avril à Guillaume Faury, actuel patron de la branche aviation commerciale de l'avionneur. Il part après une dernière grosse commande de 300 avions par la Chine pour un montant estimé à 30 milliards d'euros au prix catalogue. Tout n'est cependant pas rose dans le ciel d'Airbus, qui a annoncé en février la fin de la production de son emblématique A380, entré en service en 2007, faute de commandes.

"Golden parachute", salaire des patrons : des polémiques récurrentes en France

Hausses de salaire généreuses, bonus exceptionnels, plans de stock-options avantageux (bons d'achat d'actions à des conditions favorables), fortes indemnités de départ ("parachutes dorés") ou prime de bienvenue : rappel des principales polémiques de ces dernières années.

  • Parachute doré à 61 ans

Le patron de TechnipFMC Thierry Pilenko, 61 ans, touchera un paquet global "de 14 millions d'euros" pour son départ en mai 2019, selon BFM Business, malgré la perte de près de 2 milliards de dollars essuyée en 2018 par ce groupe franco-américain d'équipements pétroliers. "Quand on laisse des pertes derrière soi, on ne part pas avec des primes. C'est inacceptable, c'est intolérable", a dénoncé le 21 mars le ministre de l'Economie Bruno Le Maire.

  • Salaire triplé à Air France-KLM

La nomination en août 2018 de Benjamin Smith à la tête d'Air France-KLM est accompagnée de critiques sur sa rémunération pouvant atteindre 4,25 millions d'euros par an (dont 900.000 euros de fixe). Ce niveau est plus que triplé par rapport à la rémunération de son prédécesseur Jean-Marc Janaillac (1,12 million d'euros en 2017 dont 600.000 euros de fixe).

  • Indemnité de départ à Carrefour

En juin 2018, l'ancien patron de Carrefour Georges Plassat renonce à son indemnité de départ de près de 4 millions d'euros, sous la pression du gouvernement et après l'indignation des syndicats. Les actionnaires du groupe avaient approuvé à une large majorité une rémunération de 13,17 millions d'euros en 2017 pour M. Plassat, dont une indemnité de départ.

  • Passage en force à Renault

Le 29 avril 2016, l'assemblée générale des actionnaires de Renault rejette le niveau de rémunération du PDG d'alors, Carlos Ghosn, fixé pour 2015 à 7,25 millions d'euros. Mais ce vote n'est que consultatif et le conseil d'administration du groupe avalise le salaire du patron, arguant de la "qualité des résultats de l'année 2015". En février 2018, M. Ghosn avait accepté de baisser sa rémunération de 30%, condition imposée par l'Etat en échange de son soutien à sa reconduction pour quatre ans.

  • Doublement à PSA

Le 29 mars 2016, l'AG du groupe automobile PSA approuve à 76,53% le quasi-doublement du salaire du président du directoire Carlos Tavares, à 5,24 millions d'euros, grâce à une part variable dopée par le redressement spectaculaire du groupe. La hausse provoque un tollé parmi les syndicats. Le ministre de l'Économie d'alors, Emmanuel Macron, estime que M. Tavares a "tort de faire abstraction de la sensibilité des Français sur ce sujet".

  • Parachute doré à Alcatel-Lucent

En août 2015, un parachute doré de 14 millions d'euros sur trois ans est offert à Michel Combes par l'équipementier télécom Alcatel-Lucent à l'occasion de son départ pour la direction de Numéricable-SFR. Après plusieurs jours de polémiques, et sous la pression combinée du patronat, de l'Autorité des marchés financiers (AMF) et du gouvernement, Alcatel-Lucent réduit de près de moitié la prime.

  • Prime de bienvenue à Sanofi

En février 2015, syndicats et petits actionnaires s'élèvent contre la prime de bienvenue de 4 millions d'euros pour le nouveau directeur général de Sanofi Olivier Brandicourt. A cette somme s'ajoutent près de trois millions d'euros versés par le groupe pharmaceutique à son prédécesseur Chris Viehbacher, comme indemnité après son éviction. Porte-parole du gouvernement de Manuel Valls, Stéphane Le Foll juge ces pratiques "incompréhensibles".

  • Retraite chapeau à PSA

En novembre 2013, le patron sortant de PSA Philippe Varin renonce aux 21 millions d'euros prévus par le constructeur pour sa "retraite chapeau" face à l'avalanche de critiques alors qu'il s'apprête à céder la direction du groupe automobile en difficultés. Il finira tout de même par toucher une retraite chapeau de près de 300.000 euros, révèlera en mai 2015 le site Deontofi.com.

  • Stocks-options à la Société Générale

En mars 2009, la banque annonce que ses quatre principaux dirigeants vont recevoir un total de 320.000 stocks-options au titre de l'exercice 2008. L'annonce déclenche un tollé, la Société Générale ayant bénéficié d'aides de l'État pour traverser la crise financière. Les dirigeants renoncent aux stocks-options, sous la pression du gouvernement de François Fillon qui menace de légiférer sur le sujet.