Pourquoi les jeunes se tournent vers Daech, selon le chef d'état-major des armées

Par Michel Cabirol  |   |  520  mots
Tous les jeunes "cherchent un cadre et des valeurs qu'ils ne trouvent plus dans la société. Les uns vont dans une direction morbide, chez Daech, croyant se rassurer, espérant trouver un sens à leur vie. Les autres choisissent l'armée pour défendre et servir la France".
Pour le général Pierre de Villiers, chef d'état-major des armées, les jeunes, qui se tournent vers Daech "cherchent un cadre et des valeurs qu'ils ne trouvent plus dans la société". Du coup, ils vont dans "une direction morbide (...) espérant trouver un sens à leur vie.

Un mois avant les attaques terroristes simultanées à Paris du 13 novembre, le chef d'état-major des armées, le général Pierre de Villiers, s'interrogeait à haute voix devant les députés de la commission de la défense sur le pourquoi de l'engagement d'une "partie de la jeunesse de France" vers Daech. Une "question de fond à laquelle nous devons réfléchir", estimait alors le général Pierre de Villiers, qui était frappé "par le pessimisme ambiant et la morosité générale" en France.

"Pourquoi une partie de la jeunesse de France s'engage-t-elle chez nous et une autre chez Daech?"

Selon le général Pierre de Villiers, "tous cherchent un cadre et des valeurs qu'ils ne trouvent plus dans la société. Les uns vont dans une direction morbide, chez Daech, croyant se rassurer, espérant trouver un sens à leur vie".

Heureusement les autres, la plus grande partie, "choisissent l'armée pour défendre et servir la France". Tout comme ceux qui choisissent Daech, ils le font pour trouver un sens à leur vie. "Ils nous le disent comme ça, quels que soient leur niveau d'études et leur catégorie socioprofessionnelle. C'est assez exceptionnel", avait expliqué le général Pierre de Villiers.

Les soldats français prêts à aller au bout de leur mission

En dépit d'une situation compliquée, le chef d'état-major des armées voulait voir des "signes d'espérance". "Les jeunes dont je vous parle ne comprennent pas ce pessimisme, ils sont d'un enthousiasme incroyable ! Pensez-vous que les trois jeunes que nous avons rapatriés cette nuit du Mali (trois militaires des forces spéciales déployées au Mali ont été blessés la semaine du 12 octobre par une mine, ndlr) se posent ces questions ? Ils sont allés jusqu'au bout de leur mission au service de la France, pour leur chef de section, pour leur capitaine, pour leur colonel. C'est ainsi qu'ils voient les choses".

L'armée de Terre est d'ailleurs actuellement en pleine campagne de recrutement pour faire remonter à fin 2016 les effectifs de la force opérationnelle terrestre (FOT) de 66.000 à 77.000 militaires. En 2015, les objectifs quantitatifs (5.600 militaires recrutés et 1.170 fidélisés) seront atteints, a assuré début novembre au Sénat le chef d'état-major de l'armée de Terre, le général Jean-Pierre Bosser. "Pour 2016, en revanche, le défi reste devant nous, l'armée de terre devant notamment recruter 14.000 militaires du rang, soit 16 % de plus qu'en 2015. La fidélisation apparait donc comme l'indispensable complément du recrutement", a-t-il estimé.

Enfin, le taux de sélection (2 candidats pour 1 recrue) demeure "tout à fait acceptable et conforme à ce qu'il était précédemment", a affirmé le général Jean-Pierre Bosser. Mais la capacité de recruter de l'armée de Terre, a-t-il expliqué, "butte sur des contraintes en termes de formation, d'équipement, d'habillement, d'infrastructures, de soutien médical... Recruter 11.000 hommes supplémentaires dans un délai aussi réduit met en lumière la notion de seuil critique. On ne peut évidemment pas remonter en puissance une armée en un claquement de doigts".