Qatar : guerre navale entre DCNS et Fincantieri dans le golfe persique

Par Michel Cabirol  |   |  568  mots
La France propose au Qatar une nouvelle version de 4.000 tonnes de la frégate multimissions FREMM
Alors que s'ouvre ce mardi le salon naval de défense de Doha (DIMDEX), tous les yeux sont rivés sur la compétition que se livrent DCNS et l’italien Fincantieri pour remporter le programme Protector évalué à 4 milliards d'euros.

Bataille navale épique dans le golfe persique entre Fincantieri et DCNS. Alors que s'ouvre ce mardi le salon naval de défense DIMDEX à Doha, les deux groupes navals européens s'affrontent très durement pour remporter un contrat, baptisé Protector qui est estimé à 4 milliards d'euros. Il permettra d'équiper la marine qatarie (Qatar Emiri Navy) de navires de guerre (frégates ou corvettes) disposant d'une capacité de défense antimissile balistique.

C'est le seul programme prioritaire cette année de Doha, Airbus Helicopters devra patienter pour la mise en vigueur du contrat portant sur la vente de 22 NH-90, des hélicoptères de transport. Le Qatar, qui avait été soutenu par la France pour organiser la Coupe du monde de football en 2022, souhaite disposer de ce système de défense aérienne pour protéger son territoire lors de cet évènement médiatique planétaire.

Une nouvelle FREMM à l'export

La marine qatarie, qui a évalué la proposition de Fincantieri il y a un mois environ, vient de finir les évaluations de l'offre de DCNS basée sur la toute nouvelle version des frégates multimissions, la FREMM Extended Range (4.000 tonnes) armées notamment de missiles Aster 30 (antiaérien et antibalistique) et Exocet (mer-mer). La marine qatarie, qui ne dispose que d'une flotte modeste dont le plus grand bâtiment est un patrouilleur de 56 mètres (4 patrouilleurs Barzan), ne voudrait pas de très gros navires.

En outre, les deux industriels, qui proposent des bâtiments disposant d'une défense antiaérienne et antibalistique (missiles Aster), devront convaincre le Qatar de l'efficacité du système Anti-Air Missile (SAAM). Car le patron de l'Air Defence, qui conseille la marine sur ce volet, est réputé n'acheter qu'aux Américains.

Un gros combat entre l'Italie et la France

La guerre fait rage entre les deux compétiteurs et les deux pays. Les deux ministres de la Défense italien et français, Roberta Pinotti et Jean-Yves Le Drian, sont présents à Doha pour soutenir les offres de leurs industriels. Fincantieri, qui sponsorise DIMDEX 2016, aurait réussi étrangement à convaincre le comité de sélection tandis que DCNS, qui est étroitement associé à Thales (radars Herakles et Smartel) et au missilier MBDA, aurait la préférence du pouvoir. "C'est un choix politique", assure-t-on en France.

Mais les Italiens ont remonté leur cote auprès de Doha. Ils ont finement joué en soutenant un très grand projet de musée archéologique au Qatar auquel tient beaucoup l'émir Tamim ben Hamad Al Thani et dans lequel baignent notamment Fincantieri et Finmeccanica. Fin janvier, l'émir était à Rome où il a rencontré plusieurs grands patrons, dont ceux de Finmeccanica et Fincantieri. Certains s'interrogent sur la concomitance des deux projets...

De leur côté, les Français ne sont pas non plus restés inactifs en démontrant aux Qataris que l'offre italienne avec un radar basé à terre pour détecter la menace aérienne ne tenait pas la route. Ce dispositif aurait limité les missions des corvettes qataries seulement au large des côtes de l'émirat. Les Italiens ont donc dû rajouter un nouveau bâtiment (un LHD?) aux trois corvettes de 90 mètres, qui ne peuvent pas intégrer un radar early-warning, pour compléter leur offre. Ce qui rend l'offre italienne beaucoup moins attractive.

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