Rafale, mais que va faire la Belgique ?

Par Michel Cabirol avec AFP  |   |  613  mots
Dans le cadre du renouvellement de sa flotte d'avions de combat, la Belgique dispose de "deux candidats engagés dans la procédure officielle et la proposition française", a expliqué le ministre de la Défense belge, Steven Vandeput,
La Belgique va examiner l'offre française. Mais va-t-elle y donner suite ?

Le gouvernement belge a accusé réception vendredi de l'offre de la France de lui vendre des avions de combat Rafale dans le cadre d'un partenariat plus large entre les deux pays, et va désormais en "examiner le statut juridique", selon l'AFP. Alors que la Belgique attendait pour jeudi minuit les réponses formelles à son appel d'offres lancé pour renouveler sa flotte de F-16AM/BM dont la moyenne d'âge s'élève à 32 ans, la France a créé la surprise en proposant un accord d'État à État.

F-35 ou partenariat stratégique avec la France ?

Cette proposition comprend outre la fourniture de 34 Rafale de Dassault Aviation, plusieurs mesures de coopération, militaires et industrielles. Jeudi après-midi, Paris a dévoilé sa propre stratégie portant sur "un partenariat structurant". A l'image de l'Allemagne qui avait proposé à la Norvège un partenariat stratégique pour la vente de sous-marins à propulsion conventionnelle en s'écartant de l'appel d'offres d'Oslo. Avec succès. Naval Group avait alors perdu un marché de quatre milliards d'euros. Tout comme Bonn, Paris a joué la carte politique. On verra si Bruxelles joue le jeu ou se tourne vers les États-Unis et le F-35, grandissime favori de la Composante Aérienne Belge.

Le ministre belge de la Défense Steven Vandeput a confirmé vendredi avoir bien reçu "une lettre" de son homologue française Florence Parly, là où les deux autres candidats (le F-35 proposé par Lockheed Martin et le Typhoon proposé le consortium Europfighter composé de BAE Systems, Airbus et Leonardo), ont remis une offre "officielle". "Nous allons désormais examiner le statut juridique de cette lettre", a-t-on indiqué au cabinet du ministre. Il y a "deux candidats engagés dans la procédure officielle et la proposition française", a expliqué Steven Vandeput, selon des propos rapportés par l'agence Belga.

Que veut la Belgique ?

La Belgique avait lancé en mars une procédure d'achat de 34 avions de combat pour remplacer ses 59 F-16AM/BM américains, dont 54 en service opérationnel, entre 2023 et 2028. C'est la fourchette basse par rapport au besoin exprimé par la Composante Aérienne Belge, qui avait exprimé un besoin de 35 à 45 avions de combat. Le marché est estimé à près de 3,6 milliards d'euros, auquel il faut ajouter 1,2 milliard pour des activités annexes comme l'entretien ou la formation des techniciens et pilotes.

Les trois pays candidats, si la France reste dans la compétition, ont désormais une période de cinq mois pendant laquelle ils peuvent peaufiner leur offre, et répondre à d'éventuelles demandes de clarification, avant la remise de la proposition finale le 14 février. Le gouvernement belge devrait se décider courant 2018.

Missions de police de ciel et d'interventions à l'étranger

L'avionneur sélectionné devra livrer quatre avions de combat en 2023, puis quatre par an jusqu'en 2027, cinq en 2028 et 2029, et enfin, quatre en 2030, selon le calendrier prévisionnel fourni par le ministère de la Défense belge. Au niveau des ambitions opérationnelles, la Belgique souhaite acquérir une capacité de combat aérien, qui lui garantit d'assumer des temps de réaction à très court préavis (QRA) de police du ciel avec deux appareils (24 heures sur 24 et 7 jours sur 7) en alternance avec l'armée de l'air néerlandaise (Royal Netherlands Air Force).

Bruxelles souhaite également poursuivre ses contributions à des opérations extérieures dans le cadre de coalitions internationales sur une durée indéterminée avec six avions de combat. Depuis 1979, Bruxelles a participé de nombreuses opérations : Kosovo (1999), Afghanistan (2005-2006 puis 2008-2014), Libye (2011) Irak et Syrie (septembre 2014) ainsi que des missions de police du ciel dans les pays baltes et en Pologne.