Safran retarde de deux ans l'envol du Falcon 5X de Dassault

Par Michel Cabirol  |   |  631  mots
Le premier vol du 5X n'est pas attendu avant 2017 pour des livraisons qui commenceront début 2020
Dassault Aviation a annoncé un retard de deux ans dans le programme Falcon 5X en raison des difficultés de développement du moteur Silvercrest de Snecma (Safran).

Dans un entretien accordé au journal spécialisé américain "Flight", le PDG de Dassault Aviation, Eric Trappier, a annoncé devoir repousser à 2020 les premières livraisons de son futur modèle d'avion d'affaires ultra luxueux, le 5X, présenté en octobre 2013. Dans un courrier adressé aux salariés du groupe, Eric Trappier confirme qu'il est "contraint de décaler le programme Falcon 5X de deux ans" en raison des "difficultés de développement du moteur Silvercrest" piloté par Snecma (groupe Safran). Une tuile qui risque de coûter cher au propre comme au figuré à Safran.

Un investissement de 1 milliard d'euros

Dans ce cadre, le premier vol n'est donc pas attendu avant 2017 pour des livraisons qui commenceront début 2020, a expliqué Eric Trappier dans son courrier. Un coup dur pour l'avionneur qui fondait beaucoup d'espoirs sur son dernier-né considéré "comme un avion de rupture", avait expliqué Dassault Aviation lors de la présentation de l'appareil en octobre 2013. D'autant que cet appareil doté de la cabine la plus large du marché, qui "présente un rendement carburant 50 % meilleur que celui des avions de même catégorie", avait fait valoir Dassault Aviation, a "reçu un excellent accueil du marché", selon Eric Trappier.

Mais le PDG s'est voulu rassurant, assurant que le 5X reste "un avion fantastique : "Je ne suis pas content de ces retards, mais au final, si nous avons le bon avion et le bon moteur, ce n'est que deux ans", a-t-il expliqué dans son entretien à Flight.

Le Falcon 5X représente "le plus important investissement des programmes Falcon à ce jour", avait précisé Eric Trappier en octobre 2013. Cet investissement "témoigne de notre volonté de conserver le leadership technologique que nous avons acquis sur ce marché au cours des cinquante dernières années". "L'ordre de grandeur pour le développement de ce type de programme est le milliard d'euros", uniquement sur fonds propres, avait précisé le groupe.

2015, une année difficile pour l'activité aviation d'affaires

Fin 2015, le carnet de commandes s'élevait à 91 Falcon, contre 121 Falcon. En 2015, 45 Falcon ont été commandés, contre 90 prises de commandes en 2014. Ce bilan en berne est en outre accentué par l'annulation d'une livraison de 20 Falcon 2000 à l'opérateur d'avions d'affaires en multi-propriété, NetJets. Un contrat signé en 2006 et dont l'issue était déjà en suspens depuis quelques années. Du coup, le solde net de commandes s'élève à 25 Falcon pour Dassault Aviation en 2015.

"Après une croissance de l'activité Falcon en 2014, la situation économique, notamment dans les pays émergents, a fortement pesé sur nos prospects et clients", avait expliqué début janvier le constructeur.

En outre, Dassault Aviation n'a livré que 55 Falcon en 2015, contre 66 en 2014. "Alors que nous escomptions 65 livraisons Falcon en 2015, nous avons dû faire face à un affaiblissement des prises de commandes", avait constaté l'avionneur.

Un retard très long

Dassault Aviation avait choisi pour la motorisation du 5X Snecma, qui pour la première fois motorise un avion d'affaires du constructeur. Le 5X sera équipé de réacteurs de nouvelle génération Silvercrest plus économe en carburant (environ - 15 %) que les moteurs actuels de catégories équivalentes. Dassault Aviation et Snecma avaient pourtant travaillé "en étroite collaboration pour optimiser le rendement du moteur avec les performances de l'avion". Snecma a investi 700 millions d'euros pour entrer sur le marché des moteurs de jet d'affaires, dominé par Rolls Royce, Pratt & Whitney et Honeywell.

Pourtant, après plus de 3.200 heures de tests sur 11 moteurs au sol et six en vol, Safran avait décidé de retravailler un peu son moteur pour atteindre les performances demandées par ses clients sur la durée de vie de l'équipement, avait expliqué en octobre Safran. Deux ans de retard, c'est long. Très long. Le motoriste doit-il tout recommencer à zéro?