Tom Enders, le sniper d'Airbus est-il en bout de course ?

Par Michel Cabirol  |   |  430  mots
Le président exécutif d'Airbus Tom Enders doit partir en avril 2019 mais... (Crédits : Reuters)
Tom Enders a survécu à tous les grands patrons français historiques d'Airbus. Il doit partir en avril 2019 mais le veut-il vraiment...

Tom Enders, serial killer des patrons français. Le président exécutif d'Airbus peut se vanter d'avoir un sacré tableau de trophées de chasse de grands patrons français au sein du groupe européen. Ce qui mérite assurément du respect. Beaucoup de respect pour ce succès vraiment très impressionnant. Car l'ancien disciple de Manfred Bischoff, qui était le bras armé de Daimler à la création d'EADS et réputé francophobe, est allé bien au-delà de ce que pouvait imaginer l'ex-patron de DASA... décoré de la légion d'honneur en 2013.

De Noël Forgeard, dont la chute avait été commanditée par Manfred Bischoff, à Fabrice Brégier, Tom Enders a flingué tous les Français qui pouvaient lui barrer le passage ou lui faire de l'ombre (Noël Forgeard, Christian Streiff, François Auque, Marwan Lahoud, Jean-Pierre Talamoni, Fabrice Brégier....). Et bien d'autres comme Jean Botti, directeur général délégué Technologie et Innovation. Du très bel ouvrage même si son travail a été souvent facilité par les divisions et/ou la cacophonie dans le (ou les) camp(s) français. Tom Enders n'a pas non plus hésité à écarter des patrons allemands, comme Stefan Zoller (Airbus Defence & Space) et Lutz Bertling (Airbus Helicopters).

Tom Enders mis sous surveillance par l'Etat français

Ce tableau de chasse prestigieux n'est pas passé inaperçu dans les plus hautes sphères de l'Etat français... même si Tom Enders a fait nommer Guillaume Faury et Bruno Even à la tête respectivement d'Airbus Commercial Aircraft et Airbus Helicopters. Tactiquement plutôt bien joué pour amadouer l'Etat français, fâché contre lui. Mais le patron d'Airbus pouvait-il faire autrement? "Tom Enders a affaibli l'influence française dans un groupe stratégique pour la France", confirme-t-on au sein de l'Etat français. Pas sûr que la France oublie son "exploit".

Et si Tom Enders avait encore des envies de rester à la tête d'Airbus, comme on l'entend assez régulièrement à Toulouse, l'Etat français devrait s'y opposer. Et qu'importe la manière. Quoi qu'il en soit, le président exécutif d'Airbus a informé en décembre dernier le conseil d'administration du constructeur qu'il ne souhaitait pas briguer un nouveau mandat de PDG au terme de celui qui prendra fin au moment de l'assemblée générale des actionnaires en avril 2019. Il n'est pas non plus impossible que Tom Enders n'aille pas aux termes de son mandat compte tenu des enquêtes (SFO et PNF) en cours.