Affaire Lactalis : le vol d'un ordinateur à la répression des fraudes inquiète les proches des victimes

Par latribune.fr  |   |  454  mots
Des documents confidentiels sur l'affaire du lait contaminé Lactalis ont été dérobés dans les bureaux de la répression des fraudes. (Crédits : Stephane Mahe)
En mai, trois ordinateurs et une tablette contenant des données sensibles sur l'enquête sur le groupe laitier Lactalis ont été dérobés lors d’un cambriolage, dans une annexe parisienne du service de la répression des fraudes, en charge du dossier. À la suite de ce vol, les parents d'un enfant ayant consommé du lait infantile Lactalis contaminé aux salmonelles ont porté plainte le 29 août pour "dissimulation de preuves".

Nouveau rebondissement dans l'affaire Lactalis. Le 10 mai, du matériel informatique a été volé dans une annexe parisienne de la Direction générale de la concurrence, de la consommation et la répression des fraudes (DGCCRF), l'un des services en charge de l'enquête sur le scandale qui touche le puissant groupe laitier. Ce cambriolage a poussé les parents d'un enfant victime du lait infantile Lactalis contaminé aux salmonelles à porter plainte, mercredi 29 août, pour "dissimulation de preuves".

Et pour cause : l'un des ordinateurs contenait des "éléments sensibles" liés à ce scandale pour lequel le parquet de Paris avait ouvert en décembre une enquête pour "blessures involontaires" et "mise en danger de la vie d'autrui", a rapporté une source proche du dossier. Selon la DGCCRF, si aucun document issu de l'enquête pénale n'a été subtilisé, l'un des ordinateurs volés contenait toutefois des informations "relatives à la gestion administrative du retrait" des produits Lactalis.

L'hypothèse d'un vol ciblé écartée à ce stade

"L'hypothèse d'un vol ciblé n'est pas établie à ce stade des investigations" confiées au commissariat du XIIIe arrondissement, "notamment parce que d'autres effets ont été volées dans différents étages et bureaux", a indiqué une source proche du dossier.

"Le lieu du vol, le contenu des ordinateurs volés et le mode opératoire permettent de penser que ce cambriolage a été commis par des barbouzes" pour dissimuler des preuves, a estimé pour sa part Me Yassine Bouzrou, l'avocat du couple.

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Au micro de France Inter ce 30 août, Yassine Bouzrou a ajouté :

"[...] ils étaient parfaitement informés, ils savaient où aller chercher ces ordinateurs, c'est un vol sans effraction et ce qui est très frustrant pour les victimes et notamment pour celles qui ont porté plainte, c'est que nous ne retrouverons certainement jamais les éléments de l'enquête...",

37 bébés atteints de salmonellose

Me Yassine Bouzrou a estimé que le parquet de Paris "privilégie naïvement la thèse du hasard" en ne reliant pas les deux enquêtes. "La position du parquet renforce l'hypothèse que le groupe Lactalis est protégé, d'autant plus que l'usine incriminée a pu réouvrir" en juin, à Craon (Mayenne), a-t-il dénoncé.

Mi-janvier, 37 bébés atteints de salmonellose après avoir consommé un produit d'alimentation infantile Lactalis avaient été recensés en France, ainsi que deux en Espagne et un autre probable en Grèce. Plusieurs centaine de plaintes ont été déposées. L'enquête préliminaire, qui dure depuis neuf mois, était toujours en cours fin août, selon une source judiciaire.

(Avec AFP)