Lactalis : Emmanuel Besnier sort enfin de son silence

Après une semaine de crise sanitaire visant du lait infantile fabriqué par le groupe français numéro un mondial du lait, son PDG a décidé de s'exprimer dans les médias. C'est une première pour ce patron réputé très discret. Il a justifié son silence par la nécessité de se consacrer à la résolution de cette crise. Il s'est dit inquiet pour les enfants atteints par la salmonellose, et promis d'indemniser les victimes.
Emmanuel Besnier, PDG de Lactalis, a promis d'indemniser les victimes.
Emmanuel Besnier, PDG de Lactalis, a promis d'indemniser les victimes. (Crédits : CHARLES PLATIAU)

"Le travail d'abord, la parole après": le PDG de Lactalis a justifié sa discrétion depuis le début de la crise de la salmonelle qui ébranle son entreprise, assurant qu'il avait donné la priorité à l'action.

C'est dans un entretien au Journal du Dimanche qu'Emmanuel Besnier a décidé de sortir de son silence. Il a promis d'indemniser "toutes les familles qui ont subi un préjudice" en raison d'une contamination à la salmonelle de produits du géant français du lait. Il a assuré avoir eu avant tout à l'esprit les conséquences de cette crise sanitaire pour les consommateurs, "des bébés de moins de six mois", a-t-il rappelé: "c'est pour nous, pour moi, une très grande inquiétude".

Les victimes seront indemnisées

Après la rencontre vendredi à Bercy entre M. Besnier et le ministre de l'Economie, Bruno Le Maire, le groupe Lactalis avait ordonné la reprise de tous les lots de lait infantile produits dans son usine de Craon (Mayenne), élargissant encore les rappels successifs lancés depuis début décembre.

Le patron du groupe a affirmé avoir lui-même proposé au gouvernement cette mesure qui s'étend à 83 pays. "Il faut mesurer l'ampleur de cette opération : plus de 12  millions de boîtes sont concernées", a-t-il révélé, assurant que les distributeurs n'auront plus à trier. "Ils savent qu'il faut tout retirer des rayons".

Trente-cinq enfants atteints de salmonellose ont été diagnostiqués en France après avoir consommé un lait ou un produit d'alimentation infantile de l'usine Lactalis incriminée, selon les derniers chiffres officiels au 9 janvier.

Un cas de salmonellose avéré a en outre été découvert en Espagne concernant un bébé ayant consommé de ce lait infantile contaminé et un autre cas reste à confirmer en Grèce.

Une tradition de discrétion

"Le groupe a communiqué sur de nombreux éléments, mais en réalité on me reproche de ne pas avoir pris la parole personnellement", a constaté Emmanuel Besnier, qui a justement rompu ce silence dans un long entretien publié par le Journal du Dimanche.

"Nous sommes une entreprise discrète. Ma famille a grandi dans une culture de la simplicité et de la discrétion, c'est aussi un peu la mentalité de notre région. Ici en Mayenne, c'est vrai, c'est le travail d'abord, la parole après", a encore dit M. Besnier, qui n'était pas venu s'exprimer face aux journalistes après sa visite à Bercy vendredi pour rencontrer le ministre de l'Economie Bruno Le Maire.

"C'est vrai, je ne suis pas d'une nature expansive. Dans une crise comme celle-là, on cherche d'abord à agir, et peut-être n'ai-je pas pris le temps nécessaire pour expliquer les choses, ce que je fais aujourd'hui", a encore dit M. Besnier.

Interrogé par le journal sur une éventuelle rencontre avec des associations de consommateurs, le PDG a assuré y être disposé.

"Nous sommes discrets mais nous ne refusons jamais de discuter avec personne : clients, consommateurs, autorités. Nous ne le faisons pas dans la lumière, mais nous allons à la rencontre des gens. Pour travailler, pas pour être vus", a-t-il résumé.

Bien qu'il occupe depuis près de 18 ans la tête du groupe familial, transformé en numéro un mondial du lait, M. Besnier cultivait jusqu'ici la discrétion, au point que son ancien ministre de tutelle Stéphane Le Foll avait confié ne pas l'avoir vu en cinq ans de mandat.

Les dernières photos en date dans les médias d'Emmanuel Besnier dataient au moins d'il y a une dizaine d'années. Jusqu'à celle qu'il a consentie au JDD et qui occupe la moitié basse de la "Une".

(Avec AFP)

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Commentaires 11
à écrit le 15/01/2018 à 15:04
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Il faudrait remettre un peu cette affaire en perspective. d'après cet article, 97 000 cas de salmonellose en 2012 en Europe. Cela permet de comprendre un peu mieux de quoi l'on parle ici. Par ailleurs, il faut bien différencier les cas de "scandales ...

à écrit le 15/01/2018 à 13:23
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Affaire #Lactalis et déficit du commerce extérieur , On l’oublie souvent mais comme l’écrit @bernard jomard l’#agroalimentaire est la première industrie du pays, c’est donc un secteur totalement stratégique. Les résultats des dernières années sont ...

à écrit le 15/01/2018 à 12:33
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Ce qui me préoccupe est de savoir ce que va devenir toute cette marchandise récupérée. Transformée en nourriture pour animaux, réellement incinéré ??? Curieusement personne n'en parle "tradition de discrétion" peut-être.

à écrit le 15/01/2018 à 11:57
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a liquider ! voila ou nous mène la politique économique du tout libéral pour quelques industriels qui font encore la loi en écrasant les petits avec 4 centrales d achats.. la réponse est entre les mains du consommateur

le 15/01/2018 à 14:48
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Et pratiquement, cela donne quoi? Du circuit court pour acheter auprès de l'agriculteur voisin de la poudre de lait pour vos enfants?... Mais oui, le consommateur est bien responsable de ses achats, et impacte dès lors les entreprises, leurs politiqu...

à écrit le 15/01/2018 à 9:24
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"Une tradition de discrétion" Tu m'étonnes... "Pratiques criminelles dans l’agroalimentaire" https://www.monde-diplomatique.fr/2017/09/HERMAN/57901

à écrit le 14/01/2018 à 19:24
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de tous ces milliardaires qu'on voit partout, qu'on entend partout, qui passent leur temps à cajoler le personnel politique et l'achète en finançant les campagnes électorales. Ça doit être ce qui explique le courroux de Lemaire à son endroit... trop ...

à écrit le 14/01/2018 à 18:41
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besnier est cuit ! besnier est grille !

le 15/01/2018 à 14:17
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si sa connerie donnait du lait, la France entière serait inondée

à écrit le 14/01/2018 à 17:28
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Qu'importe ce que peuvent penser les tiers de la communication de l'entreprise. Qu'importe ce que pensent les Ministres: ils ne font pas la Loi, laquelle est votée à l'Assemblée, et surtout, ils ne rendent pas de jugements, lesquels sont rendus par d...

à écrit le 14/01/2018 à 14:38
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Monsieur Besnier a bien raison ; est il important de voir sa tete ou sa photo dans la presse !? Non c est le voyeurisme à la française ou les médias aiment livrer des têtes ! Je me rappelle d une viSite d usine avec son père et avoir demande de nett...

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