Affaire Nutella : Intermarché renonce aux promotions à -70%

Par Anaïs Cherif  |   |  475  mots
Intermarché a proposé des pots de Nutella à 1,40 euros au lieu de 4,50 euros, la semaine dernière. (Crédits : © Dado Ruvic / Reuters)
Le groupe de distribution avait proposé des promotions agressives sur le pot de Nutella - vendu 1,40 euros au lieu de 4,50 euros. Des débordements ont été observés dans plusieurs supermarchés et Bercy a décidé de lancer une enquête. Conséquence : Intermarché renonce aux promotions jusqu'à -70%.

Les promotions jusqu'à moins 70%, c'est terminé chez Intermarché. C'est la promesse du patron du groupe dans une interview au Journal du Dimanche, alors que des réductions sur les pots de Nutella la semaine dernière ont dégénéré en bousculades dans certains supermarchés. La pâte a tartiner était vendue 1,40 euros au lieu de 4,50 euros.

"Les promotions à - 70 %, nous sommes maintenant dans l'obligation de les arrêter", affirme Thierry Cotillard en référence au projet de loi limitant de telles promotions, présenté mercredi en Conseil des ministres après les Etats généraux de l'alimentation.

Le ministre de l'Economie, Bruno Le Maire, avait demandé mercredi à l'enseigne de distribution de cesser de telles opérations après les empoignades qui ont suivi cette promotion lancée fin janvier.

Un "symptôme" pour Intermarché

"Nous en profitons pour présenter à nouveau nos excuses à nos équipes malmenées. Mais ces excès, et l'image qu'ils nous renvoient de notre société, doivent être lus comme révélateurs d'une vraie attente des consommateurs en termes de pouvoir d'achat", a ajouté Thierry Cotillard.

Conséquence de cette recherche de pouvoir d'achat supplémentaire, le patron d'Intermarché a minimisé la responsabilité de son enseigne dans ces événements.

"Nous ne serions être tenus pour responsables de ce qui est un symptôme", a-t-il dit. "Nous n'avions pas imaginé une telle effervescence. Il y a eu de réels débordements physiques dans une dizaine de magasins, et beaucoup d'incivilités ailleurs", a-t-il ajouté.

Le patron assure que l'opération de promotion sur le Nutella "n'a pas été réalisée sans partenariat avec le groupe Ferrero" tout en reconnaissant que c'est Intermarché qui a fixé le prix de vente. En effet, le fabricant de Nutella s'était désolidarisé de cette opération, et avait souligné que "cette promotion a été décidée de manière unilatérale" par Intermarché.

"Impératif de compétitivité"

Intermarché va de son côté poursuivre de grosses opérations commerciales sur le non-alimentaire, a dit son patron. "Concernant les produits non agricoles ou fortement transformés par les multinationales agroalimentaires, nous continuons à recevoir de leur part des propositions de campagnes de réduction de prix entre 30 et 50 %. Les consommateurs le souhaitent", a-t-il dit.

"La compétitivité prix reste un impératif. Nous demandons que le plafonnement des promotions soit limité aux produits alimentaires ayant un lien direct avec l'agriculture", a ajouté le patron de l'enseigne.

Le projet de loi sur l'alimentation présenté mercredi est censé mettre fin à la guerre des prix entre distributeurs, et redonner un peu d'air aux agriculteurs.

Il prévoit un"encadrement" des promotions et de relever le seuil de revente à perte (SRP) de 10 %, c'est-à-dire que les produits devront être vendus au moins 10 % au-dessus de leur prix d'achat.

(avec agences)