Essai auto : Volvo V70 Drive, petit moteur dans un grand break

Avec son diesel de 110 chevaux seulement, cette grande Volvo devient très sobre. La douce ambiance scandinave est préservée. Confortable et rassurante, la voiture pâtit toutefois d'un moteur limité.

Surtout spécialisé dans les gros modèles, Volvo doit impérativement réduire ses consommations et ses émissions de C02. Obligé d'agir vite et avec des moyens réduits, le suédois n'a pas trouvé d'autre moyen que de monter un petit moteur dans une... grosse carrosserie. Le diesel de 1,6 litre de cylindrée à peine est certes une excellente mécanique, issue des accords de coopérations entre PSA et Ford - auquel Volvo appartient pour le moment. Mais, si ce groupe motopropulseur officie avec à-propos dans une Peugeot 308 compacte, il doit ici affronter un... poids conséquent. La V70 ainsi équipée pèse en effet près de 1,7 tonne à vide !

Nous nous attendions donc à la catastrophe, à savoir un veau lymphatique inapte à suivre une petite Renault Clio à la moindre côte. Vu nos craintes, nous avons plutôt eu... une bonne surprise. Car la douceur de ce moteur très linéaire limite les dégâts. Une fois lancée, la V 70 Drive déploie beaucoup de bonne volonté. Et, sur route ou autoroute, du moins sur terrain plat, les 110 chevaux galopent sans problèmes. Mais, l'enthousiasme doit être immédiatement tempéré... Il est en fait indispensable de laisser le compte-tours au-dessus de la zone des 1.500 tours-minute. Au-delà, ça va. Mais, en-dessous, c'est l'atonie.

Pour démarrer, il faut ainsi légèrement emballer le moteur et doser l'embrayage avec précaution. Il est même nécessaire de le faire patiner en côte, proportionnellement au pourcentage de la pente. Sinon, on cale. Ensuite, il faut très souvent manipuler la boîte, pour rétrograder au moindre ralentissement. Monter une côte à basse vitesse requiert même souvent de passer la première. Heureusement, la merveilleuse fluidité de la transmission facilite les choses. Il est quand même surprenant de voir une telle voiture à la carrosserie aussi flatteuse peiner autant à bas régime.

L'agrément mécanique d'une V70 Drive ne correspond donc pas tout à fait à se qu'on attend d'un haut de gamme à 35.000 euros. Volvo est allé un peu loin dans un mariage a priori contre-nature. Les flottes seront peut-être attirées. Mais un particulier aura intérêt à débourser 2.100 euros de plus (en finition de base Kinetic) pour accéder au moteur 2,0D de 136 chevaux, autrement plus vivace et en phase avec le gabarit et le statut de ce grand break. Evidemment, en contrepartie de ce caractère lymphatique en bas du compte-tours, la voiture affiche une réelle sobriété. 6,4 litres aux cent kilomètres en moyenne, avec beaucoup de parcours urbains, c'est très satisfaisant pour une voiture de ces dimensions. Et, avec un réservoir de 70 litres, on dispose d'une grande autonomie devant soi. Espérons que, dans son zèle, Volvo ne monte pas prochainement le 1,4 litre de 70 chevaux de la Peugeot 207...

En-dehors de l'aspect mécanique, on retrouve ce qui fait le charme d'une Volvo, c'est-à-dire une douceur d'ensemble extrêmement plaisante. L'ambiance scandinave, paisible et accueillante, invite au voyage. L'habitacle aux teintes douces de notre modèle d'essai était chaleureux, bien fini, avec des formes dénuées d'agressivité, des sièges confortables, des commandes bien placées - à l'exception notoire de la minuscule molette d'allumage des phares au tableau, impossible à trouver sans tâtonnements !

Signalons la climatisation efficace, digne d'un modèle conçu dans le grand nord. Sans être géante, l'habitabilité est très correcte, tout comme le coffre aux formes géométriques fort logeables qui font pardonner une hauteur mesurée sous tablette. Nous sommes en revanche moins emballés par la position de conduite, mieux adaptée aux grands gabarits qu'aux petits. Le réglage du volant manque notamment de débattements en hauteur et en profondeur.

La longue carrosserie de ce grand break se révèle pour sa part élégante, solide et immédiatement identifiable comme une Volvo. La firme de Göteborg a trouvé un style très personnel, équilibré, imposant mais dénué d'arrogance. Une Volvo doit être cossue et pas "m'as-tu-vu". Une subtile alchimie qui ne la fait ressembler à aucune autre.

Les suspensions, rabaissées pour un meilleur aérodynamisme, sont un peu sèches sur petites inégalités. Mais, le montage de pneus Michelin à faible résistance au roulement dont les flancs sont plus hauts compense. De toutes manières, à part sur ces petites inégalités abordées à faible vitesse, le confort apparaît globalement souverain et constitue un des points forts de la voiture. Le comportement routier est rassurant, même s'il n'aime pas les changements d'appui brusques. Mais, avec un moteur si limité, il y a peu de danger qu'on violente la voiture. Une Volvo est surtout faite pour être conduite sereinement. Et, dans ce cas, la satisfaction sera de mise. Avec un sentiment de sécurité très agréable. A noter le très bon freinage, mais aussi un rayon de braquage traditionnellement élevé, qui rend les man?uvres parfois fastidieuses.

Les Volvo ne sont pas données et la V70 Drive n'échappe pas à la règle. Disponible à partir de 33.900 euros en livrée Kinetic déjà très généreuse, elle se monte à 35.650 euros dans la livrée Momentum de l'essai, avec sièges en beau cuir, incrustations de bois véritable, radars de stationnement avant et arrière. On pourra aussi compléter l'équipement avec plein d'options, notamment "high tech". Le système de navigation, complexe à manier, est à 2.820 euros. Pas donné. Le régulateur adaptatif de vitesse et de distance couplé à l'anticipation de collision avec freinage automatique est à 1.900 euros, la surveillance anti-angles morts à 500 euros. Ce dernier système est assez intrusif et clignote trop en ville.

Signalons au passage que le louable souci de sécurité de la marque rend ses véhicules souvent agaçants. Le bip-bip de ceinture non bouclée s'enclenche ainsi dès 5 kilomètres-heure et émet un insupportable sifflement à provoquer une crise de nerfs dans les man?uvres de parking. Surtout quand il s'y ajoute la stridence des radars de stationnement, qui s'enclenchent trop tôt. Mais, heureusement, ceux-là, on peut les couper.

Il est difficile de faire des comparaisons avec la concurrence allemande, car aucune marque de haut de gamme germanique ne propose de vraie rivale à la V70 Drive avec un si petit moteur. Disons que, globalement, une Volvo coûte moins cher qu'une Audi ou une BMW, mais plus qu'une Volkswagen ou un autre modèle de marque généraliste au volume habitable correspondant. Par ailleurs, les pièces détachées Volvo sont réputées assez onéreuses. Ceci dit, les Volvo sont considérées en général comme fiables et elles vieillissent bien. Il s'agit donc d'un investissement à long terme. En fait, il s'agit ici d'une excellente voiture, reposante et onctueuse. Son vrai défaut, dans cette version Drive, c'est une motorisation trop juste. Avec le moteur 2,0D, notre note finale aurait été bien supérieure.

Prix du modèle essayé : Volvo V70 1,6 Drive Momentum : 35.650 euros
Puissance du moteur : 110 chevaux (diesel)
Dimensions : 4,82 mètres (long) x 1,86 (large) x 1,55 (haut)
Qualités : douceur générale, confort de bon aloi, véhicule rassurant, ambiance agréable et flatteuse, sobriété
Défauts : reprises anémiques, démarrages en côte pénibles, position de conduite perfectible
Concurrentes : Opel Insignia Sports Tourer 2,0 CDTi 110 Cosmo : 29.200 euros ; Skoda Superb Combi 1,9 TDi Elégance : 29.210 euros : VW Passat break 2,0 TDi 110 Carat : 31.130 euros

Note : 14 sur 20

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Commentaire 1
à écrit le 19/02/2010 à 19:23
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il est dommage que votre essayeur oublie dans les concurrentes toutes les françaises équipées d'un mêmes moteur de petite cylindrée : RENAULT Laguna Estate, CITROEN C5 Tourer 110cv, PEUGEOT 407 110cv, mais il est vrai que ce monsieur n'aime pas les f...

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