Les cabriolets "Dolce vita" sont de retour... malgré la mode des 4x4

Par Alain-Gabriel Verdevoye  |   |  770  mots
Jaguar F-Type
Le marché des cabriolets a chuté de moitié en France sur deux ans. Mais certains constructeurs persistent et signent avec des nouveautés comme la Citroën DS3, dont 8.000 unités ont déjà été vendues en Europe. Pas mal. Volkswagen, Opel, Jaguar sont sur les rangs. Problème: bien des amateurs de cabriolets sont passés... aux 4x4 à la mode.

On les disait finis, passés de mode au profit des "SUV" (4x4)…Pourtant, plusieurs constructeurs refusent de déclarer forfait et croient encore à la « Dolce vita ». De quels véhicules s'agit-il ? Des cabriolets, pardi. Citroën a ainsi lancé avec succès en janvier dernier sa très mignonne DS3 Cabrio, dont 8.000 unités ont déjà été écoulées en Europe et 3.000 sur le seul Hexagone. Pas mal pour ce petit véhicule assemblé à Poissy en région parisienne. On est dans la fourchette haute des objectifs initiaux. Volkswagen rencontre également un engouement certain pour sa dernière Coccinelle décapotable délicieusement « rétro », qui rappelle la Coccinelle originelle de 1949. Et ce n'est pas fini. Opel livre actuellement ses premières Cascada, qui abandonnent le toit rigide escamotable des précédentes Astra pour une capote souple traditionnelle qui lui donne une ligne bien plus racée. Jaguar lance son très joli roadster F-Type (à partir de 73.800 euros, quand même !), qui renoue avec les vieilles amours (la E de 1961) du prestigieux constructeur anglais.

Opel Cascada

Citroën DS3 Cabrio

BMW, Alfa Romeo, Toyota sur les rangs

BMW s'apprête à commercialiser sa Série 4 découvrable. Et l'italien Alfa Romeo a prévu, en association avec le japonais Mazda, de réinvestir un créneau qui fit tant pour sa notoriété avec les Giulietta de la fin des années 50 et début 60, puis le Duetto de 1966. Et ce, alors même que la 500C de sa maison-mère Fiat poursuit une jolie carrière avec 1.600 unités environ vendues encore au premier semestre en France. Même Toyota, dont ça n'a pourtant jamais été la spécialité, compte s'y mettre avec un modèle dérivé de la très belle étude de GT86 cabriolet présentée au salon de Genève, début mars. Les mythes ont la vie dure. En ces temps estivaux, quoi de plus agréable en effet que de se rêver cheveux au vent, Ray Ban sur le nez, dans une belle décapotable ?

 Ventes en chute de moitié

Pourtant, les ventes globales de découvrables chutent. 8.726 cabriolets seulement ont été immatriculés sur le marché auto français (durant les six premiers mois de 2013), contre 13.653 l'an dernier sur la même période… et 17.769 au premier semestre 2011, selon les chiffres du CCFA (Comité des constructeurs français d'automobiles). En deux ans, le segment, qui ne représente plus que 1% du marché total, a fondu de moitié ! Les décapotables reculent en effet au profit des « SUV » (4x4) à la mode. Le créneau des véhicules tous chemins (vrais ou faux 4x4) a atteint, lui, plus de 154.370 unités au premier semestre en France. Soit 16,6% du marché total (contre 14,7% il y a un an et 12,2% sur six mois 2011). Dans notre monde européen en crise obsédé par l'insécurité, l'heure n'est pas à des véhicules hédonistes dans lesquels on a l'impression de s'exposer au regard - voire à l'agressivité - des autres… sans protection. On préfère au contraire les engins hauts d'apparence solide, censés mieux protéger contre un monde extérieur supposé hostile.

Certains constructeurs renoncent

D'ailleurs certains constructeurs renoncent. Peugeot ne prévoit pas à ce stade de successeur pour sa 308 CC (cabriolet à toit rigide escamotable), pas plus que Volvo pour sa C70. Ford n'a pas davantage reconduit le coupé-cabriolet sur sa dernière Focus compacte. Ces véhicules coûtent cher à concevoir et produire car il faut les renforcer par rapport aux berlines desquels ils dérivent. En plus, ils s'alourdissent et se retrouvent donc pénalisés au niveau des émissions de C02, sauf à créer de « faux » cabriolets comme… la DS3 qui conserve en fait toute sa structure et n'offre qu'un simple toit ouvrant en toile - mais qu'importe, c'est déjà ça!

La Chine pas intéressée

Les cabriolets pâtissent également de places arrières quasi-inutilisables et souffrent d'un coffre réduit à la portion congrue. Par ailleurs, à l'heure où les voitures sont pensées mondialement, il y a un vrai hic : le premier marché du monde, la Chine, n'est pas intéressé par ce type de véhicules. L'Asie en général et l'Amérique du sud ne sont guère davantage férues de ce type de carrosserie, considéré - à tort -comme peu sûr. Et, même en Amérique du nord, ces voitures sont marginales. Du coup, ça réduit les volumes mondiaux potentiels, d'où un problème d'économies d'échelle nécessaires à la viabilité financière des modèles.