Les ventes de voitures sont en berne. Rien à faire. Entre la crise économique et une politique générale anti-voitures (restrictions de circulation dans les villes, réductions des places de stationnement, multiplication des radars, bonus-malus pénalisant…), le marché auto français a plongé de presque 10% sur sept mois.

Pourtant, dans le marasme ambiant avec son cortège de fermetures d'usines en Europe (Aulnay en France, Bochum en Allemagne, Genk en Belgique…) et de chômage partiel dans les usines, une seule catégorie de véhicules triomphe insolemment : les « SUV », alias « Crossovers », c'est-à-dire des engins surélevés au style baroudeur ayant l'allure d'un 4x4, mais le plus souvent sans aucune aptitude à une quelconque escapade hors du bitume. Il s'agit en fait de braves berlines rehaussées et recarrossés en prétendus aventuriers des… trottoirs.

 16,6% de part de marché

Il s'est immatriculé 154.370 de ces 4x4 ou assimilés au premier semestre 2013 dans l'Hexagone, comme l'an dernier sur la même période, selon les chiffres du CCFA (Comité des constructeurs français d'automobiles). Une prouesse, alors que toutes les autres catégories de véhicules sont en chute sur un marché baissier. Ces modèles s'arrogent 16,6% du marché automobile français (au premier semestre 2013)… contre 14,7% il y a un an, 12,2% sur la période janvier-juin 2011 !

C'est désormais le deuxième type de carrosserie le plus populaire en France derrière les berlines (57,4%), et devant les monospaces (15,2%) - une spécialité traditionnelle française, pourtant -, alors que, en 2012, ces derniers précédaient encore largement les 4x4 (vrais et faux).

Renault Captur

Les petits modèles génèrent le tiers des ventes

Quel engouement ! Pourtant, il y a peu encore, ces véhicules étaient vilipendés par les prétendus écologistes sous prétexte qu'ils étaient massifs, voraces et fort émetteurs de C02. Seulement, voilà : ce segment a complètement changé. Les gros tout-terrains purs et durs ne représentent plus qu'une infime minorité de ces « SUV ». Les petits véhicules génèrent dorénavant le tiers des ventes de ce segment, les modèles compacts plus de 60%. D'ailleurs, la première vente en France est aujourd'hui le fait du Peugeot 3008, qui tient davantage du monospace que du 4x4, puisque, à part la version hybride, il n'est pas disponible avec une transmission aux quatre roues. C'est un véhicule à simple traction avant, incapable donc de la moindre prestation 4x4. Il s'en est écoulé 21.800 sur six mois en France.

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Nissan Qashqai

Le 3008 familial devance le pionnier du genre, le Nissan Qashqai (16.900), disponible lui avec une transmission aux quatre roues même si l'écrasante majorité des ventes se fait avec des versions à deux roues motrices seulement. Le Dacia Duster à bas coûts, disponible au choix en version 4x4 ou à deux roues motrices, arrive en troisième position (14.800 sur six mois), devançant le tout nouveau petit Renault Captur (11.300), uniquement vendu comme le 3008 en traction avant.

Peugeot 2008

 Les Français sont arrivés tard

Alors que les vrais 4x4 étaient historiquement japonais (Toyota, Nissan, Mitsubishi, Suzuki…), coréens (Hyundai, Kia), britannique (Land Rover) ou plus récemment allemands (BMW, Mercedes, Audi, Volkswagen) sans parler du petit Fiat Panda 4x4 italien, les français se sont engouffrés avec retard dans ce créneau, avec les Peugeot et Citroën réalisés en collaboration avec Mitsubishi, le Renault Koleos à technologie Nissan et produit par Renault Samsung en Corée, ainsi que le Dacia Duster roumain (Renault).

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Mais, outre le Dacia, le gros des ventes des marques tricolores se fait aujourd'hui à travers des modèles comme le 3008, dérivé de la berline 308, le Captur, issu de la petite Clio IV, et maintenant le 2008, extrapolé de la citadine 208.

Côté protecteur et rassurant

Dans notre monde obsédé par l'insécurité et le principe de précaution, le 4x4 ou assimilé remporte les suffrages, car il est perçu comme plus robuste (à tort) et protecteur par sa position de conduite haute ainsi que sa carrosserie visuellement plus massive que celle des modèles ordinaires. En outre, le 4x4 a un côté libertaire puisqu'il évoque les escapades dans la nature ( !) et est ressenti comme plus valorisant qu'un monospace assimilé à une camionnette.

Avantage pour les constructeurs : ces pseudo-4x4 à la mode, qui offrent à peu près les prestations d'un monospace ou d'un break avec les mêmes niveaux de rejets de C02, peuvent être facturés plus chers pour un coût de revient quasi-identique ! Bon pour les marges. Le « SUV » est tellement plébiscité que même les monospaces y vont maintenant de leur version grimée en aventurière, à grands renforts de plastiques noirs qui prétendent réinventer les braves pare-chocs de naguère, comme le Scénic X-Mod…