Marché auto : la France prend des airs de pays pauvre

Par Alain-Gabriel Verdevoye  |   |  558  mots
Renault Clio IV, la voiture la plus vendue en France.
Les petites voitures représentent 52% des immatriculations en France, contre 41% de moyenne en Europe occidentale. Les modèles de catégorie moyenne supérieure ou de haut de gamme sont de plus en plus sous-représentés. Dur pour les constructeurs tricolores d'assurer leurs marges.

La France, marché de pays pauvre? Eh oui, de plus en plus! La part des petites voitures dans les immatriculations totales de véhicules y monte à flèche. Sur les neuf premiers mois de l'année, les modèles de segment "A" (entrée de gamme genre Dacia Sandero ou Fiat Panda) et "B" (citadines du type Peugeot 208 ou Renault Clio) se sont arrogées une part de marché de  52%.... contre moins de 50% il y a un an, selon le CCFA (Comité des constructeurs français d'automobiles).

D'ailleurs, sur les dix voitures les plus populaires dans l'Hexagone, on trouve six petites. La France se distingue donc sur le Vieux continent, puisque ces petits véhicules ne représentent que 41% du marché en moyenne sur l'Europe occidentale.

Les compactes (Renault Mégane, Peugeot 308) ont perdu quant à elles un point de marché en un an et pèsent désormais 31% du gâteau automobile français, en phase ici avec la moyenne ouest-européenne. En revanche, les  catégories supérieures sont extrêmement sous-représentées en France.

Chute des gammes supérieures

Les familiales de gamme moyenne supérieure (Peugeot 508, Citroën C5)  s'octroient 12% à peine du marché tricolore (14% il y a un an). On est ici très loin de la moyenne en Europe de l'ouest, où ces véhicules jadis populaires dans l'Hexagone sont à 17% du marché, pour le plus grand bonheur des constructeurs allemands qui placent leurs Volkswagen Passat, Audi A4, BMW 3...

Quant au haut de gamme, qui ne compte plus aucune voiture française sauf l'épiphénoménale Renault Latitude produite d'ailleurs en Corée, il pèse à peine 5% du marché hexagonal (6% en 2012).... contre 12% en Europe occidentale.

Pas étonnant que, forts pour leur part de la vigueur de leur marché intérieur, les Allemands aient quasiment éliminé tous leurs rivaux dans ce créneau où règnent  aujourd'hui Audi A6, BMW 5, Mercedes E, Et le super-malus concocté par le gouvernement socialiste va accentuer encore la tendance ainsi que le décrochage de la France par rapport au reste du Vieux continent.

Pas bon pour les marges

Cette structure de marché ne peut qu'être défavorable aux finances des constructeurs tricolores, qui se retrouvent de facto concentrés sur les créneaux hyper-concurrentiels des petites voitures à très, très faibles marges (sauf les Dacia et certains modèles chic comme les Mini, Fiat 500 ou DS3).

Facteur aggravant: ces petites, dont les français sont devenus de facto les spécialistes, se vendent mal hors d'Europe. Trop chères pour les brésiliens ou les indiens, elles sont trop minuscules pour les russes ou chinois.

La Twingo vient de Slovénie, la Dacia Sandero de Roumanie

Vu leurs coûts serrés, ces petites voitures favorisées (ou moins défavorisées) par la fiscalité prétendument écologique, sont souvent produites hors de France: la Twingo vient de Slovénie, la Dacia Sandero de Roumanie. Quant aux Clio et 208, elles sont partiellement produites en France, le reste étant assemblé respectivement en Turquie et en Slovaquie.

Les sites de Sandouville (Renault) et de Rennes (PSA), traditionnellement centrés sur les voitures moyennes supérieures (et naguère sur le haut de gamme aujourd'hui défunt) sont, eux, frappés de plein fouet par la "paupérisation" du marché tricolore. D'ailleurs, Sandouville sera reconverti dans les utilitaires...