Réduction du C02 des voitures : Berlin divise l'Europe

Par Alain-Gabriel Verdevoye (avec AFP)  |   |  492  mots
Une BMW Série 7
Berlin veut reporter à 2024 les futures normes d'émissions de C02 des voitures. Les représentants des 28 Etats membres de l'Union européenne n'ont pas réussi à se mettre d'accord ce vendredi. La décision est reportée au 14 octobre

L'Allemagne parviendra-t-elle à imposer un report des normes sur le CO2 des voitures en Europe? En tous cas, les représentants des 28 Etats membres de l'Union européenne ne sont pas parvenus à s'entendre ce vendredi. Faute d'accord, ils ont du coup renvoyé leur décision au 14 octobre, à l'occasion d'une réunion des ministres européens de l'Environnement prévue à Luxembourg.

Pour soutenir son industrie automobile florissante et spécialisée dans le haut de gamme, Berlin veut différer à 2024, au lieu de 2020, la réduction des émissions de CO2 des voitures particulières à 95 grammes par kilomètre. Berlin ne souhaite pas handicaper ses constructeurs par rapport à la concurrence extra-européenne.

Les français pas d'accord

A l'inverse, les constructeurs français et italien, qui fabriquent essentiellement des petits véhicules émettant de facto moins de C02,  ont évidemment moins d'efforts à faire et voient dans cette limitation de Bruxelles une... bonne façon de handicaper leurs rivaux allemands trop triomphants. Paris est favorable au statu quo.

Un accord avait été trouvé entre les capitales européennes et le Parlement européen pour fixer à 95 grammes de CO2 le plafond d'émissions de gaz à effet de serre des voitures particulières d'ici à 2020. L'Allemagne avait d'ailleurs initialement accepté cet accord, mais la Chancelière Angela Merkel, poussée par ses constructeurs, veut désormais un délai supplémentaire.

Sept pays approuvent Berlin

Revenir sur un accord déjà conclu serait sans précédent dans l'Union, ont fait remarquer les représentants de plusieurs capitales. Sept pays (Estonie, Hongrie, Pologne, Portugal, République tchèque, Royaume-Uni et Slovaquie) approuvent toutefois a priori la demande allemande. Les autres pays ont refusé ou ne se sont pas prononcés.

La demande présentée par l'Allemagne prévoit de permettre aux constructeurs de ne réaliser que 80% de l'objectif de réduction en 2020 et d'arriver par étapes à 100% en 2024. Selon un calcul de l'ONG Transport et Environnement, "cela aurait pour conséquence de limiter la réduction des émissions à 104 grammes de CO2 en 2020", ce qui ne serait pas si mal, puisque  les émissions moyennes de l'Union étaient de 132 grammes en 2012.

Voitures non polluantes

L'accord européen initial donnait  quand même la faculté aux constructeurs de dépasser le plafond des 95 grammes à hauteur de 2,5 gramme de CO2 au kilomètre chaque année, pendant une période de transition de 2020 à 2023, à condition de compenser en développant des véhicules électriques ou hybrides rechargeables non polluants. C'est ce qu'on appelle les "super-crédits". Mais ce plafond de dépassement est jugé insuffisant par les constructeurs d'outre-Rhin.

Le dossier empoisonne les relations européennes depuis plusieurs mois. La Chancelière Angela Merkel est intervenue personnellement sur ce dossier début juillet. Berlin a déjà forcé la main de ses partenaires pour différer la prise de décision  et la reporter après les élections législatives en Allemagne, ce qui a été le cas, souligne une source européenne.