Des Renault rouleront aux Etats-Unis... sous le label Mitsubishi

Par Alain-Gabriel Verdevoye  |   |  678  mots
C'est la remplaçante de la Renault Latitude qui devrait être commercialisée par Mitsubishi aux Etats-Unis
Le successeur de la Renault Latitude, produit en Corée, devrait être lancé aux Etats-Unis sous la marque Mitsubishi. Un grand retour... depuis le retrait de Renault outre-Atlantique en 1987.

Paradoxe des accords de coopération annoncés mardi entre Renault et les constructeurs japonais Nissan ainsi que Mitsubishi : le français va revenir aux Etats-Unis. Si, si ! Indirectement, certes. Mais ce sera une grande première depuis le retrait de Renault du marché d'outre-Atlantique en 1987. Des  Renault devraient donc rouler à nouveau vers le milieu de la décennie aux States.

En effet, les accords prévoient que Renault produira dans son usine coréenne de Busan un futur modèle, qui devrait être le remplaçant de la grande berline Renault Samsung SM5 (nommée Renault Latitude en Europe). Et  ce véhicule sera exporté vers les Etats-Unis, ainsi que le Canada, sous la marque nippone Mitsubishi. Une étude de faisabilité est en cours. Ce sera une très lointaine remplaçante de la fameuse Premier, cette R25 à quatre portes que Renault avait lancée en 1987 aux Etats-Unis, juste au moment de son pitoyable retrait du marché américain. Quelle histoire!

Echecs répétés aux Etats-Unis

Renault a mené plusieurs offensives aux Etats-Unis dans le passé, mais elles ont toutes avorté. Dans les années cinquante, il avait connu un certain succès avec sa Dauphine. Mais, las. Les voitures rouillaient. Et, très vite, le succès est retombé, obligeant la Régie, croûlant sous les stocks d'invendus, à se retirer sur la point des pieds. Puis, plus sérieusement, à la fin des années 70, le constructeur tricolore est reparti à l'assaut. Il met alors un pied dans les camions de Mack Trucks, qu'il rachète progressivement. Mais, comme l'activité poids-lourds de Renault a été cédée en 2011 au suédois Volvo, Mack a été intégré au groupe scandinave. Exit Renault.

La Renault Alliance cabriolet, une R9 produite aux Etats-Unis dans les années 80

Rachat d'AMC en 1979... revendu en 1987

En ce qui concerne l'automobile, Renault a pris en 1979 le contrôle du quatrième constructeur automobile américain AMC en grave difficulté. AMC avait connu son heure de gloire dans les années 60 avec les Rambler, des grandes berlines assemblées notamment en Belgique pour l'Europe où elles étaient vendues par Renault! En 1979, AMC ne vaut certes plus grand chose. Mais le consortium détient une pépite, la marque Jeep, en mauvaise posture mais à l'image encore emblématique

En 1983, la firme française américanise sa berline compacte R9, qu'elle  industrialise aux Etats-Unis. Appelée Alliance, elle connaît un succès immédiat dans la foulée du deuxième choc pétrolier. Une version inédite découvrable est même lancée. La R11 (une R9 cinq portes) sera aussi fabriquée sous le nom d'Encore. Malheureusement, la fiabilité de ces voitures, trop vite mises aux normes américaines, ne suit pas. Et le soufflé retombe aussi vite que le succès. Comme feu la Dauphine.

Renaissance de Jeep grâce aux français

Renault comprend qu'il lui faut lancer une vraie voiture américaine, plus grande et plus conforme aux goûts des clients d'outre-Atlantique. Ce sera la Premier, sur base de R25. Un dérivé coupé baptisé Allure est prévu. Parallèlement, l'équipe des ingénieurs de Renault, décidément créative et prolixe, relance la marque Jeep avec le Cherokee, un 4x4 compact qui sera à l'origine de la renaissance du label aux Etats-Unis. Avec des diesels Renault, les modèles Jeep sont d'ailleurs exportés vers l'Europe. Bref, Renault se mondialise.

 Mais las, vu la situation financière catastrophique de Renault, le PDG Raymond Lévy prend la funeste décision de revendre AMC à Chrysler en 1987, alors même que le redressement commence à porter ses fruits. Une erreur stratégique majeure.... qui sonnera définitivement le glas de l'aventure américaine de Renault ! Chrysler a bien commercialisé au compte-gouttes les Renault Premier sous la marque Eagle jusqu'en 1992. Mais le modèle n'a pas laissé un souvenir impérissable dans le coeur des (rares) clients! A travers Mitsubishi, l'aventure va-t-elle recommencer?

La Premier aurait dû être la première vraie Renault américaine en 1987