CO2 des voitures : Berlin obtient (partiellement) gain de cause en Europe

Par Alain-Gabriel Verdevoye  |   |  408  mots
Une grosse BMW 7 rejette forcément plus de CO2 qu'une Renault Twingo
Bruxelles accepte d'accorder un délai de deux ans supplémentaires aux constructeurs, pour s'adapter aux futures normes très contraignantes sur les rejets de C02 des voitures neuves. Berlin exigeait ce délai, mais souhaitant le porter à quatre ans...

L'Allemagne a obtenu partiellement gain de cause en Europe sur les futures normes d'émissions de C02 des voitures particulières. Bruxelles a décidé en effet de différer de 2020 à 2022 l'objectif de réduire les rejets de CO2 des voitures particulières neuves de plus de 130 grammes aujourd'hui à 95 grammes par kilomètre en moyenne, et donc de donner deux ans de plus aux constructeurs. La chancelière Angela Merkel exigeait un délai supplémentaire de quatre ans.

Accord doit être avalisé par les Etats

"Un accord sur le CO2 des voitures a été trouvé", a annoncé mardi le président social-démocrate de la Commission de l'environnement du Parlement européen sur son compte twitter. L'accord dégagé à l'issue d'une réunion entre la présidence lituanienne de l'Union européenne, la Commission et le Parlement doit encore être approuvé par les Etats membres. Le gouvernement allemand doit notamment avaliser ce compromis. L'enjeu financier est important, car des amendes conséquentes sont prévues, soit 95 euros par gramme de dépassement à partir de 2019. 

Ce compromis est loin toutefois de répondre entièrement aux demandes des constructeurs allemands. L'obligation de réduire les émissions moyennes des voitures neuves dans l'Union à 95 grammes au kilomètre interviendra en fait dès la fin de l'année 2020. Mais, des bonifications (les "super-crédits") - qui permettraient aux constructeurs de compenser les niveaux d'émissions des véhicules à forte consommation par celles, plus faibles, des voitures hybrides rechargeables ou électriques, même si celles-ci sont vendues à de très faibles volumes - seront accordées. Et, grâce à ces véhicules,  les constructeurs pourront reporter ce délai jusqu'à 2022, a-t-on expliqué de source européenne.

Les allemands spécialistes des gros véhicules

Les constructeurs allemands, orientés vers le haut de gamme et dont la situation est plutôt florissante grâce notamment aux excellentes ventes de leurs berlines à hautes performances ou leurs 4x4 à fortes marges hors d'Europe, produisent des véhicules plus gros et puissants que Renault, PSA ou Fiat. Logiquement, ceux-ci émettent plus de CO2 au kilomètre, puisque ces émissions sont corrélées aux consommations.

Les constructeurs français étaient réticents à accorder un délai, qui favoriserait les constructeurs allemands. Orientés essentiellement vers les petits véhicules - à leur grand dam -, Renault et PSA trouvent dans ces futures contraintes l'occasion de...  créer de gros problèmes à leurs rivaux germaniques trop triomphants...