Ford embauche aux Etats-Unis où ses usines tournent à plein régime

Par Alain-Gabriel Verdevoye, à Detroit  |   |  893  mots
La toute nouvelle Ford Mustang arrivera cette année aux Etats-Unis
Ford fait tourner la plupart de ses sites industriels aux Etats-Unis 24 heures par jour. Le groupe automobile affirme avoir réalisé en 2013 une belle marge opérationnelle en Amérique du nord de 9,5 %. En Europe, par contre, ça va mal !

Ford va mal en Europe, où il a perdu beaucoup d'argent ces derniers temps, avec des ventes en chute. En revanche, sur son marché intérieur, le groupe de Dearborn (Michigan) est en pleine forme. Il a enregistré un bond de 10,8 % de ses ventes aux États-Unis à plus de 2,49 millions d'unités en 2013. Soit une croissance très supérieure à celle du marché dans son ensemble. Les immatriculations totales de véhicules neufs aux États-Unis ont progressé en effet de 7,6 % seulement  l'an passé à 15,6 millions.

La part de marché de Ford atteint 16 %. Le constructeur a essentiellement augmenté ses volumes dans les "trucks" (+ 13 % à presque 830.000 véhicules), une catégorie typiquement américaine qui comprend les camions, fourgons et surtout les gros pick-ups. Et ce, malgré la fin de vie de son fameux "F", qui sera renouvelé cette année. Ce "vieux" F a même réalisé sa meilleure vente depuis 2006.

Numéro trois des hybrides

Mais Ford a amélioré aussi ses scores outre-Atlantique dans les voitures de tourisme (+ 10 %) grâce à la nouvelle berline de gamme moyenne supérieure Fusion, qui préfigure ce que sera la future Mondeo européenne, prévue pour une production en Espagne au second semestre 2014. Ford en a même écoulé aux États-Unis 43.400 exemplaires l'an dernier en version... hybride. C'est le troisième véhicule hybride le plus vendu aux States, derrière deux Toyota. Dans le segment des 4x4, les ventes de Ford ont augmenté de 9 %, avec en particulier le nouvel Escape, un "SUV" compact produit également en Europe sous le nom de Kuga II.

Si la marque Ford s'en sort bien aux États-Unis, son label haut de gamme Lincoln reste en revanche à la traine. Ses volumes ont  même reculé de 0,6 %. La vieille marque, dont la moyenne d'âge des clients est très élevée, a trouvé moins de 82.000 preneurs à peine. Pas très glorieux. On est très loin des scores des marques "premium" germaniques. C'est presque quatre fois moins que les volumes de Mercedes ou BMW aux Etats-Unis mêmes. Et comme Lincoln n'exporte quasiment pas...

Usines tournent à plein

Aux États-Unis, "la plupart de nos usines tournent à plein régime en trois équipes 24 heures par jour. Et on a besoin de capacités supplémentaires", expliquait à "La Tribune", dans le cadre du salon de l'auto de Detroit, Jim Farley, patron des ventes mondiales du groupe à l'ovale bleu. Pas comme en Europe, où la firme, en pleines surcapacités, a prévu la fermeture de plusieurs sites, dont l'usine phare de Genk en Belgique

Ford a annoncé en décembre dernier qu'il prévoyait de moderniser ou d'agrandir sept usines aux États-Unis, où quinze modèles doivent être lancés cette année. Ford compte embaucher 1.700 opérateurs et 3.300 techniciens et ingénieurs outre-Atlantique. Le groupe a parallèlement  confirmé la construction d'une usine de mécanique en Chine à Chongqing et d'un autre site au Brésil.

Le plein de nouveautés

Ford fait le plein de nouveautés. Les futures Mustang emblématiques et le prochain pick-up F arriveront cette année outre-Atlantique. Ford  prépare par ailleurs l'industrialisation du Transit (2 tonnes) à Kansas City, un utilitaire tiré de sa gamme européenne. C'est la première fois qu'il uniformise ainsi son offre des deux côtés de l'Atlantique.

Car, contrairement à GM et Chrysler, Ford ne se contente de réaliser quelques plates-formes communes. Il parie, pour l'essentiel de sa gamme, sur des modèles identiques dans le monde entier.  Après la petite Fiesta, la compacte Focus, le 4x4 compact Escape-Kuga, les berlines de gamme moyenne Fusion-Mondeo, c'est donc au tour des utilitaires de prendre le chemin de l'uniformisation. Avec, à la clé, de très grosses économies d'échelle.  "Sur la plate-forme des compactes, on a déjà produit en 2013 largement plus de 2 millions d'unités, dont 1,2 million de Focus (berline et break)", souligne Jim Farley.

Belles marges en Amérique du nord

A la mi-décembre, le groupe américain avait annoncé qu'il anticipait pour 2013 un bénéfice imposable, hors exceptionnels, de l'ordre de 8,5 milliards de dollars (6,5 milliards d'euros), et pour 2014 de 7 à 8 milliards. Ford  précisait que son estimation de résultat pour 2013 en ferait une année  "parmi les meilleures dans l'histoire de Ford". Le résultat est attendu en hausse par rapport aux profits de  2012 (8,3 milliards de dollars, 6,6 milliards d'euros). Les profits proviennent quasi-intégralement d'Amérique du nord, où Ford vise un bénéfice de 8,34 milliards de dollars pour 2013.

Sur le continent nord-américain, la firme table pour 2013 sur une marge très confortable de 9,5%. En 2014, celle-ci devrait néanmoins reculer, se situant entre 8 % et 9 %. Les résultats définitifs pour 2013 seront communiqués à la fin du mois. Ford devrait être toutefois un peu en-dessous de l'équilibre en Amérique sud en 2013. Et il n'espère revenir à l'équilibre financier en Europe  qu'en 2015 seulement...

Un porte-parole de Ford a confirmé il y a quelques jours qu'Alan Mulally, le patron opérationnel du groupe, devrait rester au sein du groupe encore cette année. Considéré comme le principal artisan du redressement de la firme avec notamment son plan "One Ford" destiné à produire les mêmes modèles dans le monde, cet ancien dirigeant de Boeing âgé aujourd'hui de 68 ans est arrivé chez Ford en 2006. Il est d'ailleurs le PDG automobile le mieux payé dans le monde.