Les ventes de diesels chutent... Pas bon pour le CO2

Par Alain-Gabriel Verdevoye  |   |  568  mots
La Peugeot 108 n'est pas proposée en diesel
La part du diesel dans les ventes de voitures neuves a chuté à 65% en France, contre 73% il y a deux ans. Problème: les voitures à gazole polluent plus mais émettent moins de C02!

Le diesel? Ca baisse. Au premier trimestre, 65% des voitures neuves seulement carburaient au gazole. Contre 69,3% sur les trois premiers mois de  2013, 73% en 2012... et 77% en 2008. La part croissante des mini-voitures dans le marché en France fait chuter la part du diesel. Car les modèles à gazole étant plus onéreux à l'achat, la plupart des "petites" ne sont plus proposées aujourd'hui qu'avec une motorisation à essence. Les nouvelles Renault Twingo, Peugeot 108 ou Citroën C1 II ne proposent ainsi aucune motorisation diesel.

L'an passé, la France était toutefois championne du diesel en Europe, derrière le Luxembourg, l'Irlande et le Portugal mais devant Espagne (66,3%). La France reste nettement au-dessus de la moyenne ouest-européenne (53,3% en 2013).

Renchérissement des véhicules

La part du diesel va continuer à diminuer. En effet, la prochaine norme "Euro 6" va fortement renchérir les moteurs à gazole, de plusieurs centaines d'euros en prix de revient selon les experts. Soit un surcoût pour le client de 600 à 1.000 euros en moyenne. En outre, le coût de maintenance sera encore une fois alourdi. "Euro 6" obligera en effet  les motoristes à traiter définitivement le problème des rejets de NOx (oxydes d'azote). Le renchérissement, joint à la descente en gamme des voitures dans l'Hexagone et à l'arrivée de micro-moteurs à essence trois cylindres sophistiqués et donc plus sobres - mais moins fiables? -, devrait ramener la part du diesel à 50% en 2020, selon le CCFA (Comité des constructeurs français).

Régulièrement vilipendé, le diesel pollue intrinsèquement davantage qu'un moteur à essence. Sur les véhicules diesel,  les rejets d'oxydes d'azote, particulièrement nocifs et réglementés depuis 2000, sont toutefois passés de 500 à 180 milligrammes au kilomètre ("Euro 5") et descendront à 80 ("Euro 6")! Une sacrée réduction. Les monoxydes de carbone, eux, sont passés de 2.720 milligrammes autorisés ("Euro1") à 500 ("Euro 5" et "Euro 6". Les émissions de particules, très dangereuses pour la santé, se sont contractées de 140 à 5 ("Euro 5") et 4,5 ("Euro 6").

La norme "Euro 5" a d'ailleurs introduit une limitation de nombre de particules émises, en plus de la limite de masse. Par  ailleurs, la France a rendu obligatoire le filtre à particules depuis le 1er janvier 2011 sur les véhicules neufs. 99% des particules sont ainsi stoppées... à condition que le filtre ne soit pas démonté, ce qui est interdit, qu'il soit entretenu et en bon état! Le problème des diesels, aujourd'hui, ne provient pas des nouveaux véhicules, mais des vieux, voitures particulières et utilitaires, qui, eux, étaient très polluants!

Le diesel, champion de la lutte anti-CO2

Le diesel conserve en revanche un avantage clé: ses consommations demeurent  inférieures à celles des voitures à essence. Un diesel émet donc en moyenne 15% de moins de CO2 qu'une voiture à essence, consommations et rejets de CO2 étant corrélés. C'est en partie pour cela que la France est si bien placée dans les rejets de CO2 des véhicules par rapport aux autres pays européens!

Le diesel est donc un vecteur crucial... dans la réduction du CO2, objectif majeur de la Commission européenne, qui n'a rien à voir avec la pollution. Car le CO2 n'est pas un polluant... mais un gaz à effet de serre qui participe au réchauffement. Il n'est donc pas nocif à respirer! L'écologie, c'est... en fait très compliqué et souvent contradictoire, quand on se penche réellement sur les faits et qu'on laisse les invectives idéologiques et non scientifiques de côté!