L'industrie auto redémarre... en Grande-Bretagne et en Espagne

Par Alain-Gabriel Verdevoye  |   |  493  mots
L'usine Nissan de Sunderland fabrique le nouveau Qashqai II
La production auto a progressé fortement en mars en Grande-Bretagne et en Espagne. La Grande-Bretagne vise de dépasser la France, ce que l'Espagne a déjà fait.

La production automobile a encore bondi de 12% (à 142.158 voitures) en mars... au Royaume-Uni. Une progression certes atypique, puisque, sur l'année, la croissance devrait être plus faible. Il n'empêche. Les usines britanniques d'automobiles devraient augmenter leurs volumes de 3% sur l'année, ce qui n'est pas si mal, selon les pronostics de la SMMT (Société des constructeurs britanniques). Et encore ces volumes ne concernent-ils que les voitures particulières (hors utilitaires).78% des véhicules sont exportés.

Record en 1972

L'industrie auto britannique devrait même battre son record de production... en 2017, selon la SMMT, avec plus de deux millions de voitures particulières escomptées. Le précédent pic datait de... 1972 (1,9 million)  L'an passé, la production avait crû de 3% à 1,51 million de voitures, contre un million en 2009.La SMMT affirme viser la troisième place en Europe, doublant ainsi la France.

Certes, il n'y a plus de vrai constructeur automobile britannique sauf quelques emblématiques artisans comme Morgan. Tous les grands constructeurs appartiennent à des groupes étrangers. Mini, ex British Leyland, ex-Rover, est la propriété de BMW. Jaguar Land Rover fait partie du groupe indien Tata. La plus grosse usine automobile britannique est le site Nissan de Sunderland, qui fut le premier "Cheval de Troie" japonais en Europe dans les années 80.

Certes, les centres de décision sont ailleurs et les véhicules en grande partie conçus en-dehors également (sauf les Jaguar et Land Rover), mais la production est bien repartie à la hausse. Et ce, après le naufrage de l'auto anglaise dans les années 80, 90 puis 2000 (faillite de Rover), victime de l'obsolescence technique, d'une qualité déplorable, d'usines surannées et de grèves à répétition.

L'Espagne devant la France

En Espagne, la production a pour sa part crû de 27% à 220.435 unités en mars dernier, d'après l'Anfac (Association des constructeurs espagnols). L'Espagne était  en 2013 le deuxième producteur d'automobiles d'Europe, derrière l'Allemagne mais devant la France, même si elle ne compte aucun constructeur national. Le secteur, qualifié de "moteur dans la sortie de la crise" par le ministre du Budget Cristobal Montoro, emploie 250 000 personnes et représente 10% du PIB du pays.

Selon l'Anfac, la production devrait augmenter de 9% en 2014, à 2,4 millions de véhicules. 90% de la production est exportée. Certes, l'Espagne n'a toujours été qu'un simple pays de production. Aucun constructeur n'est hispanique. La seule marque "nationale" Seat n'a été qu'une société publique fabriquant des Fiat pendant des décennies avant de passer dans le giron de Volkswagen. Mais, dans un pays que l'on disait naguère peu flexible cher, la production reprend. Y compris pour des produits "premium" comme le "SUV" Audi Q3 assemblé chez Seat à Barcelone.

La France, elle, n'a produit que 1,74 millions d'unités (voitures et utilitaires légers) l'an dernier,  soit environ moitié moins qu'il y a dix ans. Mais, contrairement à la Grande-Bretagne et l'Espagne, elle demeure un vrai pays automobile avec deux constructeurs, Renault et PSA. Une différence fondamentale.