Automobile : nouvelles fermetures d'usines en Europe ?

Par Alain-Gabriel Verdevoye  |   |  607  mots
Le futur PDG de Ford, Mark Fields
Le patron de Ford, en forte perte sur le Vieux continent, redoute de nouvelles fermetures d'usines. Le groupe américain doit fermer son site belge de Genk.

Les constructeurs automobiles européens sont en surcapacités et ils devront réduire leur production, affirme le PDG sortant de Ford, Alan Mulally, dans un entretien publié par le Financial Times. Les ventes de voitures sont tombées à un point bas  - en deux décennies - en Europe, le marché ayant diminué de quelques 4 millions de voitures entre 2007 et 2013. Alan Mulally, qui doit céder prochainement les rênes du groupe auto américain, estime que la fermeture de plusieurs usines en Europe est insuffisante. "Ce n'est pas assez. Je pense que les constructeurs doivent aligner leur production à la demande".

"Si (les constructeurs) ne le font pas, les difficultés vont s'exacerber et cela va empirer", a-t-il ajouté, alors que les grands groupes automobiles accusent des pertes sur leurs activités du Vieux continent. Les ventes d'automobiles ont connu une hausse en Europe au cours des quatre premiers mois de l'année, progressant de 7,4%, mais à partir d'une année de référence 2013 particulièrement faible. 

Ford a encore affiché sur le Vieux continent au premier trimestre une perte avant impôts de 194 millions de dollars (150 millions d'euros). Soit une marge négative de 2,5%. Certes, c'est moins qu'au premier trimestre de  l'an dernier (425 millions de dollars) et le chiffre d'affaires s'est accru d'1,2 milliard à 7,8 milliards. Il n'empêche.

Ford avait affiché une lourde perte sur le Vieux continent dans l'ensemble de l'année 2013. Le groupe auto de Dearborn y avait perdu (avant impôts) 1,61 milliard de dollars (1,24 milliard d'euros), dont 571 millions sur le seul dernier trimestre. Certes, cela représentait déjà une petite amélioration par rapport au 1,75 milliard de déficit en 2012. Mais, 3,36 milliards de dollars (2,6 milliards d'euros) en deux ans, ça fait beaucoup, quand même!

Perte de 900 euros par voiture

Ford perd de l'argent depuis 2011 sur le Vieux continent, après de solides profits en 2007-2008 (bénéfice avant impôts de 2 milliards de dollars sur deux ans). L'an passé, la firme de Dearborn avait affiché une marge négative de 5,8%. Le constructeur perdait 1.200 dollars (900 euros) par voiture en Europe, selon les calculs d'une université allemande.

Le groupe dirigé par Alan Mulally  prévoit de fermer en fin d'année son vieux site belge historique de Genk, qui emploie 4.300 personnes et fabriquait jusqu'ici la gamme moyenne supérieure du constructeur sur le Vieux continent. Par ailleurs, Ford a fermé en Grande-Bretagne l'été dernier son usine d'assemblage de Southampton (utilitaires) ainsi que des ateliers d'emboutissage du site de mécanique de Dagenham. Soit 1.400 suppressions de postes supplémentaires.

GM double les déficits

GM, son traditionnel rival et compatriote, a, pour sa part, carrément doublé ses déficits sur le Vieux continent. Il y a enregistré une perte trimestrielle de 284 millions de dollars (220 millions d'euros). Le mastodonte de Detroit (Michigan) a dû provisionner 400 millions de dollars (310 millions d'euros), notamment pour sa énième restructuration en Europe et le retrait de sa marque Chevrolet, qu'il a poussée avant de faire-volte-face! GM, qui est principalement présent en Europe à travers sa filiale allemande Opel,  est déficitaire structurellement depuis... plus de dix ans en Europe. Il a décidé d'arrêter prochainement la production dans son usine allemande de Bochum.

PSA a par ailleurs décidé de transférer la production de la prochaine petite Citroën C3 de Poissy, en région parisienne, à Trnava, en Slovaquie, d'après l'agence Reuters. PSA avait annoncé début février son intention de supprimer en janvier 2015 l'une des deux lignes de production de son usine de Poissy, où sont fabriquées actuellement la Peugeot 208 et les Citroën C3, DS3 et DS3.