Voitures électriques : la loi facilitant les bornes fera-t-elle décoller le marché ?

Par Alain-Gabriel Verdevoye  |   |  755  mots
La Renault Zoé, l'électrique la plus populaire en France
la France compte 10.000 bornes de recharge, selon les chiffres du ministère de l'Écologie et de l'Énergie. Le déploiement de ces infrastructures est crucial pour le développement des véhicules électriques, dont le marché reste minuscule. Objectif : 7 millions de points de recharge d'ici à 2030.

La loi visant à faciliter l'installation des bornes de recharge pour véhicules électriques dans l'espace public a été publiée ce mercredi au Journal officiel. Ce texte, adopté le 23 juillet au Parlement, prévoit d'exonérer de redevance l'opérateur de l'État qui implante des bornes de recharge de véhicules électriques sur le domaine public. Jusqu'ici, seules les communes étaient responsables de l'installation d'un réseau d'infrastructures de bornes de recharge.

Actuellement, la France compte 10.000 bornes de recharge, selon les chiffres du ministère de l'Écologie et de l'Énergie. Le déploiement de ces infrastructures est crucial pour le développement des véhicules électriques, dont le marché reste encore minuscule. C'est aussi l'un des points principaux de la future loi sur la transition énergétique qui sera examinée à partir d'octobre au Parlement. Objectif : 7 millions de points de recharge d'ici à 2030.

Rechute des immatriculations

Au 31 juillet, le parc automobile français comptait près de 36.000 véhicules électriques (particuliers et utilitaires) sur un total de plus de 38 millions en circulation, selon les données de l'Association nationale pour le développement de la mobilité électrique (Avere). Les ventes de voitures électriques neuves ont progressé de moitié l'an dernier. Mais 8.779 unités  à peine ont été immatriculées en France sur l'année 2013.

Les véhicules utilitaires électriques ont progressé pour leur part de 42% à... 5.175 seulement. Et, sur les quatre premiers mois de l'année, ça chute ! Il ne s'est immatriculé en France que 3.514 voitures et utilitaires mus par l'électricité sur le quadrimestre, selon la base de données de l'AAA qui fournit les chiffres officiels au CCFA (Comité des constructeurs français d'automobiles). Soit une dégringolade de 30%. Les deux-tiers des immatriculations sont constituées de voitures particulières.

Moins de 0,5% du marché français

Le tout pèse moins de 0,5% du marché français des véhicules particuliers et utilitaires.  La Renault Zoé "zéro émission", produite à Flins en région parisienne, est de loin la plus vendue en France, mais seules 5.511 unités ont été immatriculées l'an dernier. Et, sur le premier quadrimestre de l'année, les immatriculations de Zoé dans l'Hexagone ont chuté à 965 unités. Les bornes de recharge pourront aussi servir aux véhicules hybrides rechargeables, plus polyvalents mais beaucoup plus chers, dont les immatriculations (Chevrolet Volt et Opel Ampera, Toyota Prius Plug In, Volvo V60 Plug In Hybrid) demeurent dérisoires.

La voiture électrique, cheval de bataille de l'Allliance Renault-Nissan, pâtit de l'autonomie archi-limitée des véhicules, très dépendante des conditions d'utilisation ou climatiques, ainsi que du temps de recharge beaucoup trop long. Sur une prise domestique, il faut compter jusqu'à dix heures. Le prix de vente est aussi élevé.  Comptez 21.500 euros pour une citadine Zoé. Ces véhicules sont donc fortement subventionnés. Les pouvoirs publics offrent 6.300 euros de bonus en France. Jusqu'à quand ?

Pas de ruée sur l'électrique en Chine

Hormis sur quelques petits marchés comme la Norvège, l'électrique ne décolle nulle part. Il s'est vendu à peine plus de voitures électriques en Chine qu'en France l'an dernier, malgré 7.300 euros de prime. Et ce, alors que le marché automobile de l'ex-Empire du milieu est dix fois plus gros !

Problème écologique en Chine de surcroît : les centrales fournissant de l'électricité sont à charbon, donc très polluantes. Selon certaines études, le bilan d'une voiture électrique du puits à la roue ne serait pas très bon en Chine. il équivaudrait à celui d'une voiture diesel en France !

Des ventes qui pourraient décoller... in fine

"On avait fixé 1,5 millions d'unités vendues en cumul pour Renault et Nissan d'ici à 2016, (un objectif qu')on a repoussé à l'horizon 2020",  reconnaissait en début d'année Carlos Ghosn, PDG de Renault et Nissan, ajoutant: "on admet tous que le développement des ventes est plus lent qu'on ne le pensait, mais les chiffres continuent d'augmenter". Nissan a vendu 124.000 exemplaires de la Leaf électrique depuis 2010, loin des objectifs. Mais celle-ci demeure le premier modèle électrique dans le monde. Le développement de bornes de recharge est évidemment la condition sine qua non d'un développement des ventes de véhicules "zéro émission". Nissan et Mitsubishi étudient d'ailleurs la faisabilité d'une voitures électrique à bas prix.

A l'horizon 2020, PSA pense que les voitures électriques représenteront un peu moins de 5% du marché mondial, ce qui est déjà beaucoup. Les hybrides rechargeables auront une pénétration sensiblement équivalente. Soit tout de même presque 10% pour les deux. Vive les bornes !