Automobile : inquiétudes sur les ventes en 2024, surtout dans l'électrique

Par latribune.fr  |   |  804  mots
L'année 2023 s’est terminée avec une hausse des ventes de voitures particulières neuves de +16%, soit près de 1,8 million d’unités écoulées. (Crédits : Reuters)
L'industrie automobile française est dans l'incertitude pour 2024. La Plateforme automobile, qui représente constructeurs et équipementiers, s'inquiète d'un marché atone, des ventes d'électriques incertaines et des bonus à l'achat en baisse.

Obstacles en vue pour le marché automobile français en 2024. S'il s'annonce tout de même en croissance, celle-ci ne sera que « très légère », prévient Marc Mortureux, directeur général de la PFA, qui représente constructeurs et équipementiers.

Si l'on a « fait une partie du chemin pour retrouver les niveaux d'avant-crise, on ne va pas faire la 2e partie du chemin » cette année, a-t-il encore averti ce mercredi 14 février.

Le début d'année 2024 commence pourtant avec un carnet de commandes bien rempli. « Mais on est sur un rythme de prises de commande en fort retrait », et le second semestre pourrait être difficile, a décrit Marc Mortureux. Les commandes ont en effet diminué globalement l'année dernière, avec un rebond toutefois de 15% en décembre. Et ce, pour deux raisons : le renforcement du malus écologique sur certains véhicules et la réorientation du bonus en faveur des modèles produits en Europe. Le premier trimestre 2024 devrait continuer sur cette belle lancée dans les immatriculations, liées à ce rebond de commandes en fin d'année 2023. Tout l'enjeu pour les constructeurs sera désormais de maintenir le cap dès le deuxième trimestre.

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Pour rappel, l'année 2023 s'est terminée avec une hausse des ventes de voitures particulières neuves de 16%, soit près de 1,8 million d'unités écoulées. Du mieux après trois années précédentes autour de 1,6 million de voitures vendues. Mais cela reste néanmoins encore bien en dessous de la moyenne de long terme avant la crise liée au Covid-19, qui se situait autour de 2 millions d'unités chaque année.

Inquiétude sur l'électrique

L'année 2024 sera notamment une « année clé » pour les voitures électriques, selon Marc Mortureux. Et ce grâce à l'arrivée sur le marché de nombreux nouveaux modèles, comme le Scénic de Renault ou la 3008 de Peugeot, pour un coût autour de 40.000 euros. Mais d'autres, à des prix plus attractifs, devraient booster les ventes. À l'image de la R5 électrique de Renault, fabriquée dans le nord de la France et vendue autour de 25.000 euros. Ou de la petite ë-C3 de Stellantis, produite en Slovénie et proposée à 20.000 euros. Deux modèles attendus au printemps, comme l'espèrent les constructeurs.

Reste que la baisse du bonus écologique, qui vise à aider les Français à acheter un véhicule électrique, ne fait pas les affaires des constructeurs. Il est passé de 5.000 à 4.000 euros pour les ménages les plus aisés ainsi que pour les personnes morales, selon un décret paru ce mardi au Journal officiel. Une version 2024 de ce bonus à l'achat que Marc Mortureux juge « décevante » et qui crée selon lui « beaucoup d'instabilité » dans les décisions d'achat.

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Autre source d'inquiétude à ses yeux : le nombre de voitures électriques qui seront disponibles.

« Vu l'investissement des industriels dans l'électrique, il y a une inquiétude sur les volumes qui ne sont pas là comme attendus », alerte-t-il.

En témoigne ce qu'il vient de se passer autour du « leasing social », ce dispositif qui permet aux moins aisés d'accéder à une voiture électrique pour 100 euros par mois. Il a déjà « dépassé » ses objectifs initiaux pour cette année, si bien que le gouvernement a décidé de le suspendre pour 2024. Or « on n'a pas encore assez de produits fabriqués en France » pour répondre à cette demande, a regretté le ministre de l'Industrie, Roland Lescure, dimanche dernier sur France 3. « Cela veut dire qu'il faut que les constructeurs français accélèrent la cadence ou s'engagent à le faire », a-t-il d'ailleurs insisté.

... et pour les équipementiers

La suppression du bonus à l'achat de voitures particulières pour les entreprises risque par ailleurs de les pousser à « réduire leurs coûts le plus possible » et de se tourner vers les « véhicules les moins chers possible, et notamment les véhicules chinois », estime Marc Mortureux. La Chine s'est d'ailleurs déjà placée comme premier pays exportateur de voitures au niveau mondial en 2023, détrônant ainsi le Japon qui occupait cette position depuis 2017.

Certains équipementiers commencent à accuser le coup et « on commence à revoir des taux de défaillance d'entreprise un peu plus importants », souligne-t-il. L'équipementier automobile allemand Continental vient justement d'annoncer ce mercredi la suppression de 7.150 postes dans le monde. Et ils sont plusieurs outre-Rhin à souffrir de l'inflation, des coûts de l'énergie et des matières premières et à prévoir des suppressions de postes. « Il n'y a pas de raison qu'on ne soit pas impactés de la même façon », présage Marc Mortureux.

(Avec AFP)