Automobile : les ventes s'annoncent incertaines en 2024 sur le marché français

Après un bond des ventes de 16 % en 2023, l'année 2024 s'annonce plus morose. La faute à une baisse des commandes dans un contexte inflationniste et de hausse des taux. Mais l'arrivée de nouveaux modèles en 2024, en particulier sur l'électrique, pourrait changer la donne. Explications.
Les commandes de ventes aux particuliers ont baissé de 9 % en 2023, plombées par des taux d'intérêts très élevés, qui limitent les crédits auto, mais également par les prix des véhicules, en augmentation de 7 % par rapport à 2022. (photo d'illustration)
Les commandes de ventes aux particuliers ont baissé de 9 % en 2023, plombées par des taux d'intérêts très élevés, qui limitent les crédits auto, mais également par les prix des véhicules, en augmentation de 7 % par rapport à 2022. (photo d'illustration) (Crédits : Pascal Rossignol)

Si l'année 2023 a été celle du redressement pour l'automobile, avec une hausse de16 % des immatriculations par rapport à l'année précédente, 2024 sera certainement l'année de la contraction. En effet, les prises de commandes ont enregistré l'an passé une baisse de 9 %, laissant présager une chute similaire des immatriculations en 2024. Et ce, du fait de l'impact sur les consommateurs des taux d'intérêt élevés qui limitent les crédits auto, mais aussi de l'augmentation de 7% des prix des véhicules par rapport à 2022, selon les chiffres du cabinet AAA data. À cela, s'ajoute l'attentisme des Français après les multiples revirements du gouvernement sur les Zones à faibles émissions (ZFE)

« L'année 2023 a été l'occasion de vider le portefeuille conséquent des commandes des années précédentes », confirme Nicolas Le Bigot, le directeur des affaires environnementales, techniques et réglementaires à la Plateforme automobile (Pfa). Les constructeurs ont ainsi pu définitivement clôturer les problèmes de logistique survenus après la crise des semi-conducteurs en Chine et la guerre en Ukraine.

Une belle rentrée 2024...

Si les commandes ont diminué l'année dernière, elles ont néanmoins même bondi de 15% en décembre. Et ce, pour deux raisons : le renforcement du malus écologique sur certains véhicules et la réorientation du bonus en faveur des modèles produits en Europe. « Rien que sur les quatre premiers jours de l'année, Tesla a augmenté ses livraisons de 730 % par rapport aux premiers jours de janvier 2023 », confie la Pfa, du fait d'une hausse des commandes le mois précédent. Peu étonnant, puisque le Model 3, le moins cher de la gamme du constructeur américain et fabriqué en Chine, ne peut plus bénéficier du bonus écologique depuis le 15 décembre. Les consommateurs se sont donc pressés pour en profiter avant.

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Même son de cloche du côté du constructeur chinois MG, qui a lancé une grande série d'offres commerciales dès les annonces du gouvernement de supprimer le bonus pour les voitures produites en Chine. Résultat : MG a enregistré 4.183 ventes aux particuliers en décembre, sur les 24.000 au total dans l'année. Le constructeur compte tout de même se maintenir à flot pour le début d'année 2024, puisqu'il a annoncé vouloir supporter le bonus écologique en réduisant les prix de ses véhicules neufs du même montant. Ces véhicules doivent cependant tous être livrés avant le 15 mars pour entrer dans les conditions du bonus écologique qui leur était anciennement attribué.

Le premier trimestre 2024 continuera donc sur une belle lancée dans les immatriculations, liées à ce rebond de commandes en fin d'année 2023. Tout l'enjeu pour les constructeurs sera désormais de maintenir le cap dès le deuxième trimestre.

... Avant une possible chute au deuxième trimestre ?

C'est à ce moment-là que plusieurs modèles phares entrent en piste pour relancer la demande des clients, en particulier sur le segment électrique, grâce à la ë-C3 de Stellantis ainsi que la R5 de Renault, toutes deux prévues au printemps prochain. C'est en tout cas ce qu'espèrent les constructeurs.

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« Les deux voitures sont des modèles de grande diffusion sur un segment très porteur, le segment B des citadines. C'est aussi un segment où les marges sont plus faibles, donc c'est là où le pari est également le plus important », confirme Nicolas Le Bigot.

La ë-C3 et la R5 devraient se situer sous la barre des 25.000 euros, une bonne nouvelle pour le portefeuille des ménages, alors que d'autres gros modèles électriques sont également attendus, comme le Scénic ou la 3008, autour de 40.000 euros.

C'est, en effet, l'électrique qui pourrait éviter une chute brutale des immatriculations en 2024 puisque le principal syndicat automobile table sur 20 % de ventes en 2024, contre 17 % en 2023.

D'autres facteurs pourraient relancer les commandes en fin d'année 2024, comme le « ralentissement de l'inflation [ainsi que la] baisse des taux d'intérêt, ce qui devrait redonner du pouvoir d'achat aux ménages », confirme Marie-Laure Nivot, responsable Intelligence marché chez AAA data, dans un communiqué.

L'occasion se stabilise

En outre, la forte probabilité de contraction du marché du neuf en 2024 risque de s'étendre au marché de l'occasion.

« Pour le marché de l'occasion, deux effets s'opposent : le flux de véhicules neufs alimentant le marché de l'occasion diminue, faute de ventes et un parc automobile qui vieillit à mesure de l'attentisme des Français qui vendront tôt ou tard leur véhicule. Globalement, on va donc assister à une stabilisation », selon Nicolas Le Bigot.

En 2023, le marché de l'occasion s'est stabilisé, après plusieurs années en baisse et ce, grâce à la diminution des prix de -1,79 % sur le dernier trimestre 2023, la plus forte baisse observée depuis l'ère pré-covid, selon les chiffres de La Centrale. Sur les nouvelles motorisations, hybrides et électriques, la baisse des prix atteint même -12.81 %. Pas sûr néanmoins que cette forte baisse incite davantage à l'achat de véhicules électriques d'occasion, qui représentent seulement 4 % des ventes, rappelle Le Bon Coin, contre 4 fois plus en neuf.

Dans tous les cas, que ce soit sur les voitures neuves ou d'occasion, les prévisions du marché dépendront fortement des offres commerciales des constructeurs. « Malgré la prise de conscience environnementale à l'œuvre dans nos sociétés. Ce sont bien les motivations budgétaires qui dictent les choix des ménages », rappelle le cabinet AAA data.

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Commentaires 10
à écrit le 27/01/2024 à 23:41
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La véritable question est combien de temps encore la profession va t'elle attendre alors que les garages sont de plus en plus en difficultés et que les ruptures de matériel ne sont que des combines pour éliminer les petits camarades et pratiquer en s...

à écrit le 10/01/2024 à 14:36
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Une voiture pas chère , minimum d'électronique à 10 000 euros , les constructeurs ne veulent pas les produire. A quoi sert de rouler à 80 Km /h avec des SUV encombrants à 35000 euros ?

à écrit le 10/01/2024 à 13:00
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Les prix pratiqués sont dissuasifs

à écrit le 10/01/2024 à 9:30
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Et les températures négatives sur les batteries des voitures électrique ?

le 10/01/2024 à 12:34
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Si les norvégiens en achètent, ça doit fonctionner, un peu, à moins qu'ils ne garent leur watture dans le salon pour la garder tiède. :-) Bizarre qu'on ne parle jamais des finlandais, j'avais remarqué des petits boitiers (à clé) sur les parkings, per...

à écrit le 10/01/2024 à 8:49
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Même avec un revenu familial mensuel 5500€ on ne peut pas acheter une voiture électrique . Comme une majorité de français on a un prêt immobilier a 1900€… reste 15 ans à payer et les banques refusent de prêter vu le tx d endettement . Mêle sujet pou...

à écrit le 10/01/2024 à 8:49
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Même avec un revenu familial mensuel 5500€ on ne peut pas acheter une voiture électrique . Comme une majorité de français on a un prêt immobilier a 1900€… reste 15 ans à payer et les banques refusent de prêter vu le tx d endettement . Mêle sujet pou...

à écrit le 10/01/2024 à 7:52
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Bah c'est sûr qu'avec tous les cadeaux (forcés) que le contribuable a fait aux acheteurs de véhicule électrique, les ventes de l'électrique ont décollé, mais c'était totalement artificiel

le 10/01/2024 à 12:41
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J'avais bénéficié de la "Jupette", reprise de ma 205GR de 13 ans, 200kkm à condition d'acheter autre chose (306), ça a bien dû être payé par l'Etat (?). Argus à zéro, mais Mr Juppé a voulu relance le marché automobile (ma voiture roulait encore bien,...

à écrit le 10/01/2024 à 7:36
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Elle sont trop chères les voitures, électriques ou non. le renault scenic de base est à 30000 euros ! Mais bon c'est certainement ce qui fait le moins de mal à la planète qu'elles se vendent moins les voitures.

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