"Autosolisme" : plus de 80% des conducteurs seuls en voiture le matin

Par latribune.fr  |   |  650  mots
(Crédits : Francois Lenoir)
Pour évaluer le taux d’autosolisme sur l’autoroute, Vinci a analysé le nombre d’occupants de plus de 1,5 million de véhicules circulant aux heures de pointe dans onze agglomérations françaises, via un algorithme d’intelligence artificielle. Résultat : 82,6% ne transportaient qu'une personne à l'avant. Pourtant, le gouvernement s'était donné pour objectif en 2019 de tripler en cinq ans la part du covoiturage domicile-travail.

Alors qu'en France, 9 déplacements sur 10 se font par la route et que 95 % des émissions des gaz à effet de serre des transports terrestres proviennent de la mobilité routière, plus de huit conducteurs sur 10 se déplacent seuls dans leur voiture le matin. C'est la principale conclusion d'une étude publiée mercredi par Vinci, qui a analysé les données fournies sur ses autoroutes. Concrètement, des caméras ont été installées sur des portiques afin de capturer des images du trafic circulant sur des sections majeures du réseau Vinci Autoroutes, puis analysées par un logiciel d'intelligence artificielle développé par la la start-up Cyclope.ai.

Et les résultats sont sans appel : sur 1,5 million de véhicules analysés à l'automne 2021 à proximité de grandes agglomérations, entre 08H00 et 10H00 en semaine, 82,6% ne transportaient qu'une personne à l'avant. Dans le détail, "l'autosolisme" connaît un pic à 08H00, heure de pointe des déplacements domicile-travail, avec 89% de personnes seules. Il diminue ensuite pour passer sous les 75% vers 10H00. "Autrement dit, c'est au moment où il est le plus pénalisant, à savoir aux heures de pointe, que l'autosolisme est le plus pratiqué", pointe Vinci.

Par ailleurs, les taux varient selon les villes : il y a plus de conducteurs seuls sur l'A11 au nord de Nantes, sur l'A10 à Tours ou sur l'A62 à Toulouse, que sur l'A83 au sud de Nantes ou sur l'A8 entre Nice et Aix-en-Provence.

Capture d'écran Vinci

Le gouvernement veut tripler la part du covoiturage domicile-travail

La lutte contre "l'autosolisme", notamment via le covoiturage, est pourtant une des pistes principales du gouvernement pour limiter le trafic et donc la pollution atmosphérique, mais aussi in fine pour décarboner la mobilité. Et pour cause, les autoroutes représentent 1% du réseau routier français, mais 30% des distances parcourues et 25% des émissions de CO2 des transports, selon l'Union routière.

"Même si l'autosolisme est très majoritaire", cette étude "montre que la pratique de la mobilité partagée et son potentiel de développement restent sous-évalués, y compris dans le cadre des trajets du quotidien", souligne ainsi Pierre Coppey, président de Vinci Autoroutes.

En 2019, le gouvernement s'était donné pour objectif en 2019 de tripler en cinq ans la part du covoiturage domicile-travail, pour passer à trois millions de covoitureurs. Soit faire rouler un million de voitures en moins par jour sur les routes françaises.

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Des voies réservées au covoiturage

Concrètement, depuis cette année-là, la loi permet de réserver des voies au covoiturage, comme il en existe depuis de nombreuses années en Amérique du Nord ou ailleurs. Ainsi, plusieurs voies réservées aux "VR2+" (véhicules transportant à minima 2 occupants, transports en commun, les taxis, véhicules à très faibles émissions) ont été mises en service à Lyon, Grenoble, Strasbourg, Bordeaux ou en région parisienne, selon le Centre national d'études et d'expertise sur les risques, l'environnement, la mobilité et l'aménagement (Cerema).

La multiplication de ces voies réservées passe par "un contrôle performant du nombre d'occupants", souligne le Cerema. Plusieurs dispositifs ont été testés, comme à Rouen ou à la douane franco-suisse de Thônex-Vallard.

Cependant, si certains appareils de comptage apparaissent suffisamment fiables pour afficher des messages pédagogiques, mais pas assez pour permettre des sanctions automatisées. L'homologation d'une solution de contrôle automatisé n'est pas attendue avant fin 2023, a indiqué le Cerema, mais des solutions de vidéo-verbalisation assistées par ordinateur pourront être mises en oeuvre avant cette date.

Vinci, qui commercialise sa solution de comptage via sa filiale Cyclope.ai, compte publier une mise à jour de son baromètre en juin.

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 (Avec AFP)