Grand débat national : la limitation de vitesse à 80 km/h au programme des discussions ?

Par latribune.fr  |   |  684  mots
La limitation de vitesse à 80 km/h sur les routes secondaires suscite principalement le mécontentement des populations rurales. (Crédits : Regis Duvignau)
Des élus ruraux souhaitent remettre en cause l'instauration de la limitation de vitesse à 80 km/h sur les routes secondaires. Ils demandent que cette mesure décriée, qui a contribué à l'émergence du mouvement des "Gilets jaunes", soit rediscutée à l'occasion du Grand débat national prévu le 15 janvier prochain.

Limiter la vitesse à 80 km/h sur les routes secondaires. La mesure, en vigueur depuis le 1er juillet 2018, a irrité bon nombre d'automobilistes et contribué à la scission entre la population et le gouvernement, prémices au mouvement des "Gilet jaune". Au point que, désormais, certains élus ruraux plaident en faveur d'une remise en question de cette loi "sur lequel on n'a tenu aucun compte de l'avis de nos concitoyens ou de leur représentants...", a dénoncé, ce vendredi, Vincent Descoeur, député LR du Cantal, cité par France Info. A l'instar de plusieurs élus, il prévoit d'amener la mesure décriée à la table des discussions lors du grand débat national.

"Localement, je vais inviter les maires à porter cette question et j'ai prévu à titre personnel de saisir tant l'Association des maires de France, que l'Association des maires ruraux pour leur demander de saisir cette occasion pour débattre de cette question", a précisé l'élu. Même son de cloche du côté de la majorité. Christophe Jerretie, le député LREM de la Corrèze, reconnait que "ça continue de râler en région" et que "beaucoup se plaignent de rester coincés derrière les camions", à cause de cette limitation, analyse-t-il, ce vendredi, dans les colonnes du Parisien. Il souhaite lui aussi inscrire la question à l'ordre du jour du Grand débat national. Des associations, comme 40 Millions d'Automobilistes ont également fait part de ce souhait.

Le gouvernement cherche des alternatives 

La question de la limitation de la vitesse à 80 km/h sur les routes secondaires préoccupe le gouvernement. Si ce dernier a affirmé vouloir camper sur ses positions et ne pas souhaiter revenir sur cette loi, il explore toutefois des pistes alternatives afin de répondre à ce qu'il considère comme une revendication forte des "Gilets jaunes".

Selon Le Parisien, le gouvernement envisagerait ainsi d'assouplir la réglementation c'est-à-dire que les préfets pourraient lever la mesure sur certaines routes et la laisser sur d'autres, jugées les plus dangereuses. Toujours au stade d'hypothèse, aucune annonce en ce sens n'a pour le moment été faite.

Une mesure qui a sauvé 200 vies l'année dernière

Mais qu'en est-il de la diminution du nombre de tués sur la route, l'un des objectifs principale de cette loi ? En attendant un point précis, prévu le 25 janvier prochain, les premiers chiffres sont plutôt encourageants. La mortalité sur les routes a ainsi baissé de 5,7% depuis le 1er juillet, date de la mise en application de la limitation. Sur les 11 premiers mois de 2018, il a été recensé 200 tués de moins que l'année précédente en France. D'autant plus que l'année précédente avait tout juste "gagné" 45 vies et qu'en 2014, 2015 et 2016, le nombre de tués sur les routes était en hausse.

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Malgré cela, dans le contexte actuelle, près de 60% "des radars routiers ont été dégradés depuis le début du mouvement des "gilets jaunes", a déclaré, ce jeudi, le ministre de l'Intérieur Christophe Castaner. "Près de 60% des radars aujourd'hui ont été neutralisés, attaqués, détruits par celles et ceux qui se revendiquent de ce mouvement-là", a dit le ministre à la presse après avoir présenté ses vœux à la gendarmerie à Paris.

"J'ai vu sur les réseaux sociaux certains imbéciles s'afficher à côté de radars brûlés. Je ne leur souhaite pas d'être un jour confronté à la réalité d'une mort sur la route", avait déclaré le ministre quelques minutes plus tôt dans son discours devant les gendarmes.

"Il n'y a pas de politique du chiffre, il y a une politique de la vie", avait-il ajouté, qualifiant ceux qui s'en prennent aux radars "d'imbéciles, d'inconscients, d'inconséquents". Jusqu'à maintenant, les autorités se refusaient à donner un chiffre précis sur les dégradation et à faire un lien direct avec le mouvement de contestation des "Gilets jaunes" né le 17 novembre.

(Avec AFP)