L'Etat français veut bloquer la participation de Renault dans Nissan

Par Nabil Bourassi  |   |  397  mots
Carlos Ghosn doit encore affronter son premier actionnaire, l'Etat français.
Après les rumeurs lancées dans la presse japonaise sur une baisse de la participation de Renault dans Nissan, l'Etat français aurait fait savoir qu'il s'opposait à une telle perspective, indique le site internet de Challenges. Pour l'Etat, le risque est que Nissan accède à des droits de vote chez Renault, pour l'instant bloqués en vertu du droit français sur les participations croisées.

Entre Carlos Ghosn et l'Etat, le torchon brûle. D'après le site internet de Challenges, l'Etat français aurait fait savoir à la direction de Renault qu'il s'opposait à l'abaissement de la participation de celui-ci au sein de Nissan dont il possède 43,4% du capital depuis 1999, ainsi que l'a annoncé la presse japonaise la semaine dernière.

Nissan pourrait obtenir des droits de vote

Pour l'Etat français, si Renault passe sous les 40%, cela autorisera Nissan à détenir des droits de vote, chose impossible pour le moment en vertu du droit français qui l'interdit dans les situations de participations croisées à ce niveau de participation. Pour l'heure, le Japonais détient 15% du capital de Renault mais zéro droit de vote.

"Pourquoi donner des droits de vote à Nissan ?", a déclaré une source gouvernementale à Challenges. "On ne voit pas clairement pourquoi Renault devrait se sacrifier en vendant des actions Nissan", explique une autre source au site internet selon qui cela reviendrait à ce que "Renault s'affaiblisse lui-même". Et de rappeler que lorsque Nissan est entré dans le capital de Renault en 2002, l'Etat français était encore propriétaire de 25,9% du capital du constructeur automobile français.

Un rééquilibrage capitalistique nécessaire?

D'après une information publiée la semaine dernière dans le journal japonais Nikkei, Renault pourrait passer sous la barre des 40% de participation. Cette perspective se justifierait par la montée en mai dernier de l'Etat français dans le capital de Renault, et par voie de conséquence dans Nissan. Le gouvernement français avait ainsi imposé les droits de vote double en Assemblée générale des actionnaires. La force publique avait atteint 23,2% du capital tout en assurant vouloir revenir à sa position initiale de 15% une fois la disposition adoptée.

Lire aussi: Pourquoi le rééquilibrage était devenu inéluctable

Mais, plus largement, la question d'un rééquilibrage capitalistique entre les deux alliés s'imposaient par l'évolution des rapports de force entre les deux partenaires. Si les constructeurs avaient des poids similaires en 1999, aujourd'hui, Nissan pèse plus de deux fois Renault en termes d'immatriculations.

En tout état de cause, il apparait que les divergences entre Carlos Ghosn, grand architecte de cette alliance, et l'Etat français sont de plus en plus criantes. Cette seule idée fait peser de lourdes hypothèques sur la pérennité de l'Alliance Renault-Nissan.