Marché automobile français  : dernière progression avant un tassement  ?

Par latribune.fr  |   |  737  mots
Renault a connu une forte progression en octobre et talonne Stellantis. (Crédits : BENOIT TESSIER)
Dix mois de croissance et puis s'arrête. C'est ce qui risque d'arriver au marché automobile français selon PFA, le représentant de la filière. Et ce malgré de très bons chiffres, tant au mois d'octobre que depuis le début de l'année. Le marché semble désormais incapable de franchir à nouveau la barre des deux millions de véhicules particuliers neufs par an.

Toutes les bonnes choses ont une fin, même pour les constructeurs automobiles. Après un dixième mois de croissance consécutif en octobre, le marché français des voitures particulières neuves semble destiné à se tasser dans les prochains mois à en croire la Plateforme automobile (PFA). Le représentant de la filière automobile en France, constructeurs et équipementiers, craint que le marché ne retrouve plus son volume d'avant la crise sanitaire. Si les immatriculations, qui marquent la livraison des véhicules commandés durant les semaines et mois précédents, ont été florissantes depuis le début de l'année, cela ne va pas durer, a déclaré François Roudier, responsable de la communication de la PFA, à l'AFP.

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Effet de rattrapage

La bonne tenue des immatriculations actuelles est indéniable. Avec 152.383 immatriculations de véhicules particuliers neufs enregistrées en octobre, le marché progresse de 22 % par rapport à octobre 2022. Depuis le début de l'année, la croissance est de 16,5 %, avec 1,44 million d'immatriculations, soit quasiment autant que sur l'ensemble de 2022 (1,52 million).

Pourtant, le dynamisme actuel s'explique en partie par le rattrapage des importants retards pris ces derniers mois dans les livraisons en raison de problèmes de production. Ceux-ci étaient notamment liés à la pénurie de semi-conducteurs en passe d'être résorbée.

Les nouvelles commandes se sont en revanche tassées, avec une baisse de -13% constatée à fin septembre, en attendant les données d'octobre. « On commence à manger le carnet de commandes et on va bientôt le finir », a expliqué François Roudier, qui « pense qu'il devrait y avoir un tassement sur le mois prochain ». Ca a d'ailleurs déjà été le cas en Allemagne, avec un premier ralentissement en septembre après sept mois de croissance.

Cela tient, selon lui, à l'inflation et à la hausse des taux d'intérêts, à la conservation de trésorerie par les entreprises qui représentent la moitié du marché des voitures particulières neuves mais aussi à un attentisme des automobilistes sur le choix du type de propulsion pour leur futur véhicule, a-t-il estimé.

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Fini les deux millions de voitures par an

Le marché français devrait rester ainsi loin de ses performances de 2019, où 2,2 millions de voitures particulières neuves avaient été mises en circulation. Le volume reste inférieur d'un peu plus de 20% à celui d'avant la crise sanitaire, dont le secteur ne s'est toujours pas remis. « Le marché français de 2 millions de voitures risque de ne plus exister », prévient François Roudier.

Et ce malgré la progression continue des nouvelles énergies (électrique et hybride rechargeable), qui ont représenté le quart des nouvelles immatriculations sur les dix premiers mois de l'année. « Elles ont tapé très fort sur le diesel et grignotent l'essence », selon lui. Le diesel n'a représenté que 9,8% des immatriculations entre janvier et octobre, soit 6,3 points de moins qu'en 2022, tandis que les voitures consommant de l'essence ont représenté 37,2% des immatriculations (-0,4 point).

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Renault dans le rétro de Stellantis

Le groupe Stellantis (Peugeot, Citroën, Fiat, Opel, Jeep) continue de dominer le marché français avec plus de 28 % des nouvelles immatriculations, soit 43.301 véhicules dont la moitié de Peugeot. Mais la marque au lion marque le pas (+1 %), quand Citroën ou Opel connaissent des progressions à deux chiffres.

De fait, Stellantis voit poindre le groupe Renault (Renault, Dacia, Alpine) dans son rétroviseur. Avec une hausse de près de 31 % de ses immatriculations en octobre par rapport à la même période l'an dernier, il a représenté un quart du marché des voitures de particuliers, juste derrière son concurrent.

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Autre poids lourd du secteur, le groupe allemand Volkswagen (qui compte dix marques dont Audi, Seat, Skoda...) a vu ses ventes grimper de 28 % avec 20.547 voitures, dont 9.151 de la marque Volkswagen.

Les ventes du constructeur américain de voitures électriques Telsa, qui ont plus que doublé depuis le début de l'année à la faveur de l'électrification du parc automobile français, ont bondi une nouvelle fois de 82 % en octobre. Les 3.262 Telsa vendues en octobre ont représenté un peu plus de 2% des immatriculations.

(Avec AFP)