50% de voitures neuves électriques en 2027, l’objectif très ambitieux du gouvernement français

À la veille d'une journée entièrement dédiée à l'industrie automobile, certaines pistes ont été annoncées par le principal syndicat automobile. Le gouvernement vise un mix de vente électrifié de 50 % d'ici à 2027, contre 20 % actuellement. Un objectif ambitieux, qui ne pourra être atteint que sous certaines conditions. Explications.
Pour atteindre l'objectif de vente, il faudra augmenter le nombre de bornes de recharge, notamment rapide, de façon considérable. Le gouvernement table sur 400.000 d'ici 2030, soit une multiplication par quatre en 7 ans.
Pour atteindre l'objectif de vente, il faudra augmenter le nombre de bornes de recharge, notamment rapide, de façon considérable. Le gouvernement table sur 400.000 d'ici 2030, soit une multiplication par quatre en 7 ans. (Crédits : Reuters)

Une voiture neuve sur deux devra être électrique en 2027. C'est l'objectif ambitieux que va dévoiler ce mardi Bruno Le Maire devant les acteurs du secteur automobile français réunis au carrousel du Louvres à Paris. À cette occasion, le ministre de l'Economie va présenter les grandes lignes du nouveau plan filière pour les quatre prochaines années. Le défi sera immense pour le secteur, comme l'a souligné Luc Chatel, président de la Plateforme automobile (PFA), l'un des principaux syndicats automobiles. « L'automobile est la première industrie à effectuer un virage aussi important », a-t-il relevé vendredi lors d'une conférence de presse. Pour rappel, les ventes de voitures thermiques neuves seront interdites en 2035 et le secteur des transports s'est engagé à la neutralité carbone d'ici à 2050 en Europe.

Pour la France, la filière et l'Etat se sont mis d'accord sur un objectif clair : atteindre 50 % de vente de voitures électrifiées (électriques et hybrides rechargeables) en 2027, dont la quasi-totalité en électrique (supérieure à 40 %) et multiplier par quatre les ventes électriques entre 2022 et 2027. « Un objectif ambitieux », selon la PFA, sachant qu'en septembre, la part des ventes en électrique atteignait à peine les 15 % en France et 8 % pour l'hybride rechargeable.

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Fixer des règles claires et durables

Car si les ventes se sont accélérées ces derniers mois, avec un bond de 10,75 % sur un an, les commandes actuelles ne sont pas au beau fixe. Les raisons ? Des lois qui changent constamment, avec des taxations toujours plus fortes comme les voitures hybrides rechargeables, longtemps prônées comme un modèle de transition, taxées sur leur poids en 2025.

Mais aussi un prix des véhicules électriques encore bien au-dessus de leurs équivalents thermiques. « Sur la seule force du marché actuel, vous n'avez aucune raison d'aller vers l'électrique », affirme Julien Pillot, économiste et enseignant-chercheur à l'INSEEC. C'est pourquoi il faut veiller à alimenter la demande en continuant et en prolongeant les dispositifs d'aide à l'achat de véhicule neuf électrique.

Le futur bonus écologique, resserré principalement sur les voitures produites en Europe en janvier, pourrait ainsi être augmenté pour compenser cette différence de prix. Les aides à la conversion et le leasing social annoncés par Emmanuel Macron doivent permettre d'atteindre cet objectif ambitieux, si et seulement si ces subventions sont maintenues sur la durée, soit au moins pour les quatre prochaines années.

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Accompagner la production

Toutefois, « accélérer la demande ne suffira pas, selon le syndicat, il faut aussi augmenter l'offre dans le même temps », avertit la PFA. Pour cela, il faudra augmenter le nombre de bornes de recharge, notamment rapide, de façon considérable. Le gouvernement table sur 400.000 d'ici à 2030, soit une multiplication par quatre en 7 ans.

En outre, la filière devra renforcer l'offre made in France. C'est en tout cas l'un des piliers de ce nouveau contrat de filière. Il répond au projet d'Emmanuel Macron de produire 2 millions de voitures électriques fournies en batteries françaises d'ici à 2030. Deux axes sont à renforcer : la compétitivité et la souveraineté. Or, les coûts de production en France sont les deuxièmes plus importants en Europe, derrière la Suède. En cause, le salaire horaire français étant l'un des plus élevés, il était autrefois compensé par une énergie peu chère. Or, avec la guerre en Ukraine, la France n'est plus aussi compétitive sur ce terrain-là.

Pour rester dans la course, le syndicat espère que le gouvernement reviendra sur ses récentes déclarations concernant les baisses des impôts de production (CVAE). En effet, si Emmanuel Macron avait promis de les supprimer totalement en 2024, Bruno Le Maire a annoncé une diminution progressive de cet impôt jusqu'en 2027. La filière automobile demande une orientation ciblée de cette suppression, en particulier sur la transition vers l'électrique.

« Il faut également rendre compétitif certains sites de production, notamment en délimitant des zones franches », insiste Marc Mortureux, directeur général de la PFA. Pour rappel, les entreprises installées dans les zones franches bénéficient d'avantages fiscaux importants.

Renforcer l'indépendance

Le contrat de filière devrait également redonner les grands objectifs en matière de réindustrialisation. Le dernier contrat encourageait le développement d'une filière batterie en France. C'est désormais chose faite, avec la création de 4 gigafactories dans le Nord dont l'une d'elles, ACC, à Douvrin, est déjà en fonctionnement. Désormais, il faut viser les autres étapes de la production industrielle, en particulier le raffinage et la production d'anodes et de cathodes, dont plus de 80 % se fait en Chine.

Ce nouveau contrat fixera également les nouvelles ambitions sur le recyclage, autre point stratégique de l'électrification. Les batteries électriques sont, en effet, bourrées de métaux coûteux, qu'il est important de pouvoir récupérer pour les constructeurs.

Gérer les emplois

Mais toute cette transformation ne pourra pas se faire sans un plan clair et stratégique sur l'emploi.

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« Cette industrie a perdu 70.000 emplois en 10 ans. Actuellement, il y a 80.000 créations de postes envisagées et nous avons du mal à trouver du personnel qualifié, confie Luc Chatel. Il faut changer de braquet. Notre génération est face au plus grand défi de l'humanité, et c'est chez nous que cela se passe. »

Le projet France 2030 a d'ailleurs investi 2,5 milliards d'euros pour accompagner la transition de ces compétences, des métiers de la mécanique vers ceux de l'électronique et de la chimie.

Bruno Le Maire devrait ainsi préciser, demain matin, certaines pistes encore en discussion. La filière automobile espère, de son côté, une accélération des décisions annoncées par le gouvernement et un cahier des charges clair qui restera stable pour les quatre prochaines années.

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Commentaires 19
à écrit le 24/10/2023 à 23:58
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La voiture électrique chinoise à bas prix est sur le point d'arriver – avec batterie à Sodium Ion, qui n'est pas un bombe à rétardement avec un timing aléatoire non plus. Donc: interdiction tout de suite car l'Europe est dix ans derrière la Chine et ...

à écrit le 24/10/2023 à 17:08
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Un bel objectif quand on pourra produire l’électricité nécessaire supplémentaire en France ce qui n’est pas gagné

à écrit le 24/10/2023 à 17:01
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Tiens ,à l'occasion de la journée de la filière automobile, ce mardi 24 octobre, le ministre de l’Economie, Bruno Le Maire, a précisé les conditions d’éligibilité au leasing social voulu par Emmanuel Macron. La location des voitures électriques a été...

à écrit le 24/10/2023 à 14:39
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Lorsque l'on sait que la fabrication d'une seule batterie pour une bagnole électrique produit plus de DIX TONNES DE CO2 (soit plus du double d'une batterie pour voiture thermique) et que n'importe quel bagnole électrique est plus polluante que son éq...

le 24/10/2023 à 17:06
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Les voitures électriques les plus lourdes risquent-elles de subir le malus au poids ? C’est la grande crainte des constructeurs automobiles. En juin, le ministre des Transports, Clément Beaune, avait évoqué une telle possibilité, qui aurait concerné ...

à écrit le 24/10/2023 à 12:39
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Je ne passerai à l’électrique que lorsqu’on me garantira une autonomie de 900 Km avec une recharge comme avec un diesel actuellement. Pour l’instant, la technologie électrique n’en est qu’à son début et a encore beaucoup de progrès à faire………

à écrit le 24/10/2023 à 12:17
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Arrêter de nous enquiquiner. que ceux qui veulent de l'électrique en prennent mais ne forcez pas les autres. Voitures électriques, ZFE, DPE et j'en passe, ras le bol. Je me marre quand la distance est annoncée à 400kms et que vous en ferez 340 en été...

à écrit le 24/10/2023 à 10:55
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Pour faciliter les achats d'occasion (donc à moins cher), il faut des primo-acheteurs, les entreprises. Mais aussi des offres, vouloir acheter ne suffit pas. Sur LeMatin, j'ai lu que les suisses voulaient arriver à 2 millions de bornes (voire prises...

à écrit le 24/10/2023 à 10:43
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N'en déplaise aux grincheux la voiture électrique est une réalité incontournable au niveau de la planète .Et pour les inconditionnels de la" pigeot mazout" un conseil faites des stocks de carburants avant qu'il n'y en ai plus en vente !!!

à écrit le 24/10/2023 à 9:08
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OU vont ils encore nous piquer du pognon pour compenser les pertes sur l'essence ,,???????

à écrit le 24/10/2023 à 8:07
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Président d'un pays: du guide du peuple à l'objectif de vente, le déclin c'est toujours beaucoup trop long vers la fin.

à écrit le 23/10/2023 à 23:40
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On sait déjà pas si on pourra passer l'hiver dans coupure électrique cette année, et ils veulent qu'on est tous une voiture en recharge toutes les nuits? Il réfléchi un peu notre président ou il compte juste reste débile à vie?

à écrit le 23/10/2023 à 20:09
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plutot que ' ambitieux' j'aurais dit ' idiot et irrealiste, comme d'habitude'......a priori ils n'ont pas vu que les zfe ca va au tas, que l'immobilier ca va au tas, que tout ce qu'ils touchent, ca va au tas, et la ils viuennent avec50%??? moi je pro...

à écrit le 23/10/2023 à 19:43
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Très ambitieux = Irrationnel.

à écrit le 23/10/2023 à 19:36
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Même erreur avec les voitures électriques, qu'avec les voitures Diésel. Décidément, on n'aime pas l'essence en France

le 23/10/2023 à 20:22
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L'étape suivante sera un retour au pousse-pousse, ainsi la boucle sera bouclée.

à écrit le 23/10/2023 à 19:18
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Objectif aisément réalisable ,il suffit de laisser entrer les voitures chinoises sans surtaxé, à défaut et avec les seuls véhicules européens excessivement chers et de qualité médiocre cet objectif gouvernemental est inaccessible.

le 23/10/2023 à 23:41
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Filer notre pognon aux chinois ? Et puis quoi encore il n y a qu un cadre sup de fiscalise pour dire une telle ânerie !

le 24/10/2023 à 11:12
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@Jason13: La taxe d'importation pour les voitures chinoises n'est que 10 %. Au même temps, l'offre de modèles chinois avec un rapport (qualité+autonomie)/prix est assez réduite. La réalité est telle qu'il n'y a pas de miracle au niveau de prix pour l...

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