Le Brésil : terrain de reconquête pour Renault

La semaine dernière, Renault annonçait son plan de véhicules pour reconquérir le marché international. Premier arrêt : le Brésil. Le plus grand pays d'Amérique latine demeure un territoire attractif pour la marque, malgré une baisse des ventes ces dernières années. Explications.
Le Kardian, premier modèle du plan international de Renault, commence sa production dans l'usine de Curitiba, au Sud-Est du Brésil.
Le Kardian, premier modèle du plan international de Renault, commence sa production dans l'usine de Curitiba, au Sud-Est du Brésil. (Crédits : Reuters)

Cette semaine, la marque au losange a dévoilé son plan international avec le lancement de 8 nouveaux modèles pour 2027. Une ambition forte, accélérée par le retrait du groupe en Russie lié à la guerre en Ukraine l'année dernière. Pour compenser, Renault souhaite plutôt augmenter ses ventes sur les pays où la marque est déjà implantée.  Une décision qui semble plus facile que conquérir de nouveaux territoires sur le papier, mais qui vient se heurter à la réalité internationale. Première cible de la reconquête de Renault : le Brésil.

Dans ce pays, le plus grand marché d'Amérique latine et troisième plus important pour Renault, où la marque a vendu 126.689 en 2022, les ventes patinent. Si la part de marché du constructeur français atteignait 9 % en 2019, elle n'est plus qu'à 7 % désormais. Toutefois, Renault n'est pas le seul à avoir marqué un coup d'arrêt au Brésil, qui compte quatre fois plus d'habitants que la France. En effet, après le retrait de Ford en 2021, ce sont les Allemands Mercedes et Volkswagen qui ont annoncé respectivement des suspensions de contrats et un arrêt temporaire de la production. La faute à une production plus faible depuis la pandémie de Covid-19 ainsi qu'à une inflation très élevée, marquant un coup d'arrêt des ventes de voitures neuves.

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Le Brésil, un très gros potentiel

Pourtant, c'est bien le Brésil que Renault a choisi pour annoncer son plan international. C'est ce territoire, aussi, que la marque a choisi de produire le premier véhicule de ce plan, le Kardian. Ce SUV viendra compléter le succès de la Kwid, un autre SUV plus petit dont les ventes représentent la moitié de la marque.

Si la situation du pays ne paraît pas idéale actuellement, les prévisions sont plutôt en faveur de l'industrie automobile. Déjà, le Brésil bénéficie d'un marché de 215 millions d'habitants pour seulement 60 millions de véhicules en circulation. À titre de comparaison, la France possède un parc de plus de 40 millions de véhicules pour moins de 70 millions d'habitants. De plus, la classe moyenne du pays renouvelle régulièrement son véhicule, tous les 3 ans environ, soit trois fois plus tôt qu'en France.

La moyenne d'âge d'achat est de 20 ans de moins qu'en France. Et c'est bien cette cible, jeune et urbaine, que Renault vise avec son Kardian. Si aucun prix n'a été dévoilé pour l'heure, le groupe vise désormais le top 5 des ventes, nous confie le directeur de la marque, Fabrice Cambolive. Pour l'heure, la marque Renault est en septième position des ventes, loin derrière Fiat, Chevrolet ou encore Honda et Volkswagen.

L'hybride prend de l'ampleur

La marque française compte sur l'attrait des nouvelles motorisations pour le lancement de son nouveau véhicule. En effet, les voitures brésiliennes tournent à l'éthanol, grâce à la culture importante de canne à sucre du pays. L'idéal au Brésil est de posséder un réservoir dit flex, qui permet de choisir entre l'éthanol et l'essence directement au moment du plein, selon les prix. Surtout, depuis quelque temps, le plus grand pays d'Amérique Latine voit un attrait dans l'hybride. Aujourd'hui, cette technologie concerne 7 % des ventes, mais a vocation à s'accélérer, notamment grâce aux incitations du gouvernement.

« Les droits de douanes à l'importation de véhicules sont à 35 % au Brésil. Or, depuis quelques années, ceux à destination des véhicules hybrides et électriques sont à zéro avec la politique des derniers gouvernements », explique Luis Fernando Pedrucci, directeur de la marque Renault pour l'Amérique Latine.

Si l'hybride semble être une solution prometteuse pour le pays, l'électrique, de son côté, est encore loin d'avoir fait son chemin. Seulement 0,5 % des ventes sont des véhicules électriques au Brésil. « La bascule vers cette technologie ne se fera pas avant 10 ans », confirme Luis Fernando Pedrucci. Aussi, afin d'éviter un afflux trop important de voitures électriques chinoises comme en Europe, les syndicats et constructeurs traditionnels se battent pour rétablir des droits de douane sur ces nouvelles technologies. Une trajectoire pour l'heure pas étudiée par le président Lula, qui souhaite une transition écologique accélérée. D'ailleurs, le géant Chinois BYD a annoncé cette semaine sa première usine hors Asie dans une ancienne usine désaffectée de Ford au Nord-est du pays.

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Prochaine étape, le pick-up

Car les usines brésiliennes ont la réputation d'être parmi les plus performantes d'Amérique Latine. Celle de Renault surprend par son avancée technologique. Métavers, intelligence artificielle, automatisation... Tout est programmé ici pour accélérer la production. À Curitiba, où sera fabriqué le Kardian, l'usine est surtout très modulaire et permet d'accueillir tout type de motorisation, y compris, à terme, des véhicules électriques. Elle permet également de produire plusieurs tailles de véhicules, des citadines aux véhicules utilitaires en passant par un pick-up : l'oroch.

D'ailleurs, Renault souhaite également lancer un nouveau pick-up dans sa stratégie internationale. Et quoi de mieux que le Brésil pour démarrer. Le pays compte en effet 13 à 15 % de pick-up dans ses ventes, soit le cinquième plus gros marché derrière l'Australie, l'Afrique du Sud, l'Asie du Sud-Est et les Etats-Unis. Les routes escarpées, les longues distances ainsi que la part importante de l'agriculture et du déplacement de marchandises sont autant de raisons qui poussent les Brésiliens à s'orienter vers ce type de produit. Surtout, les pick-up permettent de faire davantage de marges pour les constructeurs et sur lequel Renault compte bien étendre son positionnement.

« C'est un marché qui va s'agrandir en Amérique latine, prévoit Luis Fernando Pedrucci, les gens l'utilisent de façon hybride, à 80 % du temps comme un SUV et 20 % du temps comme un pick-up. »

Renault lancera ensuite ces modèles au Maroc, en Turquie et, enfin, en Inde. L'objectif : convaincre ces marchés autour d'une même série de véhicules. En 2022, l'international représentait 69 % des ventes du groupe en Europe, contre environ 63 % un an auparavant.

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Commentaire 1
à écrit le 30/10/2023 à 13:43
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bonne chance pour Renault. BYD, le chinois, va ouvrir ses usines au Bresil, debut 2025. BYD prevoit de produire et vendre 150 000 vehicules electriques/ hybrides par an. On estime qu il ya 60 millions de voitures en circulation au Bresil. Toyota et h...

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