Royaume-Uni : le projet de méga-usine de batteries de Britishvolt déjà en panne, faute d'argent

Par latribune.fr  |   |  533  mots
Peter Rolton, le directeur de la start-up Britishvolt, montre en janvier dernier le plan de la future usine de batteries dans l'ancienne ville industrielle de Blyth. (Crédits : Reuters)
Ayant échoué à lever les fonds nécessaires à la construction de sa méga-usine, l'entreprise qui vise une production annuelle de plus de 300.000 batteries de véhicules électriques et la création de 3.000 emplois à Blyth, au nord de Newcastle, pourrait être mise en redressement judiciaire.

La mise en place d'usines à produire des batteries pour véhicules électriques ne va pas sans mal en Europe. La semaine dernière, l'entreprise suédoise de batteries électriques Northvolt faisait savoir que son projet d'usine géante en Allemagne pourrait être repoussé au profit d'une expansion aux États-Unis où l'énergie est moins chère et les subventions plus généreuses.

Ce lundi, c'est Britishvolt, qui porte un projet de méga-usine de cellules de batteries pour véhicules électriques d'un coût total de 3,8 milliards de livres (4,42 milliards d'euros) dans le nord-est de l'Angleterre, qui est au bord du redressement judiciaire, selon la presse britannique.

A court d'argent

« Nous sommes conscients des spéculations du marché. Nous travaillons activement à plusieurs scénarios potentiels pour offrir la stabilité requise » à l'entreprise, a réagi auprès de l'AFP un porte-parole de Britishvolt, se refusant à donner davantage de détail. Selon plusieurs médias britanniques, l'entreprise pourrait demander son placement en redressement judiciaire dès lundi, à court d'argent pour financer la construction de son usine et après avoir échoué à lever des fonds supplémentaires, sans oublier quelque 300 emplois également en jeu.

Britishvolt essayait de lever 200 millions de livres (232,7 millions d'euros), voire carrément de vendre la société - l'entreprise aurait été en discussions avancées avec un certain nombre d'acheteurs potentiels, dont l'indien Tata Motors, précise le Financial Times.

L'entreprise avait reconnu en août des difficultés liées aux « conditions du marché, y compris l'inflation galopante et la hausse des taux d'intérêt », invoquant aussi « les incertitudes géopolitiques » et « la crise énergétique mondiale », repoussant la date de début de production, initialement envisagée dès fin 2023, à 2025.

Britishvolt a levé jusqu'ici 200 millions de livres (232,7 millions d'euros) et conclu en janvier dernier un partenariat de long terme avec le spécialiste en bâtiments logistiques Tritax et le géant britannique de la gestion d'actifs Abrdn, portant sur un financement de 1,7 milliard de livres (1,98 milliard d'euros).

Soutien du gouvernement

Le projet a aussi reçu le soutien du gouvernement de l'ancien Premier ministre Boris Johnson, avec un financement chiffré par la presse locale à 100 millions de livres (116,3 millions d'euros), qui n'a pas encore été versé.

En outre, Britishvolt a signé des protocoles d'accord en vue d'une collaboration avec les constructeurs automobiles britanniques Aston Martin et Lotus.

L'entreprise vise une production annuelle de plus de 300.000 batteries de véhicules électriques à Blyth, au nord de Newcastle, avec une capacité totale de production de 30 GWh d'ici la fin de la décennie. Britishvolt a aussi annoncé son intention d'employer directement 3.000 personnes et assuré que l'usine permettrait aussi de créer 5.000 emplois indirects au Royaume-Uni.

D'autres projets de giga-factories au Royaume-Uni

D'autres projets de méga-usines de batteries ont été lancés dans le pays, dont un par Nissan à Sunderland, au sud de Newcastle, en partenariat avec le chinois Envision AESC, et un autre dans la région des West Midlands (centre de l'Angleterre).

Le Royaume-Uni s'est engagé à la neutralité carbone pour 2050 et interdira dès 2030 la vente de nouvelles voitures à essence et diesel.