S&P réhabilite enfin la note financière de PSA

Le groupe automobile français (Peugeot, Citroën, DS, Opel) bascule au statut d'investment grade, ce qui lui permet d'accéder à un panel plus large d'investisseurs, dont les institutionnels. L'agence de notation financière aurait pu procéder à ce relèvement bien avant, mais le rachat d'Opel avait reporté cette perspective. S&P s'inquiète toutefois des contre-performances en Chine...
Nabil Bourassi
L'appréciation du groupe automobile français PSA est passée de BB+ à BBB-, soit le seuil pour basculer en investment grade.
L'appréciation du groupe automobile français PSA est passée de BB+ à BBB-, soit le seuil pour basculer en "investment grade". (Crédits : Arnd Wiegmann)

Plus de deux ans après la fin du plan Back to the Race, PSA réintègre enfin la liste des investissements sûrs. L'agence de notation Standard & Poor's, la plus influente au monde, a relevé mardi 18 décembre l'appréciation du groupe automobile français en la faisant passer de BB+ à BBB- (perspective stable), soit le seuil pour basculer en "investment grade". Ce statut permet d'élargir les profils habilités à investir dans le groupe, dont les investisseurs institutionnels. Ce relèvement de notation permettra également au groupe emmené par Carlos Tavares d'emprunter moins cher sur les marchés.

Fitch a déjà relevé sa note, Moody's pas encore

Cela fait des années que PSA attendait cette réhabilitation, après l'avoir perdu en 2009 en plein milieu d'une crise économique et financière qui l'avait alors conduit au bord de la faillite. Fitch a rendu son statut d'investment grade en octobre (après le lui avoir retiré en 2009 également), et Moody's n'a toujours pas réévalué son appréciation.

Pourtant, PSA est sorti de l'ornière depuis fin 2016 au terme du plan de redressement mis en place par Carlos Tavares en juin 2014. Dès 2017, le groupe publiait des ratios de rentabilité en forte hausse, et qui n'ont cessé de s'améliorer depuis pour atteindre des chiffres record au premier semestre de cette année. Il semblerait toutefois que l'agence de notation américaine ait sursoit à sa décision à la suite du rachat d'Opel (annoncé en mars 2017 et conclu en août de la même année). Les marchés avaient toutes les raisons de s'interroger sur l'intégration d'un tel morceau après le passif qu'a dû essuyer General Motors, l'ancien propriétaire de la marque allemande : 15 milliards d'euros de pertes en 20 ans.

"La notation reflète les performance de PSA cette année et le redressement effectif d'Opel-Vauxhall", écrit Standard & Poors dans sa note.

"La combinaison de volumes positifs, des prix, des effets de mix associés à une maîtrise serrée des coûts ont permis de dégager une marge opérationnelle de 8,5% pour PCD (pour Peugeot, Citroën, DS, soit le périmètre précédent l'acquisition d'Opel, ndlr) et de 5% pour Opel-Vauxhall", observe l'agence américaine de notation et qui la compare aux 6% à 7% de moyenne constatée dans le secteur.

Une perspective solide

Même les points faibles du groupe n'entament pas cet optimisme puisque selon cette note, ni la fin des activités en Iran, ni les effets de change négatifs en Argentine et en Turquie, ou encore la baisse du marché chinois "qui affecte plus particulièrement la marque Peugeot", n'empêcheront le groupe de dégager entre 2% à 3% de free cash flow.

Pour résumer, S&P estime que PSA est un groupe qui maîtrise parfaitement ses coûts tout en dégageant de meilleures marges produits grâce à sa capacité à défendre ses prix, ce qui le rend "moins dépendant" aux volumes. L'agence américaine juge que Carlos Tavares est parfaitement capable d'appliquer la même recette à Opel-Vauxhall, et ce, en dépit de la très forte détérioration de l'image de marque de celle-ci. Le lancement d'une nouvelle gamme de produits, notamment des SUV, un segment très dynamique, doit contribuer à redresser les ventes et cette image. "Un an après le rachat d'Opel-Vauxhall, nous considérons que son redressement est substantiellement déjà accompli", écrit la note.

Standard & Poors s'inquiète des contre-performances en Chine

Mais parce que tout n'est pas rose dans le monde des agences de notation, et encore moins dans le secteur automobile, S&P a ajouté des griefs structurels. Elle juge que PSA est pour l'heure encore trop dépendant de Peugeot et Citroën, et pas assez présent dans le secteur du premium, et doit probablement considérer que les volumes de DS ne sont pas encore assez significatifs. Elle déplore que le groupe soit encore autant exposé au marché européen, même si celle-ci joue actuellement en sa faveur puisque quasiment tous les autres marchés du monde traversent des trous d'air. Enfin, la sous-performance sur le marché chinois achève d'inquiéter Standard & Poors. Elle insiste pour que PSA retrouve une croissance profitable sur ce marché essentiel et qui permettrait de rééquilibrer son mix géographique.

Mais la Bourse n'a pas attendu Standard & Poors pour saluer le redressement de PSA. Son titre est en hausse de 10% depuis le début de l'année, là où Renault baisse de 35%. Le groupe surperforme également la moyenne du secteur automobile européen (Euro Stoxx 600 Automobiles) en baisse de 25% depuis le début de l'année. Ceci dit, PSA s'est laissé rattrapé par la conjoncture de marché puisqu'à 18 euros, son titre est loin de son plus haut, atteint en septembre lorsqu'il s'échangeait autour de 25 euros.

Nabil Bourassi

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