Sous pression, Hopium se concentre sur les piles à combustible

Par latribune.fr  |   |  527  mots
La « Machina », devrait avoir droit à un premier prototype roulant « d'ici fin 2023 ou 2024 ». Elle serait le premier véhicule non utilitaire à hydrogène produit en France. (Crédits : Hopium)
La startup française Hopium va prioriser le développement de sa technologie de pile à combustible, qui promet des revenus à plus court terme que sa futuriste berline à hydrogène, la « Machina ». Introduit en Bourse au prix de un euro l'action, Hopium avait vu son cours exploser l'an dernier pour atteindre 42 euros, avant de s'effondrer à la fin de l'année 2022. Elle s'échangeait à trois euros à la clôture mercredi.

Hopium a dû faire des choix. Si, avec son projet de berline sportive « Machina », l'entreprise avait séduit les investisseurs en se présentant comme le Tesla de l'hydrogène, ces derniers, au regard du contexte financier plus fragile, demandent désormais des résultats plus rapides. L'ancien ministre délégué aux Transports Jean-Baptiste Djebbari en a fait les frais. Président du conseil d'administration depuis l'an dernier, il a été remplacé en mars par Alain Guillou, l'ancien PDG de Naval Group.

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La startup, qui vise la rentabilité d'ici à quatre ans, veut dorénavant apporter « plus de sécurisation, de rigueur et de crédibilité sur un certain nombre de démarches structurelles », a indiqué à l'AFP son nouveau directeur Sylvain Laurent, un ancien du groupe Dassault. « La Machina nous a permis de contraindre les équipes et d'avoir une avance technologique en un temps record sur le système de pile à combustible », soit la pile à hydrogène et ses sous-systèmes de gestion.

Les premières piles doivent être commercialisées en 2025

L'usine d'assemblage devrait ouvrir en Normandie fin 2024, avec une quarantaine de salariés, et les premières piles seraient commercialisées en 2025.  Ces piles permettront de « valoriser rapidement » le « savoir-faire » d'Hopium, avec des acteurs de l'automobile, mais aussi du secteur naval sur les rangs, ajoute le dirigeant. La Région Normandie vient d'ailleurs d'accorder un prêt exceptionnel de 2 millions d'euros à Hopium, témoignant ainsi de sa confiance dans le nouveau modèle d'affaires de l'entreprise.

Experts et industriels divisés sur la place de l'hydrogène dans la décarbonation du secteur automobile

La « Machina », de son côté, devrait avoir droit à un premier prototype roulant « d'ici fin 2023 ou 2024 ». Cette berline de 500 chevaux avait été présentée en grande pompe avec une commercialisation prévue pour 2025 et une autonomie annoncée de 1.000 kilomètres. Elle devrait être proposée autour de 120.000 euros et promet une autonomie de 1.000 kilomètres pour une puissance de 500 chevaux. Elle serait le premier véhicule non utilitaire à hydrogène produit en France

De nombreuses start-up automobiles, poussées par la transition vers l'électrique, ont aussi annoncé de grands projets avant de rencontrer des difficultés, comme Canoo, Nikola ou Lordstown Motors aux États-Unis. En Allemagne, la start-up Sono a annoncé fin février qu'elle abandonnait son projet de voiture « solaire » au profit de l'intégration de sa technologie sur d'autres véhicules, avec 300 licenciements à la clé.

Experts et industriels restent divisés sur la place de l'hydrogène dans la décarbonation du secteur automobile. Toyota ou BMW y placent de grands espoirs, tandis que de nombreuses autres marques le réservent aux utilitaires, plus difficiles à convertir à l'électrique. L'hydrogène utilisé comme carburant présente pour avantage de n'émettre que de la vapeur d'eau, ce qui en fait une piste importante pour remplacer les hydrocarbures, intégrée dans de nombreux plans de relance à travers le monde.

(Avec AFP)

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