La Normandie à la rescousse de Hopium, le challenger français de la voiture à hydrogène

La Région vient d’accorder un prêt exceptionnel de 2 millions d’euros à Hopium, témoignant ainsi de sa confiance dans le nouveau modèle d’affaires de l’entreprise dont l’usine doit sortir de terre en 2025 dans l’Eure. Selon nos informations, la startup qui se rêvait en « Tesla de l’hydrogène » serait sur le point de toper avec un constructeur français en vue d’embarquer sa pile à combustible à bord de véhicules utilitaires légers.
Hopium se repositionne sur le développement d'une pile à combustible présentée comme étant d'une performance inégalée.
Hopium se repositionne sur le développement d'une pile à combustible présentée comme étant d'une "performance inégalée". (Crédits : Hopium)

« Hopium en déroute », titrait il y a quelques jours Caradisiac. Le média spécialisé dans l'automobile aurait-il enterré un peu vite la startup fondée par le pilote de Formule 1 Olivier Lombard ? C'est en tout cas ce dont semble persuadée la Région Normandie. Réunis le 24 février avec un seul dossier à l'ordre du jour, les élus de sa commission permanente ont accepté de lui accorder un prêt de 2 millions d'euros à taux nul, remboursable au terme de 18 mois.

Cette injection de cash est bienvenue pour Hopium qui traverse une période de turbulences après un démarrage sur les chapeaux de roues. L'entreprise, dont la trésorerie est à marée basse, a du se séparer d'une partie de ses salariés et a des besoins d'investissements en R&D importants. Elle est, de plus, dans l'attente du déblocage de la ligne de financement en fonds propres de 50 millions d'euros promise, en juin dernier, par la société de gestion américaine LDA Capital. « Comme l'opération a pris un peu de retard, nous apportons un concours très circonstanciel assimilable à un bridge de trésorerie bancaire », justifie-t-on dans l'entourage d'Hervé Morin, président de la Région.

Lire aussiVoitures à hydrogène : le Crédit agricole signe un protocole d'accord avec Hopium

Virage sur l'aile

Déjà investi dans plusieurs projets liés à l'hydrogène, l'exécutif régional a manifestement été rassuré par le nouveau modèle d'affaires de la jeune société dont la gouvernance a été remaniée récemment. Rétrogradé au rang de DG adjoint en charge du produit, Olivier Lombard a passé le témoin à deux co-directeurs aux CV dorés sur tranche : Sylvain Laurent, ancien vice-président de Dassault Systèmes en Chine et l'homme d'affaires Philippe Baudillon, président de SIMA international et du Racing Club de France, Jean-Baptiste Djebbari, ex ministre des Transports conservant la présidence du Conseil d'administration.

Ces deux arrivées se sont accompagnées d'une réorientation stratégique. Exit au moins provisoirement la berline haut de gamme à 120.000 euros qui était présentée comme la « Tesla de l'hydrogène ». Hopium effectue un virage sur l'aile et mise désormais en priorité sur la pile à combustible (PAC) « à haute puissance d'une performance inégalée » mise au point par ses ingénieurs.

« Un actif technologique différenciant »

« L'aide apportée par la Région permettra à nos équipes d'accélérer pour que notre pile à combustible hydrogène voit le jour avant la fin de l'année 2023 », salue Sylvain Laurent dans un communiqué publié il y a quelques jours. Les nouveaux dirigeants de la société croient, en effet, dur comme fer dans les promesses de cette PAC, fruit d'un assemblage de cellules, qui devrait être commercialisée sous licence ou non.

« C'est un actif technologique différenciant ayant fait l'objet de 16 dépôts de brevets », insiste de son côté Philippe Baudillon. « Il a été estimé à plusieurs centaines de millions d'euros par des experts », nous assure t-on en écho dans les services de la collectivité régionale où l'on estime prendre peu de risques en volant au secours d'Hopium dont l'usine devrait voir le jour en 2025 en bordure de l'autoroute A13, à quelques kilomètres de Vernon (Eure), au barycentre du berceau français de l'automobile.

Un premier client en embuscade

Les intéressés ne semblent pas être les seuls à y croire. Selon les informations recueillies par La Tribune, la jeune société serait à la veille de signer un accord avec un grand constructeur automobile français en vue d'embarquer sa PAC dans des véhicules utilitaires légers. Une source bien informée croit également savoir que le dossier est l'objet d'une attention bienveillante dans les bureaux de Bercy où Bruno Le Maire devrait avoir à cœur de le défendre.

En visite dans l'usine GSK d'Evreux, l'ex député de l'Eure déplorait l'autre jour la « désindustrialisation » de son ancien fief et ses conséquences supposées « sur le vote extrême » . Avec Hopium, il a peut-être trouvé du grain à moudre. Ce soutien, s'il advient, ne serait pas pour déplaire à Hervé Morin qui met résolument ses pendules à l'heure H. « Au travers de cette aide exceptionnelle qui doit permettre à l'entreprise de poursuivre sa croissance dans un marché mondial très concurrentiel, la Région réaffirme sa volonté de porter une véritable ambition pour le rayonnement de la filière hydrogène », revendique le Normand. Affaire à suivre.

Lire aussiAutomobile : Hopium choisit la Normandie pour construire sa berline haut de gamme à hydrogène

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaires 7
à écrit le 02/03/2023 à 8:58
Signaler
Vu les brillants résultats de l'industrie informatique française dans le passé CII , Bull j'ai de gros doutes quant à la présence de la France dans la compétition, et une improbable éventuelle pépite française sera vite contrainte de se vendre à un c...

à écrit le 02/03/2023 à 1:53
Signaler
Ici plusieurs flottes de taxis utilisent h2. Pour le prive, un vehicule coute au bas mot plus de 70000 euros. Marche de niche, ni plus ni moins.

à écrit le 01/03/2023 à 21:56
Signaler
C'est comme les licornes beaucoup de jeunes entrepreneurs 2.0 propre sur eux, vivent très bien avec les subventions publiques ou l'argent des banques, il suffit d'être le fils de, sortir d'une école bourgeoise ou le powerpoint est élevé au rang de Pi...

à écrit le 01/03/2023 à 20:54
Signaler
On connaît les performances de Mr Djebbari au Ministère des Transports dans la gestion de certaines compagnies low-cost. L'efficacité se confirme dans une société privée. Espérons qu'il était moins mauvais pilote dans une autre vie.....

à écrit le 01/03/2023 à 16:50
Signaler
Bien sûr cette « batmobile » est surtout un concept peu réaliste mais fabriquer des utilitaires peut être pertinent en vue de moins gaspiller les deniers publics.

à écrit le 01/03/2023 à 16:08
Signaler
En pleine affaire Pal.... il faut être gonflé pour baptiser ainsi cette voiture, Gageons que le prochain Porte avions se nommera Pétard..

à écrit le 01/03/2023 à 15:14
Signaler
Encore une idée à la c..., sponsorisée par une région comme jadis Heuliez par la région pilotée par Mme Royal. La pile à combustible ne se conçoit que pour des grosses puissance ou mieux le train mais pas le véhicule léger. Je passe sur les conditi...

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.