Renault et Stellantis s'allient à des spécialistes de l'hydrogène pour accélérer sur les utilitaires

Au salon de l'hydrogène Hyvolution à Paris, Stellantis a annoncé un partenariat avec Engie pour accélérer dans l'hydrogène. Une stratégie similaire à celle de Renault allié à l'américain Plug power pour développer sa gamme à hydrogène. Explications.
Le Peugeot e-Expert Hydrogen.
Le Peugeot e-Expert Hydrogen. (Crédits : Reuters)

S'ils se lancent dans les utilitaires à hydrogène, « ce n'est pas pour entrer en compétition avec l'électrique, mais pour apporter une complémentarité à l'offre », proclament de concert les groupes Renault et Stellantis à l'occasion du salon Hyvolution 2023, un congrès uniquement consacré aux acteurs de l'hydrogène. L'électrique souffre encore d'une autonomie faible, en particulier pour les véhicules lourds comme les véhicules utilitaires. Un fourgon électrique peut rouler jusqu'à 250 km en électrique contrairement au fourgon à hydrogène qui promet une autonomie de 400 km pour une recharge en quelques minutes.

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« On s'adresse à des clients qui ont besoin de faire des pleins rapidement et des longues distances comme les services de livraison », a souligné Xavier Peugeot, directeur de la filière des véhicules utilitaires chez Stellantis.

Si le développement de l'hydrogène est monté en flèche pour les poids lourds, le fret maritime ou encore les avions, soit tous les transports dont les performances électriques ne sont pas optimales pour l'heure, les véhicules utilitaires sont jusqu'ici plutôt tournés vers l'électrique. Afin d'assurer le développement de l'hydrogène, encore à son balbutiement sur ces véhicules, les constructeurs multiplient des partenariats stratégiques pour assurer les infrastructures liées à ce type de technologie.

Stellantis s'associe à Engie

Le groupe détenant, entre autres, les marques Peugeot et Citroën a choisi le fournisseur Engie solutions pour l'installation des recharges à hydrogène. Le fournisseur d'énergie propose trois offres selon les tailles de flotte des entreprises : une mise à disposition d'une recharge pour les petites sociétés, l'installation d'une station de recharge pour les flottes entre 100 et 200 véhicules par jour et, enfin, une station et un centre de production d'hydrogène par électrolyse pour les plus gros clients qui disposeraient de 200 à 400 véhicules par jour.

Pour Engie, ce partenariat est l'occasion de se positionner sur ce segment comme précurseur, en vendant l'hydrogène plus cher que sa production afin de financer les infrastructures chez les constructeurs. « Engie vise une capacité de production de 4GW d'hydrogène renouvelable d'ici 2030 », assure dans le communiqué de presse Olivier Arthaud, directeur général mobilité hydrogène chez Engie solutions.

Stellantis a par ailleurs avancé l'idée d'un nouveau partenariat, cette fois-ci pour les piles à combustibles, en investissant dans le capital de Symbio, coentreprise de Faurecia et Michelin.

Renault s'associe à Plug power pour créer Hyvia

Pour sa part, le quatrième constructeur mondial a décidé de s'associer à Plug power, une entreprise américaine spécialisée dans le développement de piles à combustible, pour créer ensemble une entreprise appelée Hyvia. À l'inverse de Stellantis, l'entreprise Hyvia commercialise à la fois les véhicules et les infrastructures de recharge. En prime : la société souhaite faire dans le made in France avec une usine installée à Flins-sur-Seine dans les Yvelines pour fabriquer les piles à combustible, mais aussi recycler des pots catalytiques des anciennes voitures Renault.

« Avec 2 ou 3 pots catalytiques, on fait une pile à combustible. À puissance équivalente à une batterie électrique où on a 50 kg de terres rares, il n'y a que 20 grammes de platines dans les piles à combustibles qui sont aussi plus faciles à recycler », explique David Holderbach, directeur général d'Hyvia.

Le groupe a également annoncé, ce jeudi 2 février, un partenariat avec Hysteco, une start-up spécialisée dans les stations de recharge publiques.

Selon les deux constructeurs, l'usage des véhicules utilitaires se rapproche davantage de celui des poids lourds que celui des voitures, ce qui favorise l'hydrogène pour ce marché, au profit de l'électrique.

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Des « objectifs ambitieux » à horizon 2030

D'ailleurs, Stellantis l'assure : « nous avons plusieurs centaines de commandes pour nos véhicules hydrogènes ». Une demande à laquelle le groupe va répondre en produisant 1000 véhicules à hydrogène pour 2023 et viser les 10 000 unités en 2024 avec l'arrivée d'un fourgon plus grand. De son côté, Hyvia souhaite conquérir le marché européen et atteindre 30% des parts de marché sur ce secteur à horizon 2030. Difficile de savoir combien de véhicules cela représentera. L'entreprise dispose pour l'instant d'une gamme de trois véhicules à hydrogène, présentés au salon Hyvolution : un fourgon, un minibus ainsi qu'un châssis cabine. « Pour le moment, nous ne sommes qu'à quelques unités en activité mais il est important de se fixer des objectifs ambitieux », a précisé le directeur général.

Afin de parvenir à ces chiffres annoncés, il est aussi nécessaire de développer les bornes de recharge. Pour l'heure, 58 stations sont en service en France selon les chiffres de France hydrogène, contre 225 annoncés d'ici trois ans. « Il y a besoin d'aides publiques pour déployer l'hydrogène. La France a mis 9 milliards d'euros. L'objectif serait d'avoir une station tous les 100 km », affirme David Holderbach.

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Une offre encore très chère

Mais le déploiement de cette technologie se heurte, pour le moment, au coût du produit final. « Aujourd'hui il faut compter un prix multiplié par deux entre l'électrique et le diesel, et encore par deux pour l'hydrogène ». Les constructeurs se veulent néanmoins rassurants. Stellantis s'attend « à des évolutions significatives des prix dans le futur » sans pour autant s'avancer, et espère que les subventions débloquées à partir de 2023 réduiront ces coûts. Même son de cloche pour Hyvia qui souligne que le prix est un reflet des petites séries de production actuelles.

L'hydrogène, promis depuis plusieurs années déjà, peine à se déployer. Mais la mise en place des ZFE pourrait pousser les usagers à trouver des alternatives au thermique. Reste à savoir quelle direction prendront les véhicules utilitaires, dans un environnement encore très incertain pour la production d'hydrogène vert, essentielle pour la décarbonation annoncée par les constructeurs.

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