Voitures électriques : avec sa SU7, Xiaomi veut conquérir le marché chinois

Par latribune.fr  |   |  920  mots
La SU7 (pour « Speed Ultra » 7) de Xiaomi est une berline dont le design n'est pas sans rappeler celui d'une voiture de sport de luxe. (Crédits : Reuters)
Le géant chinois de l'électronique Xiaomi, qui prépare depuis des années son entrée dans l'automobile, commercialise à partir de ce jeudi sa première voiture électrique en Chine. Un marché très concurrentiel où il compte s'imposer grâce à son expérience du monde des smartphones.

On connaît Xiaomi pour ses smartphones, tablettes tactiles, montres connectées, écouteurs, trottinettes et même scooters ou autocuiseurs à riz intelligents. La marque, dont le siège est basé à Pékin, se positionne désormais officiellement aussi sur le créneau très convoité des véhicules électriques. Elle lance, ce jeudi 28 mars, sa SU7 (pour « Speed Ultra » 7), une berline dont le design n'est pas sans rappeler celui d'une voiture de sport de luxe. Elle est d'ailleurs équipée d'une sonorisation qui « recrée le frisson de la conduite d'une voiture de sport », précise le groupe.

Équipée par Xiaomi pour la partie logicielle et électronique, la SU7 est cependant produite par le constructeur local BAIC. Les batteries sont fournies par le chinois BYD, par ailleurs constructeur automobile incontournable sur l'électrique, et son compatriote CATL. Leur autonomie peut monter jusqu'à 800 km.

Lire aussiGrande première dans l'automobile, la Chine détrône le Japon comme premier exportateur mondial de voitures

« Devenir l'un des cinq premiers fabricants au monde »

Xiaomi affiche de grandes ambitions dans l'automobile. « L'objectif est de devenir l'un des cinq premiers fabricants au monde au prix de 15-20 ans de durs efforts », a déclaré en décembre dernier son patron, Lei Jun.

Avec ce modèle, « je mets ma réputation en jeu », a-t-il d'ailleurs reconnu en début de semaine sur le réseau social X (ex-Twitter), conscient des difficultés qui l'attendent.

Car avant lui, d'autres concurrents chinois ambitieux ont échoué à s'imposer dans l'automobile. Exemple avec Evergrande NEV, filiale du groupe immobilier criblé de dettes, qui se donnait à sa création en 2019 « trois à cinq ans » pour devenir le constructeur « le plus puissant » au monde dans le domaine de la voiture électrique. La marque joue aujourd'hui sa survie, fragilisée par les déboires de sa maison mère et des ventes qui peinent à décoller - elle a indiqué ce mercredi n'avoir vendu que 1.389 véhicules au total.

La Chine est actuellement le premier marché automobile mondial. 3,13 millions de voitures particulières ont été vendues sur les deux premiers mois de l'année 2024 (+17% sur un an), selon les chiffres de la Fédération chinoise des constructeurs de voitures individuelles (CPCA). Sur ce total, 600.000 véhicules électriques se sont écoulés (+18,2%). A titre de comparaison, sur cette même période de janvier-février, 1,7 millions de voitures se sont vendues dans l'Union européenne, dont quelque 198.000 électriques.

Lire aussiVoitures électriques : les Etats-Unis loin derrière la Chine et l'Europe

Rude concurrence

Le marché chinois de l'automobile, et plus particulièrement de l'électrique, a donc de quoi attiser les convoitises. Mais la concurrence est rude. Car il a connu ces dernières années un développement à vitesse grand V, porté notamment par de généreuses subventions à l'achat -arrêtées fin 2022 - qui ont permis aux ventes de décoller. Si bien que de nombreux constructeurs locaux innovants ont vu le jour pour accompagner cette transition.

Un contexte plus que favorable à BYD, qui a fait état ce mardi d'un bénéfice net annuel record en 2023, à 30,04 milliards de yuans (3,83 milliards d'euros) contre 16,6 milliards de yuans un an plus tôt (+80,7% sur un an). L'entreprise a vendu l'an dernier plus de 3 millions de véhicules (+67,8% sur un an). Mais tous les constructeurs chinois ne peuvent d'ailleurs se targuer de tels résultats : XPeng, par exemple, a enregistré 10,4 milliards de yuans (1,3 milliard d'euros) de pertes l'an dernier.

Profiter du passé

Le positionnement sera donc crucial pour Xiaomi, qui n'a pas encore divulgué le prix de son premier modèle. Dans le passé, son patron a évoqué un prix inférieur à 500.000 yuans (64.000 euros environ). Des analystes s'attendent à ce que ce soit même deux fois moins.

« La fourchette 200.000 - 250.000 yuans est à l'heure actuelle la tranche la plus concurrentielle en Chine pour les véhicules électriques », souligne Johnson Wan de la banque d'affaires Jefferies, interrogé par l'agence Bloomberg.

D'autant plus que la SU7, en se positionnant sur ce créneau « sport », entre en concurrence frontale avec BYD et l'américain Tesla, les deux marques qui se battent chaque trimestre pour le titre de plus gros vendeur mondial de véhicules.

Lire aussiQui est BYD, ce constructeur automobile chinois qui vend plus de voitures électriques que Tesla

Pas de quoi effrayer Xiaomi, qui compte sur son expérience passée pour trouver ses clients. L'entreprise est le numéro trois mondial du smartphone, ce qui lui a servi de base pour l'automobile et en particulier pour déterminer les prix.

« Je pense que les premiers acheteurs (de SU7) seront nos utilisateurs de smartphones. Donc c'est notre stratégie », a expliqué le mois dernier le président de Xiaomi, Lu Weibing, à la chaîne américaine CNBC.

Fondé en 2010, Xiaomi a connu un essor fulgurant ces dernières années en proposant des appareils haut de gamme à prix abordable, et en les vendant au départ directement en ligne. Quasi-inconnue à l'étranger à ses débuts, la marque a, à l'époque, régulièrement été moquée pour ses produits fortement inspirés par l'iPhone d'Apple. Elle a depuis assis sa réputation.

(Avec AFP)