ZFE : « Il ne faut pas jouer avec les peurs » (Clément Beaune, ministre des Transports)

Par César Armand avec Pauline Chateau  |   |  485  mots
(Crédits : Reuters)
RENCONTRES ÉCONOMIQUES D'AIX-EN-PROVENCE. La Tribune reçoit en direct de son studio en plein air les décideurs économiques et politiques pendant les trois jours des Rencontres d'Aix, le Davos provençal. Ce samedi, le ministre des Transports, Clément Beaune, est largement revenu sur le dossier des zones à faibles émissions (ZFE), largement décriées.

C'est un rapport très attendu sur un sujet explosif qui est sur le point d'être remis au gouvernement. Le président (ex-LR) de Toulouse Métropole, Jean-Luc Moudenc, et la vice-présidente (Divers gauche) de l'Eurométropole de Strasbourg s'apprêtent à dévoiler 25 mesures pour une application « plus juste » et « plus cohérente » des zones à faibles émissions (ZFE). Entre le Sénat, qui propose de ralentir leur mise en place, les députés Insoumis qui poussent au changement des règles du jeu, et des élus locaux qui mettent le pied sur le frein, le gouvernement dira, ce lundi 10 juillet, ce qu'il en retient.

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Invité de La Tribune ce samedi 8 juillet lors des Rencontres économiques d'Aix-en-Provence, le ministre délégué chargé des Transports a accepté d'en lever (un peu) le voile.

« La loi est parfois mal comprise, et il y a un travail de clarification [à faire], a affirmé Clément Beaune.

« La souplesse est dans la loi. (...) Tout ne se passe pas partout au même rythme. Il y a des marges de négociation locale » a-t-il ajouté.

« Il ne faut pas jouer avec les peurs »

En application de la loi Climat et résilience de 2021, les ZFE-m doivent en effet être généralisées d'ici à 2025 dans les 43 agglomérations de plus de 150 000 habitants. Le ministre estime ainsi que ces agglomérations en dépassement de seuil de qualité de l'air précisément devront « aller plus vite dès 2025 que les autres ». « Cela ne veut pas dire que, partout en France, les Crit'Air 1, 2, et 3 seront interdits au 1er janvier 2025 », a-t-il martelé.

« Il ne faut pas jouer avec les peurs », a dénoncé Clément Beaune, pointant du doigt l'opposition au Parlement.

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Interrogé sur un éventuel décalage de l'échéance d'entrée en vigueur des ZFE, le ministre des Transports estime qu'« il ne faut surtout pas abandonner l'ambition ». Il exclut ainsi la mise en place d'un moratoire : « Vous savez comment cela se passe, on débranche la prise et on la rebranche, et au final, vous ne rebranchez jamais ».

Mettant ainsi à nouveau l'accent sur les marges de négociation locale, Clément Beaune a réitéré l'engagement de l'Etat « sur le plan financier pour aider à changer de voiture », citant la prime à la conversion, notamment. Par ailleurs, le gouvernement finalise les modalités de l'offre de leasing social pour les voitures électriques à 100 euros par mois promise par Emmanuel Macron dans sa campagne. Pour rappel, l'objectif des ZFE est d'améliorer la qualité de l'air et de limiter les particules fines, responsables de maladies respiratoires et de 40.000 décès par an, selon Santé Publique France.

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