ZFE : les associations environnementales appellent le gouvernement à repousser le calendrier

Diminuer la pollution de l'air tout en évitant la fracture sociale. Tel est le casse-tête du gouvernement sur la mise en place des Zones à faibles émissions dans les 43 métropoles françaises. D'après une consultation du Sénat, 86 % de la population est défavorable à cette mesure. Pour tenter d'y voir plus clair, des associations ainsi que des représentants des grandes métropoles ont remis au gouvernement une série de propositions. Des annonces devraient avoir lieu lundi 10 juillet du côté de l'Etat.
86 % des particuliers et 79 % des professionnels sont contre le déploiement de ces zones, évoquant une mesure « discriminante », « injuste » et « excluante » selon un sondage du Sénat.
86 % des particuliers et 79 % des professionnels sont contre le déploiement de ces zones, évoquant une mesure « discriminante », « injuste » et « excluante » selon un sondage du Sénat. (Crédits : Reuters)

Eviter la « bombe sociale » et rétablir le dialogue. Tel était l'objectif de la vaste concertation lancée par le ministre de la Transition écologique, Christophe Béchu, en octobre dernier sur les Zones à faibles émission (ZFE). Les résultats devraient être annoncés lundi 10 juillet prochain et permettront, espérons-le, d'y voir plus clair sur ce dispositif. Ces zones, déjà mises en place dans 11 agglomérations et attendues dans les 43 agglomérations françaises de plus de 150.000 habitants en 2024, interdisent l'accès aux centres-villes des voitures les plus polluantes. Problème : cette mesure jugée anti-sociale par une partie de la classe politique, se heurte également à l'opposition de la majorité de la population.

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Une vaste consultation en ligne effectuée par le Sénat à ce sujet en juin dernier montre que 86 % des particuliers et 79 % des professionnels sont contre le déploiement de ces zones, évoquant une mesure « discriminante », « injuste » et « excluante ». Pour autant, nombre d'entre eux sont conscients des problèmes de pollution de l'air, responsables chaque année de 40.000 à 100.000 décès en France. Les associations ainsi que les représentants des métropoles ont rendu leurs propositions avant les annonces en début de semaine prochaine.

Revoir les critères d'entrée dans les villes

Selon les parties prenantes, le calendrier d'exclusion ainsi que les critères sont à revoir. Pour les associations Respire, Clean cities et la Fabrique des mobilités, les voitures avec les vignettes Crit'Air 4 et 5 (les voitures diesel avant 2005) doivent être interdites d'entrée dans les villes en 2025, et les Crit'Air 3 (produites avant 2010 pour le diesel et 2006 pour l'essence) interdites en 2028. Enfin, les voitures notées Crit'Air 2 (produites à partir de 2011 pour le diesel et jusqu'à 2010 pour l'essence) n'auraient plus le droit d'entrer dans les métropoles en 2030.

Un calendrier repoussé par rapport à celui annoncé par le gouvernement en 2021 qui prévoit une interdiction des Crit'Air 3 pour 2025, soit 3 ans avant. Et qui permet de laisser plus de temps pour « préparer le marché du véhicule d'occasion électrique », justifie Tony Renucci, directeur général de l'association Respire.

Repousser le calendrier à 2030, en particulier pour les professionnels qui seront les plus impactés, c'est aussi ce que demande le groupe de travail coanimé par les dirigeants des métropoles de Toulouse, Strasbourg et de l'Union des entreprises de transport et logistique. Selon eux, il faut aussi revoir les critères d'attribution de ces vignettes, selon le poids des voitures en rétrogradant les véhicules les plus lourds et en favorisant les petites voitures, même plus âgées. Le contrôle technique, l'entretien du véhicule ou encore les boitiers bio-éthanol sont aussi des critères à prendre en compte pour la détermination des classes de véhicules. Enfin, les associations réclament une homogénéisation des règles d'entrée dans les villes afin d'apporter plus de lisibilité aux usagers.

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Plus de transports en commun et d'aides

Mais interdire ne peut pas se faire sans contrepartie. Afin de ne pas défavoriser les ménages les plus pauvres, il faut accroître en parallèle les autres moyens de mobilité, plaident les associations. En février, la première ministre a annoncé 100 milliards d'euros pour développer le ferroviaire, en particulier les RER autour des métropoles, mais ces annonces restent trop floues et trop centralisées, critiquent celles qui aimeraient « donner la main aux régions ».

Ces dernières prônent également le soutien au développement des mobilités douces, mais aussi des véhicules intermédiaires, c'est-à-dire ceux en dessous de 600 kilos comme les voitures sans permis type Ami de Citroën. « En Chine, il se vend entre 2 et 3 millions de véhicules intermédiaires par an, c'est près de 100 milliards d'euros de chiffre d'affaires. Ici, nous n'avons pas su saisir cette opportunité », a regretté Sylvain Delavergne, responsable France de Clean Cities.

Par ailleurs, les associations réclament plus d'aide au covoiturage ainsi que le développement rapide du leasing social, promis par la gouvernent. Reste à savoir si ces offres de location à 100 euros par mois pourront être effectives dès l'automne comme annoncé par l'Elysée car, pour le moment, les constructeurs demandent plus de garanties.

Tous plaident également pour le billet unique qui permettra de favoriser la multiplicité des transports ainsi que des aides plus importantes de l'Etat pour le changement de véhicule vers un modèle plus propre.

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Faire des dérogations selon les usages

Enfin, les associations et les représentants des métropoles françaises demandent plus de souplesse dans les interdictions en particulier pour les "petits rouleurs" ou encore des plages horaires de passage dans les villes. Elles demandent aussi aux entreprises de jouer un rôle plus important dans la transition en augmentant la taille des flottes électriques afin d'enrichir le marché de l'occasion et de diminuer les prix des véhicules.

Le gouvernement a pris en compte ces mesures et devrait, selon nos sources, annoncer une harmonisation des ZFE ainsi qu'une modification du calendrier prévisionnel, dans la lignée des annonces effectuées par les métropoles comme celle du Grand Paris, qui a repoussé la date d'interdiction des véhicules aux vignettes Crit'Air 3 de 2023 à 2025. Pour le reste, il faudra attendre quelques jours pour obtenir plus de réponses.

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Commentaires 3
à écrit le 07/07/2023 à 11:04
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Et oui tout le monde est pour la transition écologique , la chasse a la pollution....... du moment que cela impacte les autres ! La vie " façon écologie moderne" c'est pour les pays riches, la France surendettée n'en fait plus partie.

à écrit le 06/07/2023 à 18:53
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Le bon peuple de gauche ulteatolerant car ecolo car fe gauche découvre la réalité !!! Impressionnant ils vont peut-être même arrêter les projets à la c.. genre voiture en tout électrique alors que rien n'est prêt voire kes financements à la c.. ...

à écrit le 06/07/2023 à 16:57
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On ne peut pas taper sur tous les productifs partout et tout le temps je pense que les gens ont largement fait leur part pendant que les propriétaires de capitaux et outils de production eux n'ont quasiment rien fait.

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