La métropole de Lyon abandonne l'idée d'étendre sa ZFE

La Métropole de Lyon va abandonner son projet d'extension de sa zone à faible émission (ZFE) vers les communes de l'est de l'agglomération. Une généralisation en France de ces zones est prévue par la loi d'ici à 2025 dans les 43 agglomérations de plus de 150.000 habitants mais elle rencontre un peu partout l'hostilté d'élus et de la population.
La ZFE de Lyon exclut depuis janvier dernier les véhicules des particuliers Crit'Air 5 et non classés, les plus polluants.
La ZFE de Lyon exclut depuis janvier dernier les véhicules des particuliers Crit'Air 5 et non classés, les plus polluants. (Crédits : DR)

De nombreux automobilistes de la métropole lyonnaise vont pouvoir souffler. Ce lundi, la nouvelle mouture de la ZFE lyonnaise va être soumise au vote des élus de la collectivité territoriale et va rester dans le périmètre déjà annoncé (Lyon, Villeurbanne, Caluire-et-Cuire, Bron et Vénissieux, NDLR) auquel s'ajoutent, à partir du 1er janvier 2024, deux voies rapides et deux portions de périphérique.

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Se limitant d'abord aux poids lourds et véhicules utilitaires légers classés Crit'Air 5, 4 et 3 ou non-classés, la ZFE de Lyon exclut depuis janvier dernier les véhicules des particuliers Crit'Air 5 et non classés, les plus polluants. Comme prévu initialement, l'interdiction dans la zone des véhicules particuliers Crit'Air 4 et 3 sera effective au 1er janvier 2024 et 1er janvier 2025. Les Crit'Air 2 y pourront encore rouler jusqu'au 1er janvier 2028 et au-delà, uniquement sur les deux voies rapides et les deux portions de périphérique nouvellement intégrées au ZFE. Elle ne s'étendra donc pas vers les communes de l'est de l'agglomération.

 Sous la pression des élus et de la population

Le 14 février dernier, le président écologiste de la métropole lyonnaise, Bruno Bernard, avait annoncé une remise à plat de ce projet d'extension qui avait provoqué le mécontentement d'une partie des élus et de la population en raison de la rapidité de sa mise en place et certaines de ses restrictions. « On a amendé le projet en tenant compte de l'ensemble des retours qu'on a eus avec la concertation qui a été menée aussi bien avec les acteurs économiques que les particuliers », a indiqué à l'AFP la collectivité territoriale

« Maintenant, c'est à l'Etat de faire ce qu'il a à faire », a-t-on conclu à la Métropole, faisant écho à ce qu'avait estimé Bruno Bernard en février dernier. « Il faut que l'Etat soit en adéquation avec l'obligation qu'il nous a transmise » pour les ZFE, avait-il affirmé à l'AFP. « S'il n'y a pas de communication nationale, on aura beaucoup de mal ». A ce jour, onze métropoles, dont les premières ont été Lyon, Grenoble et Paris, ont leurs ZFE avec des calendriers différents. Une généralisation en France de ces zones est prévue par la loi d'ici à 2025 dans les 43 agglomérations de plus de 150.000 habitants. « On constate qu'aujourd'hui des métropoles particulièrement volontaristes ont fixé des calendriers assez resserrés et sont contraintes de revenir en arrière. Nous ne sommes plus sur un clivage politique », a reconnu Philippe Tabarot, rapporteur LR d'une mission de contrôle au Sénat sur les ZFE.

« Une véritable rupture d'égalité d'accès au centre-ville » (consultation sénatoriale)

Elle est d'autant plus compliquée à mettre en œuvre qu'elle rencontre une forte opposition de la population, qui redoute un creusement des inégalités sociales et territoriales, selon l'étude du Sénat parue le 25 mai. Jamais une consultation sénatoriale auprès des citoyens n'avait recueilli autant d'avis : plus de 51.300 réponses en moins d'un mois. Jamais non plus elle n'aura recueilli autant d'avis négatifs. « Il s'agit d'une mesure technocratique qui de surcroît crée une véritable rupture d'égalité d'accès au centre-ville selon que vous soyez aisé ou non », lit-on parmi les témoignages.

Parmi les enseignements de la consultation, dont les résultats ont été analysés par un spécialiste de la donnée, plus un répondant réside loin du centre d'une agglomération et plus il a tendance à être défavorable à la mise en place d'une ZFE. Le fait de disposer d'une alternative à la voiture a également une influence sur les réponses, seuls 16% des répondants estimant avoir des solutions alternatives suffisantes. Malgré la menace, à terme, d'une amende de 68 euros, 83% des particuliers n'envisagent pas pour autant de changer de véhicule pour fréquenter une ZFE.

Lire aussiPour ou contre : faut-il repousser l'arrivée des ZFE ? (Olivier Blond face à David Belliard)

Dans une proposition de loi pour le « bon développement des ZFE », les députés LFI demandent de suspendre ces zones là où le temps de trajet en transports en commun est supérieur à 1,5 fois le temps de trajet en voiture. Ils suggèrent aussi de redéfinir la vignette Crit'Air pour tenir compte du poids du véhicule, et ainsi pénaliser les véhicules du type SUV notamment. Les élus souhaitent en outre abaisser la TVA sur les billets de train et de transports en commun, développer la filière du « retrofit » (pour remplacer le moteur thermique d'un véhicule par un moteur électrique) et encore augmenter les aides pour les plus précaires.

(Avec AFP)

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Commentaires 5
à écrit le 27/06/2023 à 15:58
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Nul ne signale que l'état n'a rien fait sur le sujet durant plus de dix ans ce qui lui coûte une pénalité de 10 millions d'€ par an. Dans ceux qui n'ont rien fait, il y a le Sénat bien entendu. Belle position de faux clu.

à écrit le 27/06/2023 à 15:57
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Nul ne signale que l'état n'a rien fait sur le sujet durant plus de dix ans ce qui lui coûte une pénalité de 10 millions d'€ par an. Dans ceux qui n'ont rien fait, il y a le Sénat bien entendu. Belle position de faux clu.

à écrit le 26/06/2023 à 15:33
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Un point que je n'ai jamais vu abordé: en plus de l'inégalité d'accès, cela va contraindre nombre de personnes âgées à changer (si elles trouvent les moyens) de véhicule, alors que celui qu'elles ont font très bien leur affaire, car faisant peu de km...

à écrit le 26/06/2023 à 9:58
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La loi sur les ZFE fait partie, avec la loi sur l'obligation du compostage individuel au 1er janvier 2024 et l'interdiction de vendre des véhicules thermiques en 2035, de ces lois idéologiques d'inspiration gauchiste qui nous pourrissent la vie. Il ...

à écrit le 26/06/2023 à 9:04
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"estimant avoir des solutions alternatives suffisantes" c'est pas ça qui manque, on pense restrictions, interdictions et ça doit suffire. Mais quelles sont les extensions ou aménagements (parking avant la ZFE) pour que les transports en communs aille...

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