Le nombre de permis de construire dégringole, les professionnels paniquent

Par Paul Marion  |   |  560  mots
Les permis de construire de maisons individuelles souffrent de l'objectif zéro artificialisation nette. (Crédits : Reuters)
Pour le septième mois consécutif, le nombre de permis de construire délivré chute, de -11,5% sur un an en mars à 441.400. Loin de la cible de 500.000 logements nécessaires pour résoudre la crise du logement.

Le nombre de permis de construire délivrés poursuit sa dégringolade en mars, entrainant des appels des professionnels du logement à l'égard des pouvoirs publics. Selon les chiffres du ministère de la Transition écologique, le nombre d'autorisations de nouveaux logements délivrées recule de 11,5% sur un an à 441.400. La tendance est continue depuis août, mois marquée par 525.300 délivrés, un point haut atteint à cause de dates-butoir réglementaires.

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Du fait - entre autres - du manque d'autorisations, le nombre de chantiers commencés baisse lui aussi de 8,3% sur un an à 359.200. Le secteur du logement souffre également de la flambée des prix des matériaux de construction, mais également de la hausse des taux d'intérêt qui décourage certains acheteurs.

Les professionnels crient à la catastrophe

Les maisons individuelles sont particulièrement concernées par cette dégringolade. De nombreuses demandes sont en suspens sous l'effet de l'objectif dit « zéro artificialisation nette des sols » qui vise à endiguer l'étalement urbain et donc la construction de maisons neuves.

« La catastrophe prévue est arrivée », s'écrie le président de la Fédération française du bâtiment (FFB), Olivier Salleron, auprès de l'AFP. « Si on continue avec les mêmes paramètres, on va vers une catastrophe », déclare jugé Loïc Cantin, président de la Fédération nationale de l'immobilier (Fnaim). « Ce qui démontre l'urgence à réagir, c'est que lorsque la machine s'arrête, il faut du temps avant de réamorcer. Et l'économie de la construction ne se relance pas comme ça ».

Le gouvernement interpellé

«Cela devrait être la grande cause nationale», avait également insisté le président du MEDEF Geoffroy Roux de Bézieux dimanche au micro de RTL, soucieux lui aussi de passer un «cri d'alerte» alors que la France va «au-devant d'une catastrophe» sur le logement. Selon lui, le nombre de logements neufs construits va passer «en dessous de 300.000 en 2024».

Promoteurs et constructeurs en appellent aux pouvoirs publics pour relancer leur activité. En réponse, la Première ministre Elisabeth Borne vient d'annoncer jeudi la prolongation au-delà de 2023 du prêt à taux zéro, qui permet des conditions d'emprunts plus favorables à certains acquéreurs. « On est en train de travailler pour savoir la manière dont il sera maintenu », a confirmé sur BFM Business le ministre délégué à la Ville et au Logement, Olivier Klein, qui souhaite toutefois « verdir » le dispositif.

En attendant le CNR

La Caisse des dépôts et consignations (CDC) pourrait également être sollicitée pour relancer des chantiers à l'arrêt. « Si un projet est complètement bloqué mais qu'il a intérêt à sortir de terre, on va travailler avec la Caisse (...) pour qu'on relance cette activité de construire », a expliqué le ministre.

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Le ministre du logement Olivier Klein doit désormais annoncer les mesures retenues par l'exécutif dans le volet logement du Conseil national de la refondation (CNR). Puis, Emmanuel Macron arbitrera entre les différentes propositions. Nul doute que les professionnels de l'immobilier attendent avec impatience la teneur des propositions CNR, auxquelles ils ont directement contribué.

(Avec AFP)