Santé publique : Notre-Dame de Paris a du plomb dans l'air

Par César Armand  |   |  469  mots
Selon la préfecture de police de Paris, "la présence [de plomb] dans des quantités supérieures aux seuils réglementaires ne peut avoir un impact sur la santé qu'en cas d'ingestions répétées". (Crédits : Benoit Tessier)
L'association Robin des Bois, l'association des familles victimes du saturnisme (AFVS) et l'association Henri Pézerat ont dénoncé, ce 10 mai 2019, une "explosion" des poussières de plomb aux abords de la cathédrale Notre-Dame. Elles accusent les députés, qui votent le projet de loi à l'Assemblée nationale, d'être "complices de la mise en danger de la vie d'autrui".

Entre les peintures, la toiture et la flèche, Notre-Dame de Paris contenait, jusqu'à l'incendie du 15 avril, près de 400 tonnes de plomb, selon l'historienne Judith Rainhorn citée par Libération le 3 mai dernier.

« On peut raisonnablement se demander si le recours massif au plomb pour la couverture ne pose pas de problèmes sanitaires », estime d'ailleurs auprès de La Tribune le président du Conseil national de l'Ordre des architectes, Denis Dessus.

« Pas de risque sanitaire » (préfecture de police)

Dans le même temps, le laboratoire de la préfecture de police de Paris (PP) a procédé à des analyses pour « évaluer les concentrations en plomb dans l'air et dans les poussières déposées », communiquant hier, « qu'il n'y a pas de risque sanitaire lié au plomb en matière de qualité de l'air » et que « la présence dans des quantités supérieures aux seuils réglementaires ne peut avoir un impact sur la santé qu'en cas d'ingestions répétées ».

La PP fait toutefois état de « niveaux d'environ 10 à 20 g/kg de sol [sur le parvis et la voirie, Ndlr] par comparaison à la valeur repère du Haut conseil de santé publique de 0,3 g/kg ». Ces informations n'ont d'ailleurs pas rassuré l'association Robin des Bois, l'association des familles victimes du saturnisme (AFVS) et l'association Henri-Pézerat qui ont demandé ce matin « une cartographie fine et un suivi régulier » des retombées de plomb.

« Une explosion » du seuil de vigilance (Robin des Bois)

« Ce n'est pas un dépassement du seuil de vigilance, c'est une explosion ! Les pouvoirs publics se déchargent de leurs obligations sur les particuliers », a réagi auprès de l'AFP Jacky Bonnemains de l'association Robin des Bois.

La préfecture de police de Paris a en effet invité les riverains à « privilégier l'emploi d'une serpillière humide plutôt qu'un balai ou un aspirateur », à se « laver régulièrement les mains, garder des ongles courts et ne pas se les ronger » et à « laver fréquemment les jouets des enfants ».

Les députés « complices » de la « mise en danger de la vie d'autrui »

« Tout plomb est mauvais et cette pollution mérite toute notre vigilance », a insisté pour sa part la médecin généraliste Mady Denantes, de l'Association des familles victimes du saturnisme (AFVS).

Par ailleurs, le projet de loi "sur la restauration et la conservation de Notre-Dame de Paris et instituant une souscription nationale" doit être adopté ce vendredi par les députés.

« Mathématiquement, [ce texte] va être approuvé par des députés qui, à notre avis, vont se rendre complices d'une mise en danger de la vie d'autrui », a dénoncé Jacky Bonnemains de l'association Robin des Bois qui dit envisager « un moyen de justice pour bloquer cette précipitation ».