Roundup : 10 milliards de dollars pour solder les litiges mais pas de reconnaissance de faute de Bayer

Par AFP  |   |  516  mots
(Crédits : Regis Duvignau)
Aux États-Unis, Bayer accepte de verser au moins 10 milliards de dollars aux plaignants du pesticide Roundup, marque détenue par sa fililale Monsanto, accusée d'avoir causé le cancer. Le groupe agrochimique et pharmaceutique allemand ne reconnait cependant aucune faute.

Le géant allemand de l'agrochimie Bayer a annoncé un accord d'indemnisation, pour un montant d'environ 10 milliards de dollars, dans le cadre du litige l'opposant à des milliers de plaignants aux Etats-Unis sur le Roundup, un pesticide accusé d'être cancérigène. Cet accord sur ce désherbant à base de glyphosate, qui était commercialisé par sa filiale Monsanto, "mettra un terme à environ 75% des litiges" impliquant ce produit, "qui concernent environ 125.000 plaintes au total", a déclaré Bayer mercredi 24 juin dans un communiqué.

C'est une avancée majeure dans les déboires judiciaires du groupe aux Etats-Unis. "Il résout les réclamations actuelles et met un place un mécanisme clair pour gérer les risques de potentiels futurs litiges. Il est financièrement raisonnable par rapport aux risques financiers importants qu'impliquerait un contentieux courant sur plusieurs années", sans parler des dommages sur sa réputation, a déclaré, Werner Baumann, son directeur général, cité dans le communiqué.

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Bayer payera "entre 8,8 milliards et 9,6 milliards de dollars pour résoudre le litige, et 1,25 milliard de dollars (... ) afin de résoudre d'éventuels litiges futurs", est-il précisé dans le document.

Aucune reconnaissance de responsabilité

Le géant allemand précise toutefois que ces accords, ainsi que d'autres de moindre importance financière, "ne contiennent aucune reconnaissance de responsabilité ou de faute".

Cet accord Roundup "intervient au bon moment pour que Bayer mette fin à une longue période d'incertitude", s'est réjoui dans le communiqué Werner Baumann, le jugeant "financièrement raisonnable par rapport aux risques financiers importants qu'impliqueraient un contentieux courant sur plusieurs années".

De plus, Baumann espère qu'il "renverra également les débats sur l'innocuité et l'utilité des herbicides à base de glyphosate dans l'arène réglementaire et dans le cadre de la science".

Cela ne devrait cependant pas éteindre les polémiques concernant le Roundup, classé en 2015 "cancérigène probable" par le Centre international contre le Cancer (Circ), une instance de l'OMS, et le glyphosate. 

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Cet accord fait réagir l'association Attac France qui déclare sur son compte Twitter que "Bayer, qui continue de commercialiser le Round'Up et autres produits à base de glyphosate Monsanto et de nier leur caractère cancérigène, accepte de verser 10 milliards de dollars pour régler des procédures avec 100.000 plaignants américains, tout va bien".

"Précédent formidable pour les autres victimes et tous ceux qui se battent contre le glyphosate et ceux qui l'autorisent", a commenté sur le même réseau l'avocate et ancienne ministre de l'Environnement française Corinne Lepage.

Bayer précise que "les trois affaires qui ont fait l'objet d'un procès se poursuivront par le processus d'appel et ne sont pas couvertes par l'accord transactionnel. Il est important pour Bayer de poursuivre ces affaires, car les appels fourniront des précédents juridiques utiles pour l'avenir".

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