L'Opep "ne peut plus protéger un certain" niveau de prix du pétrole (Emirats arabes unis)

Par latribune.fr  |   |  422  mots
Le cours du Brent a terminé lundi 12 janvier à 47 dollars. Il cotait près de 110 dollars en juin 2014.
Le ministre émirati de l'Energie enjoint les pays non-membres à se coordonner avec la réalité du marché pour enrayer la chute du pétrole. Il estime que compte tenu du développement du pétrole de schiste, désormais, l'Opep est impuissant face à la chute des cours du brut.

La chute du cours du pétrole est-elle encore sous contrôle? D'après le ministre de l'Energie des Emirats Arabes Unis, l'Opep aurait perdu la main.

"On ne peut plus continuer à protéger un certain (niveau des prix)", a déclaré Suhail Mazraoui en parlant de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) dont font partie les Emirats arabes unis. "Nous avons connu une surproduction, venant essentiellement du pétrole de schiste, et cela doit être corrigé", a-t-il poursuivi s'adressant à un forum sur l'industrie pétrolière à Abou Dhabi.

M. Mazraoui a déclaré que son pays était "inquiet" du manque d'équilibre entre l'offre et la demande sur le marché pétrolier mais "ne peut pas en être le seul responsable".

Les pays non-membres pris à partie

Il faisait allusion à l'augmentation de la production des pays pétroliers non membres du cartel. Le ministre émirati a souhaité une rationalisation de la production des pays non membres de l'Opep, en insistant sur le fait que le niveau actuel des prix ne pouvait être maintenu.

"Nous disons au marché et aux autres producteurs d'être rationnels, de suivre l'Opep et d'agir pour une croissance du marché", a-t-il déclaré.

Sans les nommer, le ministre s'adresse aux Etats-Unis qui se sont lancés dans une production massive de pétrole de schiste au point d'inonder de brut un marché dont la demande est peu stimulée.

Il y a un mois, son homologue saoudien, très influent au sein de l'Opep, avait déclaré que le monde ne connaitrait plus de baril à 100 dollars pendant longtemps. Il avait ajouté, sous forme de provocation, que son pays ne toucherait pas à son niveau de production même si le baril de brent descendait à 20 dollars.

Ryad et Abou Dhabi veulent une action collective

Pour les experts, les grands producteurs de pétrole ne veulent plus être les seuls à baisser leur production pour rééquilibrer le prix du marché, tandis que les autres pays profitent de la remontée des prix à production égale.

"L'Arabie Saoudite ne veut pas être le seul pays à couper sa production. En 2008 et 2009, elle avait lancé un mouvement de réduction de la production dans le cadre de l'OPEP, mais elle s'était retrouvée seule à le faire. Pour obliger les autres pays à participer à cet effort de réduction de la production, elle cherche donc à faire peur", expliquait à La Tribune Olivier Jakob, directeur et analyste chez Petromatrix.

Lire aussi: "L'Arabie Saoudite ne veut pas être la seule à baisser sa production comme en 2009", Olivier Jakob