Canicule en France : la consommation d’électricité flambe, les importations s’accélèrent

Par latribune.fr  |   |  641  mots
(Crédits : Reuters)
La vague de chaleur qui frappe l'Hexagone fait grimper la consommation d'électricité à cause d'un « effet ventilateurs et climatisation » d'après RTE. La faible disponibilité du parc nucléaire, amplifié par le pic de chaleur, a eu pour effet d'augmenter l'importation d'électricité. Une situation peu habituelle, car la France est traditionnellement exportatrice nette à ce moment de l'année.

La vague de chaleur qui touche la métropole vient tendre un peu plus la situation énergétique de la France. Alors que la consommation d'électricité dans l'Hexagone croît actuellement en raison des pics de chaleur, le pays doit compter sur les importations à cause de la faible disponibilité de son parc nucléaire, a indiqué jeudi RTE, le gestionnaire du réseau de transport d'électricité, qui s'attendait à un pic de consommation d'électricité à la mi-journée. Or, traditionnellement, à cette époque de l'année, la France est exportatrice nette de courant.

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Actuellement la France traverse une période de fortes températures. Le mercure grimpe un peu partout. Ces derniers jours, vingt-trois départements ont été placés en vigilance orange. Ce jeudi, météo-France prévoyait des pics de 36°C à 39°C en Occitanie, en Nouvelle-Aquitaine et dans la vallée du Rhône. A Toulouse, le thermomètre n'est pas descendu en-dessous des 20°C au cours de la nuit de mercredi à jeudi, et il est très vite remonté. Conséquence, la France consomme davantage d'électricité. C'est l'«effet ventilateurs et climatisation », selon une porte-parole de RTE. Un degré au-dessus des normales de saison se traduit ainsi par une augmentation de la consommation électrique d'environ 700 MW lorsqu'il fait chaud.

Hausse des importations

Jeudi, RTE a ainsi constaté un pic de consommation de 55,5 GW jeudi à 12h45. Par comparaison, le pic du jeudi 9 juin avait été inférieur à 52 GW. Mais ces niveaux restent toutefois bien inférieurs à ceux de l'hiver et sont loin des records ou des pics historiques, même en période estivale. La consommation a déjà été supérieure au mois de juin dans le passé, précise RTE. « Il n'y a pas d'inquiétude sur la sécurité d'approvisionnement » mais « on compte sur les importations », a aussi précisé le gestionnaire du réseau haute tension.

Lors du pic de consommation atteint à la mi-journée, sur 55 gigawatt, RTE a importé 6 gigawatt, a précisé une porte-parole contactée par La Tribune. Alors qu'à 16 heures, RTE importait 3,3 GW.

RTE ne s'attend pas à de nouveau pic de consommation dans les prochains jours et assure que la production française et européenne est «suffisante».

Situation inhabituelle à cette période

Toutefois, cette situation est peu habituelle. Car la France est traditionnellement exportatrice nette à ce moment de l'année. Or, actuellement, la France doit compter sur ses voisins.

«Actuellement c'est plus intéressant économiquement d'importer de l'électricité solaire en provenance d'Espagne par exemple, ou d'Allemagne, explique la porte-parole, que de remettre en activité les réacteurs nucléaires à l'arrêt.»

En effet, en ce moment la France compte 27 réacteurs indisponibles sur un parc de 56. A l'inverse, il y avait jeudi matin 29 réacteurs nucléaires disponibles à la production, a indiqué une porte-parole d'EDF. Cette faible disponibilité du parc nucléaire est liée notamment à des problèmes de corrosion qui affectent une partie du parc nucléaire français. EDF a d'ailleurs été obligé récemment de revoir plusieurs fois à la baisse son objectif de production cette année. En outre, lors des épisodes de canicule estivale, il arrive à EDF de réduire la puissance de ses réacteurs - voire de les arrêter - pour préserver la température des cours d'eau. EDF a ainsi prévenu que la production de son site de Saint-Alban (Isère) pourrait être affectée jusqu'au jeudi 23 juin « en raison des prévisions de faible débit sur le Rhône ».

Toujours est-il que le risque de coupure est très faible, voire inexistant pour cet été , rassure RTE.

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