Climat : les ONG expliquent à Macron comment "passer du discours à la pratique"

Par latribune.fr  |   |  550  mots
Dans le secteur énergétique, les ONG militent notamment pour la fin des permis d'exploitations des hydrocarbures sur tout le territoire français.
En attendant la feuille de route gouvernementale qui devrait être présentée début juillet, les associations présentent leurs propositions. Des précisions sur l'évolution du parc nucléaire et la création de la taxe sur les transactions financières sont jugées indispensables.

Début juin, le président leur a promis une feuille de route gouvernementale qui devrait être présentée le mois prochain. Les ONG engagées dans la lutte contre le changement climatique saisissent la balle au bond et présentent à Emmanuel Macron leurs propositions. Mardi 20 juin, elles ont transmis à l'exécutif un document d'une dizaine de pages, illustrant comment "passer du discours à la pratique".

Elles contiennent "des mesures que la France devrait porter rapidement sur la scène internationale, européenne et nationale", a notamment expliqué lors d'un point de presse de plusieurs ONG la directrice du réseau action climat Morgane Créach, en prévenant que les ONG ne se satisferaient pas "des objectifs généraux déjà connus". Après l'annonce du retrait américain de l'accord de Paris, "il y a eu une volonté exprimée par le président de rehausser l'ambition de la France et d'être un leader sur la scène internationale, alors nous attendons des actes", explique Morgane Créach.

Moins de centrales nucléaires

Parmi les sujets évoqués, réduction des énergies fossiles et nucléaire, développement des renouvelables, transports plus propres, logements moins énergivores, agriculture moins émettrice de gaz à effet de serre, mais aussi fiscalité, soutien aux pays en développement et ambition européenne. Dans le secteur énergétique, les ONG militent notamment pour la fin des permis d'exploitations des hydrocarbures sur tout le territoire français, notamment marin, une promesse faite par Emmanuel Macron pendant sa campagne.

Des précisions sur l'évolution du parc nucléaire sont également jugées indispensables, Emmanuel Macron ayant affirmé vouloir respecter la loi sur la transition énergétique, qui fixe l'objectif de 50% de cette énergie dans la production d'électricité autour de 2025. "Cela passe par moins de centrales", souligne Cyril Cormier de Greenpeace. Un "contrat de transition écologique" pourrait permettre de préparer la reconversion de salariés des centrales nucléaires comme de celles à charbon, considèrent les ONG.

Elles demandent encore un signal fiscal positif: l'évolution du taux de la composante carbone sur l'ensemble du quinquennat, avec un passage à 56 euros en 2020. Et elles exigent que les Etats généraux de l'agriculture et de l'alimentation prennent en compte les problématiques environnementales.

"L'objectif de 27% d'efficacité énergétique doit devenir 30%"

Au niveau européen, un soutien à des objectifs plus ambitieux qu'une réduction de 30% des émissions de gaz à effet de serre d'ici 2030 et de 27% de gains d'efficacité énergétique est espéré. "L'objectif de 27% d'efficacité énergétique doit devenir 30% et être contraignant", avance Benoît Hartmann, du réseau CLER, qui attend aussi "un calendrier et des financements précis" pour rénover les quelques 8 millions de logements extrêmement mal isolés.

La création de la taxe sur les transactions financières est aussi ardemment souhaitée, d'autant qu'Emmanuel Macron s'est dit décidé à faire aboutir dès juillet les discussions à ce sujet entamées depuis six ans. "Les discussions techniques sont terminées, si la France et l'Allemagne poussent dans ce sens, cette taxe peut voir le jour", estime Armelle Le Comte d'Oxfam. "Nous souhaiterions que la France organise un sommet pour décider de l'affectation des recettes de cette taxe", qui dépasseraient les 20 milliards d'euros par an, ajoute-t-elle.