Le coût des déboires du nucléaire s’envole pour EDF : près de 30 milliards d’euros sur l’Ebitda

Par Juliette Raynal  |   |  377  mots
(Crédits : SARAH MEYSSONNIER)
L'électricien réévalue à 29 milliards d'euros l’estimation de l’impact de la baisse de sa production sur l'Ebidta du groupe, contre 24 milliards d'euros précédemment. Le parc nucléaire d'EDF est aujourd'hui très affaibli par un problème de corrosion, qui l'a obligé à mettre à l'arrêt 12 réacteurs. Il se retrouve contraint d'acheter des électrons manquants à prix d'or sur les marchés.

L'année 2022 sera encore plus noire que prévu pour EDF. Pour la énième fois, l'électricien historique réévalue à la hausse l'impact de la baisse de sa production nucléaire sur son bénéfice avant intérêts, impôts, dépréciations et amortissements (Ebidta).

Le groupe tricolore, qui attend la nomination de son nouveau patron, estime désormais que cette baisse de production l'amputera de 29 milliards d'euros sur l'exercice 2022, contre une estimation de 24 milliards en juillet dernier. Depuis fin 2021, EDF a déjà relevé à plusieurs reprises cette estimation. L'avant-dernière était située à 18,5 milliards d'euros. En 2022, sa production nucléaire devrait être proche de 285 TWh, bien loin des 400 TWh dépassés systématiquement entre 2002 et 2015.

Cette nouvelle réévaluation s'explique par la poursuite de la flambée des prix de l'électricité sur les marchés de gros européens, alors que le parc nucléaire de l'électricien est très affaibli par un problème de corrosion sous contrainte, qui se matérialise par des micro-fissures sur des tuyaux en acier connectés au circuit primaire principal. Phénomène qui l'a obligé à mettre à l'arrêt 12 réacteurs, en plus des 17 réacteurs arrêtés pour des opérations de maintenance classiques. Résultat, EDF se voit contraint de racheter des électrons manquants à prix d'or sur les marchés.

EDF précise, par ailleurs, que ses objectifs à fin 2023 feront l'objet d'un réexamen "une fois que seront précisées les modalités de la régulation des prix de l'électricité pour 2023", alors que la cheffe du gouvernement a annoncé hier un plafonnement de la hausse des tarifs réglementés de l'électricité à +15% pour 2023.

Pour 2023, le groupe confirme l'estimation de sa production nucléaire située entre 300 et 330 TWh. Mardi dernier, il a annoncé que cette production se situerait entre 315 et 345 TWh en 2024, soit l'équivalent peu ou prou de la production nucléaire de l'année 2020, qui s'était écroulée en raison de la crise Covid. "Ces chiffres montrent que la crise électrique va durer jusqu'en 2024, au moins, et c'est inquiétant", estime Nicolas Goldberg, expert énergie chez Colombus Consulting.

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